Le foyer de soins de longue durée Bendale Acres fête ses 60 ans

Bendale Acres

Musique, danse et ambiance conviviale au 60e anniversaire du foyer Bendale Acres à Scarborough. Photos: Soufiane Chakkouche, l-express.ca

Invités de marque, groupe de musique, foire d’automne vintage, animaux exotiques, buffets de tout genre… Pour fêter son jubilé de diamant, synonyme de 60 années d’existence, les responsables de Bendale Acres, l’un des 10 foyers de soins de longue durée gérés directement par la ville de Toronto, n’ont pas lésiné sur les moyens. Un anniversaire qui coïncidait avec le jour des Franco-Ontariens, ce 25 septembre.

Situé au 2920 avenue Lawrence Est à Scarborough, le foyer est désigné sous la Loi sur les services en français en raison de son étage francophone, le Pavillon Omer Deslauriers.

soins de longue durée, Bendale Acres, Pavillon Omer Deslauriers, soins de longue durée
La résidence municipale Bendale Acres, au 2920 avenue Lawrence à Scarborough, est la seule de la métropole à offrir un étage francophone de soins de longue durée: le Pavillon Omer Deslauriers. Photo: archives l-express.ca

La journée des Franco-Ontariens vole la vedette

Invitée aux festivités, Natalia Kusendova-Bashta, la ministre des Soins de longue durée dont le français est l’une de ses cinq langues parlées, n’a pas manqué de souligner cette heureuse coïncidence.

«Aujourd’hui, c’est également la Journée franco-ontarienne, c’est pour cela que j’ai choisi de m’habiller en vert et blanc. Alors bonne journée à toutes les Franco-Ontariennes et tous les Franco-Ontariens. Je suis très heureuse de partager ce moment avec vous et célébrer la richesse de la communauté franco-ontarienne», a-t-elle lancé d’emblée à l’assistance.

Bendale Acres
Gina Stringer, administratrice à Bendale Acres; Daniela Sabatini, directrice générale de la division des soins de longue durée de la Ville; Caitlin Demers, directrice des services aux résidents à Bendale Acres; Natalia Kusendova-Bashta, ministre des Soins de longue durée de l’Ontario; Jovita Deguzman, résidente à Bendale Acres; Tom Azouz, directeur adjoint chargé des affaires communautaires de la Ville.

37 lits désignés pour 18 résidents francophones

Au-delà des mots et des symboles, avec une armada d’employés francophones, Bandale Acres offre de véritables services dans les deux langues officielles du pays, comme l’explique à l-express.ca Caitlin Demers, directrice des services aux résidents à Bendale Acres.

«On a environ une trentaine d’employés francophones au foyer pour 18 résidents francophones qui sont ici présentement. On a 37 lits désignés pour les francophones, mais cela ne veut pas dire que les 19 lits restants sont inoccupés, ils sont occupés par des résidents anglophones.»

Bendale Acres
La ministre Natalia Kusendova-Bashta en compagnie de Cynthia Beecher, employée au Bendale Acres avec 44 ans de services au sein de ce foyer.

L’importance d’offrir des services en français pour les aînés

Bendale Acres est le seul foyer municipal de Toronto à gérer un étage francophone. L’importance de tels services se révèle primordiale.

«C’est très important de communiquer avec les francophones en leur langue maternelle. C’est plus facile pour eux et pour nous pour leur offrir les services et les soins adéquats, parce qu’on est un peu comme leur seconde famille ici, au foyer», atteste Caitlin Demers.

Et d’ajouter: «C’est très important également pour les résidents bilingues qui sont atteints de démence, parce que des fois ils oublient l’anglais qu’ils ont appris plus tard dans leur vie, et ne se rappellent que de langue maternelle qui est le français, sachant qu’on a seulement deux résidents qui parlent uniquement français.»

Bendale Acres
Des animaux exotiques au centre Bendale Acres.

12 projets incluant des services en français

Par ailleurs, si le manque de lits désignés sous la Loi sur les services en français n’a toujours pas été comblé dans la province, il semble que le gouvernement y met les bouchées doubles.

«Sur l’enveloppe globale de 155 millions $ qu’on a reçus cette année, il y a une partie qui va être consacrée aux 12 projets capitaux sur lesquels on travaille en ce moment avec le ministère des Affaires francophones», nous livre la ministre en aparté. «De nouveaux bâtiments qui vont offrir des services en français.»

Quant aux interminables listes d’attentes, la ministre nous assure qu’il «existe bel et bien une liste d’attente dédiée aux Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes concernant les lits dans les foyers de soins de longue durée désignés sous la Loi sur les services en français, mais il existe aussi une liste pour les foyers qui ne sont pas désignés, mais qui offres des services en français».

Bendale Acres
Le Pavillon Omer Deslauriers occupe un étage du foyer Bendale Acres.

98% des familles de résidents satisfaits

Enfin, pour rendre à César ce qui appartient à César, il est à noter que, dans leur globalité, les services offerts par Bendale Acres jouissent d’une réputation de qualité.

Pour preuve, selon le rapport du Plan d’amélioration de la qualité publié en mars dernier, 98% des familles des résidents de ce foyer seraient satisfaites des services offerts. Idem pour les résidents qui affichent un taux de satisfaction de 89%.

Reconnaissance des diplômes d’enseignement acquis en France: le programme tombe à l’eau

enseignants, diplômes

L'Ontario aurait besoin de 1000 enseignants francophones de plus. Photo: iStock.com/Wavebreakmedia

Annoncé en grande pompe en octobre 2021 par le consul général de France à Toronto de l’époque, Tudor Alexis, le projet pilote visant à reconnaitre directement des diplômes français relatifs au Master MEEF (Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation) ne fait plus l’actualité.

Qu’en est-il trois ans plus tard, alors que la pénurie d’enseignants francophones dans la province est loin d’être résorbée? Quels sont les autres programmes qui s’y sont substitués? l-express.ca revient à la charge.

«Une avancée majeure entre l’Ontario et la France en faveur du bilinguisme», c’est ce qu’avait tweeté Tudor Alexis à l’époque de l’annonce du programme pilote permettant aux détenteurs d’un master MEEF obtenu dans l’Hexagone de postuler à des postes d’enseignant dans les conseils scolaires francophones et anglophones de l’Ontario, et ce sans passer par la case OEEO (Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario).

Depuis cette annonce, l’eau a coulé sous les ponts, le consul général a changé, et le programme pilote semble avoir été jeté aux oubliettes!

diplômes France-Ontario
Le tweet du consul général de France en 2021,

Pas de chiffres précis

«Depuis 2021, le programme pilote visant la reconnaissance du Master MEEF par l’Ontario a permis à un nombre limité d’enseignants français de s’insérer dans le système éducatif ontarien», reconnaît l’actuel consul général de France à Toronto, Bertrand Pous, en poste depuis un an.

«Il convient de préciser que ce dispositif n’est pas un mécanisme de coopération bilatérale qui serait copiloté par les autorités françaises et ontariennes, raison pour laquelle il nous est difficile de donner des chiffres précis».

Et d’ajouter: «Nous comprenons que la procédure de certification par l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario, même après la reconnaissance du MEEF, continue de se heurter à certaines contraintes administratives.»

Même son de cloche du côté de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO). «L’AEFO n’est pas au fait de ce qui est advenu du programme auquel vous faites référence, car nous n’avons jamais été impliqués dans sa conception et sa mise en œuvre», fait savoir la communication du syndicat, justifiant ainsi le refus de la nouvelle présidente à répondre à nos questions.

diplômes France-Ontario
Bertrand Pous, consul général de France à Toronto. Photo: courtoisie

Penser stratégie globale

Sollicitée à ce sujet, la ministre de l’Éducation de l’Ontario, Jill Dunlop, ne donne pas de chiffres précis spécifiques à ce programme non plus, préférant l’inclure dans une stratégie plus globale.

«L’Ontario s’engage à protéger et à préserver l’enseignement en français dispensé par des enseignants qualifiés dans nos classes. C’est pourquoi, en 2021, l’Ontario a lancé une stratégie de recrutement et de rétention des enseignants de français dotée de 12,5 millions $», écrit-elle à l-express.ca.

Et de compléter: «La Stratégie de recrutement et de rétention des enseignants de français s’est avérée fructueuse jusqu’à présent. Nous avons constaté une augmentation significative du nombre de candidats de langue française inscrits sur notre portail de recrutement, ainsi qu’une augmentation des enseignants de langue française formés à l’international nouvellement certifiés par l’OEEO et 95 enseignants supplémentaires embauchés par les conseils scolaires de langue française depuis janvier 2023.»

Jill Dunlop
Jill Dunlop, ministre de l’Éducation de l’Ontario. Photo: courtoisie

Finalement, le projet a été abandonné

Les langues semblent donc très difficiles à délier à ce sujet. Cependant, à force de persister, cela a fini par payer.

«Le projet en question n’est plus actif. Malheureusement, il a eu très peu d’impact sur le système francophone», révèle Stéphanie Sampson, présidente de l’Association des directions et directions adjointes des écoles franco-ontariennes (ADFO).

Un programme parmi d’autres

Par ailleurs, si le consul général de France n’est pas en mesure de fournir un suivi précis de ce programme pilote, il paraît en préférer un autre.

France-Ontario
Stéphanie Sampson. Photo: courtoisie

«Ce programme pilote est un levier parmi d’autres. Nous souhaitons pour notre part mettre en avant le programme d’échange d’assistants de langue qui relève d’une vraie logique de coopération bilatérale», fait valoir le diplomate.

Il rappelle que «le programme d’échange permet à des étudiants français (souvent issus de facultés d’éducation ou de didactique des langues) de venir soutenir l’enseignement du et en français au Canada. En contrepartie des jeunes diplômés canadiens se rendent en France pour une période de sept mois pour être assistant de langue anglaise dans les écoles françaises.»

Toutefois, selon le représentant de la France en Ontario, «ce dispositif, qui connaît un grand succès avec de nombreux partenaires, reste insuffisamment mis à profit en Ontario, avec seulement deux assistants recrutés en 2024 par l’Ottawa Carleton District School Board».

L’Ordre réduit le délai de traitement à 60 jours

L’OEEO est donc toujours de la partie s’agissant du recrutement d’enseignants francophones formés à l’étranger.

diplômes France-Ontario
Gabrielle Barkany. Photo: courtoisie

«Le nombre d’enseignants formés à l’étranger et certifiés par l’Ordre a plus que doublé depuis 2022. Un grand nombre de ces enseignantes et enseignants postulent avec des qualifications en français», avance Gabrielle Barkany, agente de communications principale de l’OEEO.

«Nous avons mis à jour nos processus de demande d’inscription afin de fournir une décision de certification aux enseignants formés à l’étranger dans un délai de 60 jours ouvrables, ce qui représente une diminution significative par rapport au délai de décision précédent de 120 jours.»

Un manque de plus de 1000 enseignants par an

De plus, Gabrielle Barkany affirme que l’Ordre certifie «les enseignantes et les enseignants qui déposent une demande en vertu de la Loi sur la mobilité de la main-d’œuvre de l’Ontario dans un délai de 30 jours ouvrables».

Reste à savoir si ces mesures sont suffisantes, d’autant plus que selon une déclaration récente de la présidente sortante de l’AEFO, Anne Vinet-Roy, ce sont quelques 1050 enseignants en langue française qui devraient être formés chaque année, et ce pour les quatre prochaines années afin de pallier en partie cette pénurie.

L’UOF lance son premier catalogue de formation continue

formation continue, UOF

Les prochains webinaires gratuits de l'UOF. Photos: UOF

L’Université de l’Ontario français (UOF), à Toronto, marque cette rentrée avec le lancement de son programme de formation continue – appelée également formation pour adultes ou formation sur mesure – dédié aux professionnels bilingues ou francophones désireux d’améliorer leurs compétences ou changer de carrière.

Ce ne sont pas moins de 30 formations, 6 webinaires et 32 certifications numériques que propose l’UOF cette année dans son premier catalogue semestriel de formation continue.

«Cela fait une année et demie qu’on prépare ce programme, car il fallait concevoir les contenus, trouver les bons formateurs et avoir la bonne plateforme. Mais on est content du rendu, même si ce n’est qu’un début qui est certainement appelé à s’améliorer», relativise Danielle Vadius, directrice de la formation sur mesure et du développement des affaires.

formation continue, UOF
Danielle Vadius.

Identification des besoins

Toutefois, avant de jeter son dévolu sur les matières proposées dans ce catalogue, l’UOF a lancé en 2023 un appel d’offres relatif à une étude de marché. Selon les informations de l-express.ca, cet appel d’offres a été remporté par la Fédération des gens d’affaires francophone de l’Ontario (FGA).

«On a commencé par faire une étude de marché en questionnant, entre autres, différentes entreprises et organisations en Ontario pour voir quels sont leurs besoins. Cette étude nous a permis de qualifier les contenus. Cela dit, on a bonifié cela en ajoutant des petites formations complémentaires et plus génériques», explique Danielle Vadius.

formation continue, UOF
Quelques-uns des cours offerts aux professionnels (et à tous les intéressés) par le programme de formation continue de l’UOF.

Profils hétérogènes

S’agissant du profil des candidats, il est aussi général que varié à en croire la directrice. À y regarder de plus près, à l’instar de l’atelier des Assises de la gouvernance ou celui de la Cyberdéfense pour l’administration de société en Ontario ou encore celui de la Gestion du risque réputationnel sur les médias sociaux, plusieurs formations pourraient intéresser les administrateurs et/ou les dirigeants de sociétés.

D’autres formations comme celle Diversité équité inclusion: gestion des ressources humaines de personnes de cultures différentes sont plutôt dédiées aux gestionnaires, aux chefs de projets et aux responsables des ressources humaines.

«Les profils sont divers, cela peut aller de l’étudiant qui veut être à l’aise à l’oral et qui pense à juste titre que cela pourrait être utile pour sa carrière, à la personne qui est en reconversion et qui se dit que c’est bien pour pouvoir défendre ce changement, en passant par la personne qui se dit qu’elle n’arrive pas à défendre ses idées en famille ou lors d’une réunion de copropriété», développe Tania Ros, co-présidente de la firme Tanloria Consulting et co-formatrice de la série d’ateliers relative à la prise de parole en public.

Tanloria Consulting
Tania Ros et Anne-Laure Bouet, co-présidentes de la firme Tanloria Consulting.

Prise de parole en public, pilier du catalogue

L’une des pierres angulaires du catalogue de ce semestre est axée sur la prise de parole en public, une discipline essentielle qu’il convient de maîtriser, comme l’explique Anne-Laure Bouet, co-présidente de Tanloria et co-formatrice de la série d’ateliers relative à la prise de parole en public.

«La formation qu’on va dispenser a été faite sur mesure. C’est un vrai mixte entre la théorie de la prise de parole avec, par exemple, les grands orateurs grecs, mais aussi avec des exercices pratiques pour s’entrainer, car on ne sort de sa coquille que par la pratique. On pense que c’est une compétence clé pour pouvoir progresser personnellement et professionnellement.»

Et son acolyte, Tania Ros, de compléter: «Il y a une idée reçue qui veut que la bonne prise de parole soit innée – soit on l’a, soit on ne l’a pas. Cette formation est là pour changer cette mentalité dans la mesure où elle va permettre d’acquérir de la confiance en soi.»

formation continue, UOF
La première cohorte de formateurs de l’UOF.

Pour toutes les bourses

Quant à la «douloureuse», la facture peut osciller entre 45$ et 960$ selon la formation choisie et le nombre d’heures dispensées. Ces dernières peuvent varier entre une et 16 heures par formation.

En revanche, si les formations proprement dites sont payantes, la série des webinaires, elle, est à l’œil. La prochaine série de webinaires gratuits débutera le 10 septembre avec un webinaire intitulé «Parler en public c’est pas si compliqué».

Les rats prennent d’assaut Toronto: un plan d’urgence demandé

rats avenue Grange

L'avenue Grange, non loin du Musée des beaux-arts de l'Ontario à Toronto, est infestée de rats, comme plusieurs autres endroits de la métropole. Photos et vidéos: Nathalie Prézeau, l-express.ca

Comme toute grande métropole, Toronto abrite des rats dans ses entrailles. Toutefois, la population des rongeurs n’y cesse d’augmenter et devient de plus en plus visible. Le phénomène est tel qu’on parle d’invasion dans certains quartiers, ce qui a poussé des élus à demander un plan d’action d’urgence. Ça sera chose faite, mais dans un an.

Un vieil adage français dit: «Il est plus difficile de se débarrasser des rats que de les attirer.» Malheureusement, cette maxime populaire s’applique à merveille à Toronto en ce moment.

Et pour cause, selon de nombreux témoignages oculaires, plusieurs quartiers connaissent une véritable invasion de rats.

«Il y a des rats même dans les bâtiments de l’Hôtel de Ville. Il faut faire quelque chose avant que cela ne se transforme en crise de santé publique, sans parler de l’impact sur la santé mentale dont peuvent être victimes les citoyens confrontés à ce problème», déplore la conseillère municipale Alejandra Bravo.

Comité consultatif francophone de la Ville de Toronto
La conseillère municipale Alejandra Bravo est notamment présidente du Comité consultatif francophone de la Ville de Toronto. Photo: l-express.ca

Pas de données

Ce n’est pas la peine de tenter de quantifier le problème si ce n’est par l’observation à l’œil nu, car les données en sont tout simplement inexistantes.

rats
Elise von Scheel. Photo: courtoisie

«La Ville de Toronto ne suit pas la population totale de rats», affirme la porte-parole de la Ville, Elise von Scheel.

Et Alejandra Bravo de confirmer: «Il n’y a pas au sein de la Ville une entité dédiée pour comprendre et chiffrer la population des rats à Toronto. C’est une question qu’on doit se poser pour identifier le problème et comprendre son ampleur afin de prendre les mesures nécessaires.»

Le nombre des plaintes monte en flèche

Cependant, à défaut de chiffres, le nombre de plaintes des résidents liées aux rongeurs peut constituer un bon indicateur.

En effet, en 2023, la municipalité a reçu quelque 1 600 plaintes concernant les rats, contre 940 en 2019, soit une augmentation de plus de 70%.

Et la situation ne risque pas de s’arranger si rien n’y est fait. Pour preuve, entre janvier et juin de cette année, la municipalité a d’ores et déjà reçu 780 appels.

Pas de stratégie non plus

Malgré le contexte, et hormis les actions sporadiques consistant à faire appel à des dératiseurs privés ou à des compagnes d’information et de sensibilisation (la dernière date de 2022), la Ville n’a toujours pas de stratégie pour remédier à ce fléau à queue. Et puis, comment établir une stratégie sans avoir cerné le phénomène avec des données?

«À date d’aujourd’hui, il n’y a pas une vraie stratégie ou d’efforts communs et coordonnés pour limiter la population des rats», constate amèrement Alejandra Bravo.

Impact sur le tourisme

Au-delà de l’évidence concernant les conséquences matérielle, sanitaire et mentale que cette prolifération peut causer aux Torontois, il est indéniable que la réputation de la ville reine en pâtit, tout en sachant que le secteur touristique y peine toujours à retrouver sa vigueur d’avant la pandémie.

À titre d’exemple, L’Express s’est rendu à l’avenue Grange et le parc éponyme limitrophe à l’AGO (Musée des beaux-arts de l’Ontario) et a constaté de visu l’étendue du phénomène. Tout le quartier est infesté de rats, grouillant sur les trottoirs, passant d’une cour de maison à une autre, d’une benne à ordure à une autre, et ce avec une effronterie déconcertante.

«Les rats visibles donnent une mauvaise réputation à Toronto et forcément un mauvais retour d’expérience des touristes. Ce n’est pas une façon d’accueillir ces derniers», regrette la conseillère.

Les chantiers de construction mis en cause

L’un des facteurs responsables de la situation est l’accroissement des chantiers de construction dans la ville.

«Le bruit et les vibrations causés par les constructions peuvent également perturber les habitats des rongeurs et déplacer leurs populations», explique Elise von Scheel, avant de rappeler la responsabilité de qui de droit. «Lors des travaux, les entrepreneurs doivent respecter la Loi sur la santé et la sécurité au travail de l’Ontario et prendre des mesures pour protéger les travailleurs et le public contre tout danger réel ou potentiel, y compris les risques biologiques que la présence de rongeurs pourrait créer.»

rats avenue Grange
Avenue Grange, des gens laissent leurs poubelles devant leur maison en permanence.

Une motion déposée

Face à ce qui ne peut plus être dissimulé, et suite aux plaintes redondantes des habitants de leurs circonscriptions respectives, la conseillère Bravo et la maire adjointe Amber Morley ont déposé, le 2 juillet dernier, une motion auprès du Comité des infrastructures et de l’environnement.

Le document exhorte le conseil municipal à établir en urgence un plan d’action interdivisionnaire pour limiter la casse et se doter d’une stratégie pérenne en matière de lutte contre les rongeurs.

La lettre recommande également de consulter et de s’inspirer des approches d’autres villes nord-américaines en avance dans ce domaine.

rats
Art de rue à Toronto.

Aussitôt déposée, aussitôt approuvée

22 jours plus tard, la motion est approuvée, et ce sans débats ni amendements, c’est dire l’urgence de la situation.

«Le 24 juillet dernier, le Conseil municipal a demandé au personnel de présenter un plan d’action interdépartemental pour la réduction des rats à Toronto, y compris des stratégies pour traiter les facteurs environnementaux contributifs et les impacts sur les quartiers locaux avec une approche de gestion intégrée des parasites», précise la porte-parole de la Ville.

Toutefois, à cause de la multitude des intervenants concernés, le plan ne verra pas le jour avant le troisième trimestre 2025. D’ici là, les Torontois n’ont qu’à prendre leur «mal» en patience.

Le «CLIN» d’œil du Salon du livre de Toronto à ses auteurs

Salon du livre, club de lecture

Le Salon du livre de Toronto crée un «Club de lecture inclusive». On veut lire et commenter au moins huit oeuvres franco-ontariennes par an. Photo: iStock.com/Dmytro Skrypnykov

À nouvelle direction, nouveaux projets. En effet, à peine nommée en juin directrice générale du Salon du livre de Toronto, Eunice Boué s’active à la tâche avec un nouveau projet ambitieux, le Club de lecture inclusive (CLIN). Voici les détails.

S’inscrivant dans le cadre de la volonté de la nouvelle direction consistant à augmenter la visibilité du Salon durant toute l’année, et ce avec des actions concrètes, le Club de lecture inclusive débutera officiellement le 15 septembre avec une première réunion de ses membres.

Au moins huit auteurs par année

«Comme son nom l’indique, le CLIN se veut d’abord inclusif, dans la mesure où il ambitionne d’inclure tout le monde pour promouvoir ensemble la littérature francophone en Ontario, principalement», explique Eunice Boué.

En pratique, un livre d’un auteur franco-ontarien en priorité sera choisi chaque mois. Suite à quoi, les membres du Club seront invités à l’acheter auprès de sa maison d’édition. Ces derniers auront un mois pour le lire avant de choisir un lieu communautaire pour se réunir et en discuter en présence de son auteur lorsque cela est possible.

Le Club se donne l’objectif de faire découvrir chaque année au moins huit auteurs franco-ontariens à la communauté.

Salon du livre, club de lecture
Eunice Boué, directrice générale du Salon du livre de Toronto, au récent Forum des ambassadeurs de la francophonie des Amériques. Photo: courtoisie

«Bonne nouvelle» pour les éditeurs et les auteurs

«C’est une excellente nouvelle, et ça ne peut qu’engendrer des retombées positives pour les auteurs et les éditeurs concernés. De toute évidence, chaque « titre du mois » bénéficiera d’une belle visibilité et de la vente d’un certain nombre d’exemplaires», se réjouit Frédéric Brisson, directeur général des Éditions David.

Salon du livre, club de lecture
Frédéric Brisson. Photo: Yzabel Barsive

Et d’ajouter: «Mais je pense que les impacts les plus importants peuvent se faire sentir dans la durée, au fil du temps, grâce à tous les échanges que cela suscitera sur la littérature franco-ontarienne.»

L’auteur torontois Gabriel Osson abonde dans le même sens: «Cette initiative du Salon est une excellente nouvelle pour les auteurs franco-ontariens. Ce club a le potentiel d’assurer une plus grande visibilité pour ces auteurs au sein de la communauté francophone et au-delà.»

Et de poursuivre: «L’impact de cette initiative, très prometteuse, pourrait également être mesuré en termes de développement de la communauté littéraire franco-ontarienne tant en termes de visibilité que de développement culturel. En créant un espace pour des discussions ouvertes et inclusives, cela peut renforcer les liens entre auteurs, lecteurs et autres acteurs du milieu littéraire.»

Sous le signe de la proximité

Par ailleurs, s’agissant des réunions mensuelles du CLIN, ne parlez surtout pas à Eunice Boué de rencontres virtuelles, car c’est le CLIN qui vient à vous, contrairement à d’autres clubs francophones existants.

«L’un des objectifs de ce club est d’être présent dans la communauté, ce qui veut dire qu’il ne s’agit pas là d’un club où on se connecte à l’écran pour dire que j’ai lu ceci ou cela… Le CLIN va se dérouler chaque mois en présentiel. Par exemple, on pourrait aller voir le Centre d’accueil Héritage et leur proposer de rassembler nos aînés à une date précise parce que le CLIN a choisi ce lieu pour sa session mensuelle.»

Salon du livre de Toronto
Le Salon du livre de Toronto, à la fois festival d’auteurs et foire d’éditeurs, a lieu au printemps à l’Université de l’Ontario français. Photo: archives l-express.ca

Mettre les auteurs franco-ontariens en valeur

L’autre objectif de ce club réside dans la mise en lumière des auteurs franco-ontariens, bien souvent méconnus de leur public.

«Vous êtes vous-même auteur, j’ai parlé de vous à deux Franco-Ontariennes ce matin même, et elles ne vous connaissent pas, et ça, ça me rend triste, car combien êtes vous à écrire et à promouvoir la littérature franco-ontarienne, pourtant les Ontariens ne vous connaissent pas. Le CLIN sera une façon de réparer cette injustice en mettant en valeur nos auteurs», souligne Eunice Boué.

Salon du livre, club de lecture
L’affiche du Club de lecture inclusif.

Les auteurs en ont bien besoin

Si l’initiative semble accueillie à bras ouverts par les éditeurs, elle l’est encore plus par les auteurs. Et pour cause, vivre de sa plume pour un auteur franco-ontarien relève du parcours du combattant, voire du parcours impossible.

Salon du livre, club de lecture
Gabriel Osson. Photo: courtoisie

«Très peu, sinon aucun auteur franco-ontarien, à ma connaissance, ne parvient à vivre seulement de son art. Cela reste extrêmement difficile et exige souvent de combiner plusieurs sources de revenus et de soutien comme un travail à plein temps, des ateliers d’écriture, des conférences, des résidences d’auteur, ou encore des collaborations avec des institutions éducatives et culturelles», avoue Gabriel Osson.

Il est donc indéniable que, mené à bout, ce projet sera gagnant-gagnant pour les auteurs et le Salon qui cherche à pérenniser sa présence dans les esprits. D’ailleurs, dans ce même registre, selon nos indiscrétions, le Salon du livre de Toronto cherche actuellement des partenaires pour un projet de podcasts littéraires bimensuels. Affaire à suivre…

Coup de projecteur sur la communauté mauricienne de Toronto

Mauriciens

En juillet, la Canadian Mauritian Business Professional Association organisait un Apéro-Découverte à l'Université de l'Ontario français. Photo: UOF

Employés de banques, marketeurs, ingénieurs, pharmaciens, chefs cuisiniers, mécaniciens, étudiants… la communauté mauricienne est de plus en plus grandissante à Toronto et présente dans différents secteurs d’activités. Et pourtant, elle semble discrète et/ou sous-représentée. Il n’en est rien!

Ils seraient entre 30 000 et 35 000 Mauriciens à vivre au Canada, dont 10 000 à 12 000 rien qu’à Toronto.

Mauriciens
Tommy Chung.

Si les chiffres officiels et associatifs diffèrent quelque peu, la tendance à la hausse, elle, fait l’unanimité, faisant du Canada le quatrième pays au monde à abriter la plus grande diaspora mauricienne, après la Grande-Bretagne, la France et l’Australie.

«Il y a une assez grande communauté mauricienne à Toronto, bien que je ne sache dire exactement combien de personnes y vivent. J’ai l’occasion de rencontrer de nombreux amis mauriciens chaque semaine», souligne Tommy Chung, pharmacien à la retraite et membre actif de la MCAO (Mauritian Chinese Association of Ontario).

Maurice, Mauriciens
L’Île Maurice est située dans l’océan Indien, non loin de la Réunion et de Madagascar. Carte: Google

Un peu d’histoire

Dans les grandes lignes, on observe trois vagues d’immigration de la communauté mauricienne à Toronto. La première se situe autour de l’indépendance de l’île Maurice dans les années 60. La seconde emboîte le pas à la crise économique qu’a connu l’Île dans les années 80. Quant à la troisième, c’est celle des années 2000 à aujourd’hui.

«Il y a eu une évolution de l’immigrant mauricien au Canada depuis les années 80. Aujourd’hui, on a une communauté mixte, avec beaucoup de professionnels, de travailleurs et d’étudiants. Il y a aussi un nombre croissant d’entrepreneurs mauriciens qui viennent tenter leur chance à Toronto», observe Yuri Curumthaully, président fondateur de l’Association canado-mauricienne des professionnels et des entreprises (CMBPA), et résident à Toronto depuis 15 ans.

Mauriciens
Yuri Curumthaully. Photo: courtoisie

Pas de quartier général

Toutefois, la communauté mauricienne semble assez discrète dans la ville reine. Cela s’explique, entre autres, par le fait qu’elle ne dispose pas d’un quartier dédié (qu’on aurait pu appeler Little Maurice), comme cela est généralement le cas dans les grandes villes en Amérique du Nord.

«C’est vrai qu’on a l’impression que la communauté est discrète à Toronto. C’est en partie parce qu’on est éparpillé géographiquement dans la ville. Certes, on fête l’indépendance et nous participons à des événements culturels, mais on n’a pas, par exemple, comme les autres communautés, un quartier ou un bâtiment spécifique. C’est pour ça que l’un des projets majeurs de notre association et d’arriver à en avoir un», révèle Yuri Curumthaully.

Mauriciens
Le logo de la CMBPA.

Intégration et non discrétion

Cependant, au-delà du caractère d’occupation du sol, beaucoup de témoignages s’accordent pour dire que ce qui peut être considéré comme de la discrétion n’est autre qu’une intégration fluide à la société torontoise.

Mauriciens, Zaahirah Atchia
La plus connue des Mauriciennes dans la francophonie torontoise est sans doute Zaahirah Atchia, directrice générale de Radio-Canada Ontario. Photo: UOF

«Je ne dirais pas que les Mauriciens sont discrets. Ils se sont bien intégrés et assimilés à la population générale ici. Ils sont en général très sociables et lorsqu’ils se retrouvent en communauté, ils ont souvent beaucoup de choses à dire ou à partager les uns avec les autres», corrige Tommy Chung.

Et d’ajouter: «En général, la communauté mauricienne s’est très bien intégrée à Toronto. Comme la plupart d’entre nous sont parfaitement bilingues en anglais et en français, il n’y a pas vraiment de barrière linguistique avec les habitants. La plupart d’entre nous sont travailleurs et essayent de tirer le meilleur parti des opportunités qui nous sont offertes ici.»

Mauriciens
Un pique-nique de la MCAO, les Mauriciens d’ascendance chinoise, dans un parc de Toronto. Photo: MCAO

Un atout nommé bilinguisme

C’est justement ce bilinguisme qui constitue la clé pour cette intégration réussie, surtout s’agissant du marché du travail. En effet, en immigrant à Toronto, les Mauriciens apportent avec eux un bagage linguistique des plus riches, composé bien souvent de trois langues: le français, l’anglais et le créole.

Ce que confirme Yuri Curumthaully. «Le système éducatif à l’île Maurice est majoritairement en anglais, mais la langue française, avec le créole, est parlée couramment, que ça soit à la maison ou à la maison. Toronto représente une opportunité pour nous dans la mesure où on parle et on écrit l’anglais. On est ce qu’on appelle des bilingues qualifiés.»

Et ce n’est pas Élodie Casse, une jeune immigrante mauricienne débarquée il y a moins d’un an à Toronto qui dira le contraire. «Je suis arrivée en tant que résidente permanente, avec un visa d’Entrée express. Ce programme favorise l’arrivée de francophones bilingues qualifiés sur le territoire. J’ai postulé dans plusieurs villes, notamment Vancouver, Ottawa et Toronto, avant de décrocher un emploi permanent et à temps plein à Mississauga, en décembre dernier.»

Mauriciens
Élodie Casse.

Nouveaux arrivants, mêmes obstacles

Ceci écrit, bien que dotés de cet avantage linguistique de taille, une fois le sol canadien foulé, les nouveaux arrivants mauriciens, comme Élodie, font face aux mêmes problèmes que ceux rencontrés par les membres des autres communautés fraîchement arrivés. À leur tête, la fameuse expérience canadienne.

«Se faire sélectionner parmi des centaines de CV, c’est un peu comme jouer à la loterie. Et, bien qu’on remplisse les prérequis, sans expérience locale et réseau professionnel, les chances de décrocher ne serait-ce qu’un entretien s’amenuisent drastiquement», s’indigne Élodie Casse.

Encore une fois, l’exigence de l’expérience canadienne tant décriée par les nouveaux arrivants de toutes les communautés constitue un frein en flagrante contradiction avec les stratégies et les objectifs fédéraux et provinciaux en matière d’immigration.

Formation à l’engagement au Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques

Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques

Eunice Boué, Sandhya Mylabathula et Geneviève Stacey, les participantes de Toronto au Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques, avec le PDG du CFA, Sylvain Lavoie. Photos: courtoisie

Et de sept pour le Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques. S’étalant du 9 au 15 août, l’événement invite de jeunes francophones de 19 à 35 ans résidants dans les Amériques et triés sur le volet, celui de l’engagement pour la francophonie, à profiter d’une formation et d’une expérience unique en son genre, à en croire les trois participantes torontoises.

Sélectionnés parmi 600 candidatures, ils étaient pas moins de 50 participants issus de 22 nationalités différentes à prendre part à la 7e édition du Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques, qui s’est déroulé à Halifax et à Pointe-de-l’Église, en Nouvelle-Écosse, au même moment que le Congrès mondial acadien.

Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques
Les participants au Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques.

Nombre record de candidatures

«Les candidatures sont évaluées par un comité d’évaluation formé de partenaires provenant de différents secteurs et régions des Amériques. Le choix est basé sur l’engagement, la motivation de la ou du candidat, la représentation géographique et sur ce que la formation pouvait ajouter à leur engagement déjà existant», explique Sylvain Lavoie, président-directeur général du Centre de la francophonie des Amériques, basé à Québec.

Ce dernier affirme également que l’événement est de plus en plus attrayant à mesure que les éditions défilent.

«Nous sentons un engouement croissant au fil des ans pour le Centre et ce programme. Le nombre de candidatures est constamment à la hausse pour atteindre un record cette année», se réjouit-il.

Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques
Une activité du Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques.

Sous le signe de la diversité

Côté torontois, c’est de participantes dont il faut parler. En effet, trois jeunes femmes ont été retenues en provenance de la ville reine. Il s’agit d’Eunice Boué, entrepreuneure et fraîchement nommée directrice générale du Salon du livre de Toronto, de Sandhya Mylabathula, vice-présidente du Canadian Youth for French (Ontario) et de Geneviève Stacey, étudiante au Collège universitaire Glendon et artiste indépendante.

«Avec toutes ces nationalités, ce forum est véritablement le symbole de la diversité et de l’inclusion. Plus que ça, je qualifierais cette expérience de transformative», témoigne la première.

Et la seconde d’ajouter: «La diversité ici est vraiment incroyable. Cela veut dire que je peux apprendre des autres et leur partager mon expérience aussi. Cette formation nous donne des outils pour faire rayonner la francophonie dans sa diversité. C’est sûr qu’elle va m’être très utile dans mon engagement pour la francophonie, mais aussi pour ma vie quotidienne.»

La French Connection

Autre aspect du forum qui fait l’unanimité chez les trois participantes c’est son pan relationnel pouvant mener à des collaborations à l’avenir.

«Les jeunes qui participent à ce forum sont vraiment engagés dans leurs régions respectives, ce qui fait que les rencontres qu’ils font peuvent également aboutir à des initiatives concrètes. J’ai vu beaucoup de gens parler de projets qu’ils pourront faire ensemble prochainement», rapporte Geneviève Stacey.

Forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie des Amériques
Eunice Boué, Sandhya Mylabathula et Geneviève Stacey.

La formation n’est pas en reste

Sur le fond, cette formation accélérée a été axée sur le leadership, l’engagement et l’identité francophone, avec des intervenants de premier ordre.

«Hormis les ateliers et les panels, chaque après-midi on avait eu droit à une ou deux conférences avec pour conférenciers des chercheurs et des universitaires, de Harvard notamment. C’est sûr qu’on a eu droit à la crème pour cette immersion», observe Eunice Boué.

Et Geneviève Stacey de renchérir: «Les intervenants étaient de qualité et œuvrent dans des domaines qui font l’actualité. J’ai beaucoup apprécié ce côté, parce que ces outils sont importants pour connaître la réalité de la francophonie des Amériques.»

Et, pour littéralement couronner le tout, les participants ont eu droit à la fin de la formation à une cérémonie solennelle qui les a vus se faire décerner le titre honorifique d’Ambassadeurs de la francophonie, rejoignant ainsi les 300 ambassadeurs œuvrant sur le continent. Chapeau bien bas, Mesdames les Ambassadrices!

Immersion dans les eaux des plages de Toronto

plages

Jérôme Marty, directeur de l'Association internationale de recherche sur les Grands Lacs. Photo: Stephany Hildebrand

Alors que les vacances de l’été battent leur plein, les Torontois et les touristes se ruent par grappes sur les plages de la métropole. Toutefois, la qualité de ces eaux peut différer considérablement d’une plage à l’autre, ce qui pousse la Ville à surveiller de près les abords du lac Ontario.    

Selon le programme international Pavillon bleu, Toronto abrite quelques-unes des plus belles plages au pays.   

Toutefois, celles-ci n’ont pas toutes reçu l’étiquette Drapeau bleu attribuée par l’organisme Swim, Drink, Fish.

plages
Une des plages des îles de Toronto. Photo: l-express.ca

Huit plages sur dix

Sur les dix plages surveillées que compte la ville reine, seulement huit ont obtenu cet étendard, gage d’une eau et d’un environnement propice à la baignade.

Les mauvaises élèves cet été sont Sunnyside Beach et Marie Curtis Park East Beach.

Si l’organisme Swim, Drink, Fish prend 33 critères en compte pour attribuer cette étiquette, l’un des plus importants est la qualité de l’eau. Or, lorsqu’on évoque l’évaluation de l’eau de surface, on parle forcément de la variable bactérienne.

plages
Sept plages baignables et trois plages déconseillées le 6 août. Source: Ville de Toronto

Le principal suspect

«Étant donné que les plages sont des zones récréatives, les variables qu’on suit sont principalement liées aux bactéries présentes dans l’eau, plus particulièrement les bactéries Escherichia coli», explique Jérôme Marty, directeur de l’Association internationale de recherche sur les Grands Lacs.

Provenant de la matière fécale humaine et animale, les bactéries Escherichia coli (E.coli pour les intimes) sont assez populaires en ce moment du fait des Jeux olympiques de Paris. C’est à cause d’elles que l’organisation a retardé certaines épreuves aquatiques, avec les polémiques qui s’en sont suivies.

La norme la plus rigoureuse au monde

De leur côté, les autorités sanitaires de Toronto veillent au grain. En effet, de juin à septembre, la division des parcs, de la foresterie et des loisirs de Toronto, effectue quotidiennement des prélèvements sur ces dix sites répertoriés.

plages
Howard Shapiro.

«La norme de qualité de l’eau des plages à Toronto est de 100 E.coli par 100 ml d’eau, ce qui en fait la norme la plus rigoureuse au monde», se targue le Dr Howard Shapiro, porte-parole de la santé publique et médecin hygiéniste adjoint de Toronto.    

À titre comparatif, la norme de qualité de l’eau des plages de l’Ontario ainsi que celle du gouvernement fédéral est de 200 E.coli par 100 ml d’eau.

Pour l’anecdote, cette barre a été revue à la hausse à 900 bactéries par 100 ml dans la Seine, ce qui fait que des épreuves olympiques se déroulent dans une eau «insalubre». Jérôme Marty avoue qu’il ne s’y baignerait pas pour rien au monde!

Aux risques et périls des récalcitrants

Que l’on ne s’y méprenne pas, les responsables de Toronto n’interdisent pas la baignade pour autant, bien que la petite bête puisse s’avérer bien nocive.

«Le Service de Santé publique de Toronto n’interdit pas la baignade sur les plages. Lorsque le niveau des bactéries dépasse la norme, on avertit les baigneurs. Libre à eux d’entrer en contact avec l’eau ou pas», précise le Dr Howard Shapiro.

Et d’ajouter: «Bien qu’il ne s’agit que d’une recommandation, l’exposition à cette eau augmente le risque d’infections pour le baigneur. Cela comprend les infections des oreilles, des yeux, du nez, de la gorge et de la peau. De plus, si l’eau est ingérée, elle peut causer des troubles gastriques sévères, des vomissements et/ou de la diarrhée.»

Des outils disponibles pour les baigneurs

Il vaut donc mieux ne pas déroger à l’avertissement. Pour ce faire, des outils gratuits sont mis à disposition des nageurs pour prendre la température bactériologique de l’eau avant d’y faire trempette.

L’un de ces moyens est proposé par la Ville sur sa page internet. Il s’agit de la publication quotidienne des résultats de la qualité de l’eau de ses dix plages surveillées.

Là aussi, ces résultats sont basés sur le taux d’E.coli dans les échantillons d’eau de plage prélevés au cours des dernières 24 heures.

plages
Baignade matinale à la plage Woodbine. Photo: Nathalie Prézeau, l-express.ca

La limite de la méthode

Et c’est bien là que le bât blesse! Ce décalage entre le prélèvement de l’échantillon, son analyse et la publication des résultats peut induire un biais non négligeable.

«Les résultats des prélèvements ne sont pas immédiats. Il faut compter 24 heures pour les avoir après l’échantillonnage. C’est un problème qu’il faut gérer, car cet écart peut fausser l’appréciation. Concrètement, une eau de plage peut devenir contaminée durant ce laps de temps et vice versa», fait observer Jérôme Marty.

L’intelligence artificielle à la rescousse

Afin de contourner le problème, les scientifiques d’Environnement Canada, en partenariat avec le Bureau de santé publique de Toronto ont entamé en 2022 l’élaboration d’une méthode prédictive reposant sur la désormais inéluctable intelligence artificielle.

Le projet pilote vient d’être achevé et est en cours d’évaluation. Selon la Ville, ce dernier sera opérationnel à partir de l’été 2025. D’ici là, bonne baignade!   

Omniprésentes… les trottinettes électriques demeurent interdites à Toronto

trottinette

Une trottinette électrique sur la rue Queen Est. Photos et vidéos: François Bergeron, l-express.ca

Elles grouillent par milliers dans les rues de Toronto, et leur nombre ne cesse d’augmenter. Et pourtant, les trottinettes électriques sont toujours interdites sur les voies publiques de la Ville-reine: un «non-sens juridique» que certains utilisateurs n’hésitent pas à qualifier d’«aberration».

«Oui, dans la ville de Toronto, les trottinettes électriques ne sont pas autorisées dans les espaces et la voie publics», confirme Laura McQuillan, chargée de la communication de la Ville.

Plus qu’une interdiction de rouler, les trottinettes électriques ne sont pas autorisées à être entreposées ou garées sur les voies publiques de Toronto, y compris sur les pistes cyclables, les trottoirs et les parcs.

Un mode de transport pratique

Néanmoins, selon un comptage par cordon effectué en 2022 par la Ville, 4% des véhicules de micromobilité enregistrés étaient des trottinettes électriques.

Tarik Al Assal, trottinette électrique
Tarik Al Assal. Photo: courtoisie

Et pour cause, séduits par les nombreux avantages pratiques qu’elles offrent, des milliers de Torontois les utilisent quotidiennement, à l’instar de Tarik El Assal, dont cet engin constitue le principal moyen de locomotion.

«J’ai opté pour la trottinette électrique parce qu’elle me permet de me déplacer dans la ville sans transpirer et en un temps record, ce qui est très utile lorsqu’on se rend au bureau par exemple. En plus, c’est un moyen de transport très écologique», confie-t-il.

trottinette
Comme les vélos: faciles à garer.

89 contraventions en 2023

Comme tant d’autres, cet usager n’est pas sans savoir qu’il est illégal de rouler en trottinette à Toronto.

«Je sais que les trottinettes électriques sont interdites. Mais, il y a plusieurs magasins qui les vendent, c’est une absurdité dans la loi. Je n’ai pas l’impression que la police punit les utilisateurs. Ça fait quatre ans que je roule avec et je n’ai jamais été inquiété ou interpelé par la police», avoue-t-il.

C’est bel et bien d’une impression dont il s’agit, car selon la police de Toronto, ses agents ont délivré quelques 89 contraventions aux usagers des trottinettes électriques l’an dernier.

trottinette
Entre les véhicules en marche et les véhicules stationnés.

Un projet pilote provincial boudé par la Ville

Et pourtant, le Conseil municipal de Toronto a eu l’occasion à deux reprises d’intégrer un projet pilote provincial visant à autoriser les trottinettes électriques, en vain.

Laura McQuillan, trottinette électrique
Laura McQuillan. Photo: courtoisie

«L’Ontario, par l’intermédiaire du ministère des Transports, a mis en place un programme pilote qui crée un cadre politique expérimental permettant aux municipalités de choisir de tester l’utilisation des trottinettes électriques. Le Conseil municipal a refusé d’y participer en 2021 et en 2024 en raison de préoccupations sécuritaires», justifie Laura McQuillan.

Pour rappel, ce programme se poursuit actuellement et prendra fin le 27 novembre prochain.

Pas de données d’accidents impliquant les utilisateurs

L’une des conséquences directes découlant de ce grand écart entre la théorie et la pratique réside dans un manque flagrant de données relatives à ce moyen de transport. En effet, comment chiffrer quelque chose qui n’est pas censé exister?

Le constat est d’autant plus inquiétant lorsqu’il s’agit des accidents de la route. Et ce n’est pas la communicante de la Ville qui dira le contraire: «En général, il existe des lacunes importantes dans la collecte de données concernant le nombre et le type de blessures impliquant les utilisateurs de micromobilité. Ces données ne sont pas systématiquement enregistrées par les hôpitaux, les cliniques, les ambulanciers ou la police. Nous n’en disposons donc pas pour les trottinettes électriques.»

trottinette
Au moins il porte un casque…

Le risque est bien réel

Toutefois, sur le terrain, le risque, lui, est bien là, comme l’explique Tarik Al Assal: «Globalement, c’est assez sécuritaire de se déplacer en trottinette à Toronto quand on est bien équipé. Cela dit, il faut être toujours vigilant, surtout avec les voitures qui tournent sans faire attention à l’angle mort avant d’effectuer la manœuvre.»

Par ailleurs, pas plus loin que le matin précédant l’interview pour les besoins de ce papier, Tarik a été renversé par une voiture (électrique, elle aussi!), «Mais, Dieu merci», il s’en est sorti avec quelques égratignures.

C’est dire l’urgence d’autoriser et de réglementer ce mode de transport durable qui est de plus en plus populaire au pays, et ce pour le bien et la sécurité de tous.

Toronto: le tourisme ne tourne toujours pas à plein régime

tourisme

Le centre-ville de Toronto vu du Nord. À l'avant-plan: Queen's Park et le parlement provincial. Photo: Destination Toronto

Grâce à sa diversité culturelle, ses attractions et sa place financière, Toronto est de loin la ville qui attire le plus de visiteurs au Canada. Toutefois, à en croire la dernière étude publiée par Destination Toronto, le secteur du tourisme de la ville-reine peine à retrouver son niveau prépandémique, plus de deux ans après la levée totale des restrictions liées à la covid, et après 625 millions $ injectés par la province pour remettre l’industrie sur pied.

À elle seule, Toronto, c’est deux fois et demie le nombre de visiteurs annuels à Montréal, c’est un tiers des dépenses directes des visiteurs de l’Ontario et 68% de celles des touristes de la région du Grand Toronto. Cela fait de la Ville-reine la destination préférée des touristes nationaux et internationaux au Canada.

Cependant, malgré cet engouement qui a repris après la crise engendrée par la covid, l’industrie touristique de la ville peine à retrouver son niveau d’avant la pandémie.

tourisme
Les Canadiens restent les touristes les plus nombreux à Toronto. Photo: Destination Toronto

Moins de touristes qu’en 2019

En effet, selon le rapport sur l’impact économique des visiteurs à Toronto publié en juin dernier par Destination Toronto, ils étaient 26,5 millions de visiteurs, dont 88% de nationaux, à avoir foulé le sol de Toronto en 2023, contre 28 millions en 2019.

«Même si certains marchés se portent bien, comme le marché intérieur et le marché mexicain, d’autres, comme la Chine, ne se sont pas encore remis pour diverses raisons comme l’accès aux vols et les problèmes diplomatiques», développe Kathy Motton, responsable des communications à Destination Toronto.

«Pour que le tourisme soit un impulseur économique pour la croissance, il faut que tous les marchés reviennent à plein régime.»

Plus en détail, le marché américain, vital pour l’industrie, demeure inférieur de 21% par rapport au niveau antérieur à la pandémie. Du reste, seul le nombre de touristes mexicains dépasse celui affiché en 2019, alors que les touristes chinois qui représentent le plus grand marché étranger, hors États-Unis, sont 27% moins qu’en 2019.

Kathy Motton
Kathy Motton. Photo: courtoisie

Dépenses record des visiteurs

Cela dit, l’impact direct des dépenses des visiteurs en 2023 est de 8,4 milliards $, contre 8,2 milliards $ en 2019, générant ainsi un impact économique total de 12,6 milliards $ pour Toronto.

Ces dépenses sont réparties à hauteur de 26% dans l’hébergement, 26% dans le transport local et aérien, 24% dans la restauration, 13% dans le magasinage et 11% dans les loisirs.

De plus, cet impact économique a soutenu près de 67 000 emplois et généré 2,1 milliards $ de recettes fiscales en 2023, soit assez pour couvrir le salaire moyen de 33 000 enseignants des écoles publiques de la ville de Toronto.

Une amélioration en trompe-l’œil

Mais qu’on ne s’y méprenne pas, cette hausse des dépenses est loin d’être significative, comme l’explique Kathy Motton. «Même si les dépenses des visiteurs sont supérieures de 2% à celles de 2019, une grande partie de cette augmentation est due à l’inflation.»

Plus que cela, si l’on prend en considération l’inflation moyenne de la province qui oscillait autour de 4% en 2023, ce résultat pourrait s’avérer baissier.

Tourisme Toronto
Les touristes dépensent plus de 8 milliards $ par année à Toronto. Photo: Destination Toronto

Les grands rassemblements n’ont toujours pas la cote

Autre segment du secteur touristique qui ne retrouve toujours pas ses couleurs, celui des grands rassemblements, tels que les grandes conférences, les voyages d’affaires et les événements majeurs, ne s’est pas complètement rétabli.

D’après le rapport annuel de Destination Toronto, ce segment n’a attiré que 290 000 visiteurs à Toronto l’an dernier, contre 444 000 en 2019, soit une perte de 35%.

«Les événements et les conférences ont généralement une longue fenêtre de réservation. Ce qui signifie qu’un bon nombre de ceux qui se déroulent actuellement ont été réservés pendant les restrictions au Canada, alors que les États-Unis étaient ouverts et acceptaient les réservations», souligne Kathy Motton.

Délais de traitement des visas

De son côté, Andrew Siegwart, PDG de l’Association de l’industrie touristique de l’Ontario, attribue ce recul à plusieurs facteurs, dont «la tendance persistante du travail à distance ou hybride et la réduction des dépenses des entreprises en raison de l’inflation et de la prudence des consommateurs».

«Nous remarquons également que l’augmentation des délais de traitement des visas désavantage les destinations partout au Canada, et ce à l’échelle mondiale», ajoute-t-il.

Conscient de ce manque à gagner qui perdure, Destination Toronto s’active pour renverser la vapeur.

Andrew Siegwart
Andrew Siegwart. Photo: courtoisie

La riposte

Afin de résoudre ce problème, Destination Toronto s’appuie sur les secteurs économiques florissants de la ville, comme la finance et la technologie.

«Par exemple, The Consensus Conference a décidé de se déplacer à Toronto l’année prochaine», se targue Kathy Motton. Il s’agit de la plus importante manifestation au monde qui rassemble la communauté des cryptomonnaies, de la blockchain et du Web3.

Même son de cloche du côté d’Ottawa par le biais de l’Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l’Ontario (FedDev Ontario).

«On a mis en œuvre des programmes essentiels, telle que l’Initiative d’appui aux grands festivals et événements (IAGFE), pour aider ces derniers à se remettre des répercussions de la pandémie et à se préparer à la croissance future», fait savoir la communication de l’Agence.

tourisme
Toronto fait sa promotion dans divers salons du tourisme. Photo: Destination Toronto

Assister les candidatures d’événements

Pour sa part, Andrew Siegwart préconise d’accroître les efforts de collaboration entre les gouvernements et le secteur des voyages d’affaires, des grandes conférences et des événements sportifs.

«La collaboration peut prendre la forme d’un traitement accéléré des visas pour certains types d’événements. On peut aussi créer des fonds de candidature pour aider à rendre les candidatures à des conférences ou à des sports en Ontario plus compétitives à l’échelle mondiale», recommande-t-il.

Quant à la période estivale en cours, les indicateurs sont plutôt au vert. Selon la porte-voix de Destination Toronto, ils seront même «légèrement» meilleurs qu’à la même période de l’année dernière.

Ça roule pour le réseau cyclable de Toronto

vélo, pistes cyclables

Clémence Leveau-Vallier se déplace principalement à vélo à Toronto. Photo: Soufiane Chakkouche

Devant l’engouement croissant qu’éprouvent les Torontois pour la mobilité durable en général et le vélo en particulier, la Ville met les bouchées doubles pour suivre la cadence en revoyant à la hausse, année après année, son réseau cyclable, ainsi que le budget qui va avec, pour le grand bonheur des usagers.

Toutefois, un grain de sable vient s’immiscer dans l’engrenage, celui de la sécurité routière!

Le réseau cyclable de la Ville Reine compte près de 700 kilomètres, avec une augmentation moyenne annuelle de 24 kilomètres sur les quatre dernières années, bien loin des 8,1 kilomètres aménagés en 2016.

vélo, pistes cyclables
On crée de plus en plus de pistes cyclables. Source: Ville de Toronto

Pas pour déplaire aux usagers

À ce rythme, les usagers semblent trouver leur compte, à l’instar de Clémence Leveau-Vallier, une Torontoise dont la bicyclette constitue le principal moyen de transport.

«Cela fait 12 ans que j’habite à Toronto et que je me déplace à vélo. Au début, le réseau cyclable était présent uniquement au centre-ville, avec seulement deux pistes cyclables, mais petit à petit il s’est étendu à d’autres quartiers», remarque-t-elle.

Et d’ajouter: «Il y a des gens qui ne faisaient pas du vélo par souci de sécurité, mais maintenant ils s’y mettent de plus en plus. Moi-même, il y a quelques années, j’étais terrifié de faire du vélo avec mes trois enfants à Danforth où j’habite, jusqu’à la mise en place d’une piste cyclable dans cette avenue.»

vélo, pistes cyclables
Une section de la rue College avant et après. Photos: rapport 2023 de la Ville de Toronto sur les pistes cyclables.

100 km de plus d’ici 2027

Clémence Leveau-Vallier n’a pas fini de se réjouir, puisque la Ville prévoit d’accroître son réseau cyclable de 100 kilomètres d’ici trois ans, et ce dans le cadre de la mise en œuvre de son programme cycliste à court terme 2025-2027.

De plus, plusieurs connexions sont prévues dans ce plan afin de relier ces nouvelles pistes à celles existantes.

Cette extension touchera les quatre coins de la ville, allant d’Etobicoke à Eglinton, en passant par Dundas Ouest pour ne citer que ces axes-là.

Pour rappel, le Conseil municipal a d’ores et déjà approuvé, le 26 juin dernier, les projets de pistes cyclables contenus dans le programme 2025-2027.

Pour chaque rue sa piste cyclable

Mieux que cela, à en croire Laura McQuillan, chargée de la communication de la Ville, l’ambition globale des responsables de la cité vise à couvrir l’ensemble de cette dernière par le réseau cyclable.

«À long terme, toutes les rues sont à l’étude pour de futures pistes cyclables. Le plan du réseau cyclable de Toronto s’écarte des plans de pistes cyclables traditionnels en Amérique du Nord, dans le sens où nous ne limitons pas notre futur réseau à un ensemble spécifique de rues.»

«Pour réaliser la vision à long terme du Plan du réseau cyclable, chaque rue, par le biais de demandes d’aménagement, d’études et de projets d’investissement, devrait envisager d’intégrer des pistes cyclables», annonce la communicante à l-express.ca.

vélo, pistes cyclables
Laura McQuillan. Photo: courtoisie

Le budget a triplé en cinq ans

Naturellement, pour accompagner ses ambitions, en 2023, la Ville a injecté un montant record de 33,4 millions $ et prévoit une enveloppe de 42,9 millions $ pour 2024, soit trois fois plus qu’en 2019.

Au-delà des investissements liés aux nouvelles installations, ces sommes servent également à entretenir le réseau existant. En effet, d’une manière générale, le coût de l’entretien hors hiver se chiffre à 12 000 $ par kilomètre de piste cyclable et 25 000 $ par kilomètre durant la période hivernale.

Cependant, s’il semble qu’aucun obstacle ne vient se dresser devant l’extension tentaculaire du réseau cyclable de Toronto, demeure le problème, et pas des moindres, de la sécurité routière de ses usagers.

vélo, pistes cyclables
Une intersection modèle. Photo: rapport 2023 de la Ville de Toronto sur les pistes cyclables.

Quatre cyclistes décédés depuis le début de l’année

Selon les données de la Ville, au 18 juin dernier, ce sont quatre décès liés à la pratique du vélo qui ont été enregistrés en 2024, c’est-à-dire autant que les décès de cyclistes rapportés durant les années 2021, 2022 et 2023 cumulées, alors que la belle saison ne fait que commencer !

Face à ce funeste constat, Laura McQuillan nuance en rappelant que Toronto a connu, en 2023, une réduction de 29% du nombre de cyclistes tués et blessés graves par rapport à la moyenne quinquennale d’avant la période pandémique.

De surcroit, la porte-voix de la Ville rappelle aussi qu’à mesure que le nombre de personnes pratiquant le vélo augmente, leur exposition aux accidents s’accroit également.

«Tout décès ou blessure d’un cycliste dans les rues de notre ville est un décès de trop, et nous continuons à mettre en œuvre des mesures visant à améliorer la sécurité des cyclistes, notamment avec la mise en place de pistes cyclables surélevées et d’intersections protégées», promet-elle.

vélo, pistes cyclables
Le réseau torontois de près de 700 km de pistes cyclables. Source: Ville de Toronto

Sensibiliser les automobilistes

Et pour cause, de nombreuses collisions ont lieu aux intersections. «C’est pour cela que la Ville compte plus de 20 intersections protégées en cours de construction et de conception», ajoute Laura McQuillan.

Sur le terrain, Clémence Leveau-Vallier impute une grande part de responsabilité aux automobilistes :

«Plusieurs fois par semaine, je vois des automobilistes qui coupent à travers des pistes cyclables sans mettre leur clignotant ou faire un contrôle direct alors qu’il y a tout au long des pistes cyclables des pancartes indiquant de céder le passage aux cyclistes. C’est pour cela qu’il faut toujours rester en alerte même sur une piste cyclable. Très clairement, il y a un travail de rééducation des automobilistes à faire pour faire un rappel des règles et s’adapter à ces changements.»

Le témoignage est d’autant plus intéressant qu’il est vrai que le réseau cyclable s’est beaucoup développé pendant la dernière décennie, et par la même, la signalisation nouvelle qui l’accompagne. Or, ces éléments ne faisaient pas forcément partie de l’apprentissage des anciens candidats aux permis de conduire.

L’autisme soudainement plus compliqué arrivé à l’âge adulte

autisme

Le Programme ontarien du soutien à l’autisme s'arrête brutalement dès que l'enfant a 18 ans. Photo: iStock.com/Tatsiana Hancharova

L’autisme des enfants est bien couvert dans le débat politique et public au Canada en général et en Ontario en particulier. Toutefois, les informations sur les besoins et les expériences de la vie quotidienne des autistes rendus à l’âge adulte ne se bousculent pas, pas plus que les programmes qui leur sont dédiés. Demeure donc l’incompréhension, mère du préjugé.

Plus que des besoins, parfois cela s’apparente à du désespoir qui n’épargne pas la famille, surtout lorsque la personne adulte autiste est diagnostiquée «ayant des besoins élevés en matière de soutien». En d’autres termes, souffrant d’un autisme profond.

Fin de l’école, début des ennuis

«Le défi pour nous a commencé une fois l’école terminée. C’est à ce moment-là que tout change pour une personne comme notre fils qui a des besoins complexes», confie Brigitte Couture, mère d’un jeune homme autiste de 23 ans.

autisme
Brigitte Couture. Photo: courtoisie

«Le plus triste, c’est que bon nombre des services cessent à 18 ans, y compris pour les soins dentaires ou pour le suivi par un pédiatre de développement au centre de réadaptation.»

Des propos que confirme Bianca Nugent, doctorante en service social à l’Université d’Ottawa, bûchant sur les dimensions socioculturelles de l’autisme critique.

«Au passage adulte», dit-elle, «il y a clairement un risque au niveau de l’inclusion sociale chez la personne autiste ayant des besoins élevés en matière de soutien. Ce n’est pas surprenant, parce qu’avant elle était prise en charge par le système scolaire et, soudainement, elle se retrouve confinée à la maison à perdre toute interaction sociale.»

Et d’ajouter: «pour certains parents, c’est pratiquement un retour à l’âge de cinq ans avant de commencer l’école. Pas de possibilité d’avoir de répit le jour, ni de loisirs, ce qui augmente la charge mentale et l’anxiété».

autisme
Bianca Nugent. Photo: courtoisie

Le POSA s’arrête à la majorité

L’une des principales raisons évoquées par la doctorante réside dans le fait qu’une des conditions à l’admissibilité au POSA (Programme ontarien du soutien à l’autisme) est d’avoir moins de 18 ans.

«Il faudrait absolument que ce programme se poursuive à l’âge adulte sous quelque forme que ce soit, parce que l’autisme est une condition qui ne s’arrête pas à l’âge adulte», réclame-t-elle.

Toutefois, il existe bel et bien des programmes dédiés aux autistes adultes par l’entremise d’Autisme Ontario, à l’instar du programme Passeport.

Les programmes relais

«Passeport offre des financements pour les adultes autistes, et ce afin qu’ils puissent accéder à des programmes de jour et des programmes de répit communautaires de leur choix. Les personnes éligibles reçoivent un financement basé sur le niveau de support dont ils ont besoin», explique Kim McAlpine, superviseure à Autisme Ontario.

autisme
Kim McAlpine. Photo: courtoisie

Cela dit, Passeport est un programme de financement, ce qui signifie qu’il incombe à la famille d’aller chercher des programmes de substitution. Or, c’est bien là que les choses se compliquent, à plus forte raison lorsque le cas est dit sévère.

«Il nous est très difficile de trouver un programme de jour pour notre fils à l’année», relate Brigitte Couture. «La plupart des programmes de notre quartier sont gérés par des organismes indépendants qui décident du niveau de complexité qu’ils peuvent accepter. Notre fils a participé à deux de ces programmes, et à chaque fois on nous a signifié de ne plus revenir.»

De plus, à en croire Bianca Nugent, ces prestations ne courent pas les rues. «Les programmes pour autistes adultes qui sont vraiment coordonnés avec des éducateurs et des intervenants expérimentés ne sont pas encore très développés dans la province. Ceux qui existent sont généralement dédiés aux autistes qui ont besoin d’une moins grande intensité de soutien et d’encadrement.»

«L’offre est nettement insuffisante par rapport à la demande.»

ACA
Le Sommet canadien du leadership en autisme est l’initiative principale de l’Alliance canadienne de l’autisme. Le 10e sommet a rassemblé 275 personnes au Château Laurier (Ottawa) en avril 2024. Photo: ACA

Sacrifices des parents

Un autre phénomène évoqué par l’experte est celui de l’exode sanitaire interprovincial.

Selon elle, on observe actuellement un mouvement migratoire chez les parents d’autistes adultes qui quittent les grandes villes comme Toronto pour aller trouver dans d’autres régions, comme dans l’Est, des places dans des programmes adaptés.

Ce phénomène est d’autant plus problématique qu’il s’agit bien souvent de parents âgés qui ont eux-mêmes besoin de soins.

Le constat trouve l’illustration chez Brigitte Couture. «Nous sommes déjà allés deux fois à Sudbury pour organiser un programme de jour pour notre fils. Il a été accepté, car l’approche est davantage axée sur les besoins spécifiques de chaque individu.»

«On a tout de même des réserves quant à l’idée de quitter Toronto. Mon mari a des problèmes de santé et il a besoin de la garantie que les soins lui seront accessibles là-bas. On s’est renseignés, l’attente est d’environ deux ans pour avoir un médecin de famille.»

Rapport accablant

Côté théorique, ce n’est guère mieux. En effet, le dernier rapport publié par l’Alliance canadienne pour l’autisme en avril, intitulé Favoriser l’inclusion: définir les besoins des adultes autistes au Canada, tire la sonnette d’alarme.

Organismes franco-ontariens AFO
Fait à noter: la Société franco-ontarienne de l’autisme (SFOA) annonçait récemmnent la nomination de Carol Jolin à sa présidence. Carol Jolin est l’ancien président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario.

Accès difficile pour obtenir un diagnostic et des soins de santé physique et/ou mentale, taux d’employabilité bas, situation financière vulnérable, accès restreint aux logements adaptés, mobilité réduite… tous les indices convergent vers la précarité de cette population.

Pour ne chiffrer que le phénomène de l’exclusion sociale, 90% des participants à ce sondage (dont le tiers résident en Ontario) ont déclaré s’être sentis à l’écart ou isolés, ce qui représente plus du double du taux observé chez les Canadiens pendant la pandémie!

Notons, à toutes fins utiles, que l’équipe de chercheurs derrière cette étude dirigée par le Dr Mackenzie Salt est formée de personnes autistes.

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur