Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.
Journée mondiale du livre: pourquoi le 23 avril?
C’est lors de la 28e session de la Conférence générale de l’UNESCO, tenue à Paris du 25 octobre au 16 novembre 1995, que le 23 avril est choisi comme Journée mondiale du livre et du droit d’auteur. Ce jour de l’année 1616 marquait le décès de Miguel de Cervantès, de William Shakespeare et de l’Inca Garcilaso de la Vega. Nous célébrons donc, cette année, la 25e Journée mondiale du livre et du droit d’auteur. Au Paradis en même temps? Selon certains historiens, la date du 23 avril n’est pas si certaine que cela; Shakespeare ou Cervantès serait peut-être mort le […]
Quand l’évêque était plus puissant que le chef de police
Le sixième commandement de Dieu est «Impudique point ne seras, de corps ni de consentement». Les mauvaises pensées, la masturbation, les attouchements avant le mariage sont interdits. Dans un pensionnat où les garçons doivent se confesser à un directeur spirituel, il n’est pas rare d’assister à des «amitiés particulières». Voilà un sujet en or pour le romancier Jean-Pierre Charland, dont le 35e roman s’intitule Impudique point ne seras. Dès les premières pages, l’auteur fait dire au détective Eugène Dolan de la Police de Montréal que «la loi s’applique de façon variable, selon la fortune, le prestige, le pouvoir». Le mot […]
Pierre Laporte, chantre de la survivance française
Pour la très grande majorité des gens, la mention de Pierre Laporte (1921-1970) rappelle presque uniquement la Crise d’octobre 1970 et son assassinat. Or, pendant seize ans, il fut journaliste, éditorialiste et correspondant parlementaire du Devoir. Laporte a couvert sept voyages de la Survivance française organisés par le Conseil de la Vie française en Amérique entre 1949 et 1959, et rédigé une soixantaine d’articles. Onze d’entre eux sont reproduits dans un livret intitulé Les voyages de la Liaison française 1949-1959. Voyages Les onze articles choisis, présentés et annotés par Dominique Laporte, se répartissent comme suit: cinq sur l’Acadie, deux sur la […]
Roman atypique à l’allure de livre savant
«On ne peut pas se nourrir de colère, d’amertume et de regret […], car la survie n’est pas un acte égoïste, mais un impératif.» Voilà qui résume assez bien le tout dernier roman de Micheline Marchand, Perdue au bord de la baie d’Hudson. Destiné à un public ado, l’ouvrage intéressera tout autant un lectorat adulte. La protagoniste du roman se prénomme Zoé, une adolescente qui est mal dans sa peau. Pour affronter ses démons et vaincre la culpabilité qui la tenaille, elle s’enfuit d’Ottawa et se réfugie chez son cousin à Churchill, au nord du Manitoba, au bord de la […]
L’envers et l’avers du monde
Hugues Corriveau s’est inspiré de Gregory Crewdson, photographe américain qui a réalisé plus de 200 tableaux photographiques sur l’envers du rêve américain, pour concocter 43 brèves nouvelles regroupées sous le titre Dérives américaines. Il est tour à tour question d’êtres désemparés, de situations improbables, de cérémonies, de temps suspendu, de troubles ou de violences. Ennui profond La nouvelle intitulée Les tâches quotidiennes décrit l’univers d’une épouse entièrement consacrée à son mari, les mains dans l’eau de son évier. Je n’ai pas pu faire autrement que penser à La Sagouine et à Gapi. Corriveau met souvent en scène des personnages souffrant […]
Courir plusieurs lièvres à la fois
Le premier roman de Karine Boucquillon-Davidson, Les baleines pleurent aussi, renferme plusieurs accents torontois. Le personnage principal est chroniqueur francophone au quotidien bilingue de la Ville Reine. Il rencontre une partenaire au Salon du livre de Toronto. L’auteure écrit que la francophonie de Toronto est «bariolée et multicolore» et que la rue Queen est le pouls artistique de la capitale ontarienne. Franco-Manitobain de naissance, Pierre Dumont a l’impression de passer sa vie à attendre que quelque chose se produise. Il souhaite partager sa vie avec «une femme qui fait fonctionner son cœur et sa tête plutôt que son décolleté et […]
L’Ontario au cœur d’une tradition française en Amérique
Selon une tradition très connue en Ontario français, l’aîné de la famille doit se marier d’abord et les cadets par la suite. Si cette règle n’est pas respectée, l’aîné doit danser aux noces de son frère ou de sa sœur, seul et sans souliers, sur ses bas ou chaussons. L’ethnologue Jean-Pierre Pichette documente cette pratique dans un ouvrage intitulé La danse de l’aîné célibataire ou la résistance des marges. Ce rituel canadien-français du mariage est plus connu en Ontario qu’au Québec. C’est aussi une coutume, à un moindre degré, en Acadie, dans l’Ouest canadien et aux États-Unis (Maine, Michigan, Louisiane). […]
Un polar qui manque de punch
Dans les polars, l’enquêteur devient souvent un personnage culte qui revient d’un épisode à l’autre. Agatha Christie a créé Hercule Poirot, Louise Penny a mis en scène Armand Gamache, Claude Forand a campé Roméo Dubuc et Donna Leon a imaginé Guido Brunetti qui a plus de vingt-cinq enquêtes à son actif. La plus récente s’intitule La Tentation du pardon. Nous sommes toujours à Venise, avec ses canaux et vaporettos. L’astucieuse signorina Elettra fait toujours de la recherche pour le commissaire Brunetti, cette fois-ci dans le monde souterrain des ordonnances émises et remplies par de scandaleux professionnels de la santé. À […]
Aimer aveuglément et douloureusement
Dans Escales parisiennes, le tout dernier roman de Denis-Martin Chabot, le narrateur n’est pas identifié, mais qui connaît l’auteur devine aisément qu’il est lui-même ce narrateur mystérieux. Chabot a travaillé pour Radio-Canada à Edmonton, un des lieux d’action de l’intrigue, et a publié des romans homoérotiques qui plaisent à un des principaux personnages. Autofiction J’ai deviné assez vite qu’Escales parisiennes est une autofiction. L’identité des personnages secondaires a été changée et quelques faits ont été modifiés, mais «si les personnes impliquées lisent mon livre avec attention, elles pourront s’identifier». Escales parisiennes est même un roman à succès dans le roman […]
Police et politique: un voisinage mortel
L’inspecteur Henri Dufaux du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ne s’intéresse pas à des petits crimes sans imagination commis par des quidams vite démasqués. Dans le roman On tue…, Jean-Jacques Pelletier plonge son personnage culte dans une série de meurtres horribles où les suspects vont du crime organisé au tueur en série, en passant par un groupe de sauveurs autoproclamés de la planète, les Ultravéganes. Style coloré On retrouve les habituels membres de l’équipe policière de Dufaux sous leurs noms colorés: Parano, Kodak, Paddle, Humpty Dumpty, Sarah la noire, Sarah la rousse. Le style aussi est […]
18 000 écrivains se partagent 14,7 millions $
Depuis plus de 30 ans, le programme du Droit de prêt public (DPP) verse aux écrivains canadiens une somme d’argent en reconnaissance de l’utilisation de leurs livres dans les bibliothèques publiques du pays. Pour l’exercice financier 2019-2020, ce sont 17 976 écrivains canadiens qui se partagent 14 781 301 $. Les sommes sont versées pour des ouvrages dans les catégories suivantes: essai, fiction, poésie, théâtre, littérature jeunesse et ouvrage savant. Pour être admissibles, les livres doivent figurer dans une bibliothèque publique. Le DPP échantillonne sept catalogues de bibliothèques pour chaque langue officielle. Plus d’écrivains, plus d’argent Le nombre d’écrivains récompensés cette année s’est […]
Monia Mazigh : choisir au lieu de subir
Le besoin d’indépendance et de liberté des femmes tunisiennes dans les années 1940-1970 est au cœur de Farida, troisième roman de Monia Mazigh qui a immigré au Canada en 1991. Elle vit maintenant à Ottawa, après avoir lutté pour libérer son époux, Maher Arar, déporté en Syrie. L’action du roman commence en 1941, à l’époque où la Tunisie est un protectorat français marqué par une culture arabo-musulmane qui nie le pouvoir des femmes, voire le moindre rêve d’indépendance. Ironiquement, on assiste à l’indépendance du pays, mais pas à celle des femmes. Mariage forcé Le personnage éponyme est forcé par son […]