Les Haïtiens privés des droits qui rendent la vie digne d’être vécue

Haïti
Quartier Fort National, Port-au-Prince.
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Publié 07/09/2022 par Annik Chalifour

La population haïtienne continue de souffrir sous le contrôle des bandes armées brutales et sans pitié (kidnappings, tueries, victimes brûlées vives) rapportent les médias de ce pays.

Combiné avec le chômage accru, l’inflation galopante, l’insécurité alimentaire, le carburant rarissime.

La crise en Haïti: un fait divers

Entre-temps, cette crise immonde en Haïti est devenue un fait divers dans la presse occidentale.

Sous le manque flagrant de leadership d’Ariel Henry, chef intérimaire du gouvernement haïtien soutenu par la communauté internationale.

Or, cette communauté internationale – dont le Canada – est apparemment préoccupée par d’autres priorités que les droits qui rendent la vie humaine digne d’être vécue: l’alimentation; l’éducation; le travail; la santé; la sécurité.

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Échec international

Manifestement, nous n’arrivons pas à gérer la crise haïtienne ensemble pour atteindre notre bien-être commun, en Haïti et dans les Amériques.

On ne réussira jamais à «solutionner» Haïti en la maintenant captive de l’aide humanitaire.

Haiti
Haïti, entre insécurité et pauvreté. Photo: Annik Chalifour

«La crise institutionnelle que vit Haïti est le résultat direct des actions des forces endogènes du pays et de la communauté internationale», a récemment dénoncé l’Organisation des États américains (OÉA).

«Les 20 dernières années de présence de la communauté internationale en Haïti constituent l’un des échecs les plus importants et manifestes de mesures mises en œuvre et d’actions réalisées dans le cadre de quelque action de coopération internationale que ce soit.»

Attitude critique

Par ailleurs, pour savoir négocier, tenir le rôle de médiateur entre gens de diverses cultures dans une situation de conflit, ne doit-on pas s’efforcer, entre autres, de s’intéresser à la culture d’autrui. De comprendre son Histoire, ses valeurs, sa façon de communiquer…

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Haïti
Le Musée du Panthéon National Haïtien à Port-au-Prince. Un véritable chef-d’œuvre d’histoire vivante introduisant l’extraordinaire patrimoine historique d’Haïti. Photo: Annik Chalifour

Il faudra aussi se doter d’un sens critique élevé. Soit avoir la capacité de percevoir les diverses perspectives des parties prenantes et de saisir les nombreux aspects interdépendants dans une situation de crise donnée.

Vous me direz qu’on sait déjà tout ça… Néanmoins l’application concrète de ces beaux principes brille par son absence dans la situation actuelle.

La complexité de la crise en Haïti peut dépasser notre entendement et nous paraître gigantesque… Pourtant, la paix et le progrès durable ne sont pas hors de portée.

Chaînes physiques et mentales

«Ayiti va s’en sortir, ils sont déjà là, les artisans de la nouvelle Ayiti. Ils s’appuieront justement sur ce que nous avons de force réelle, la Culture profonde avec les valeurs du savoir ancestral qui nous avaient conduites à l’Indépendance», m’écrivait récemment un ami depuis Haïti.

«Cette fois-ci, l’Indépendance ne se limitera pas à briser les chaînes physiques, mais aussi celles mentales, culturelles, commerciales vers un épanouissement social et économique durable.»

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Incompétence culturelle face à Haïti

Manifestement, la faillite occidentale face à la crise en Haïti révèle notre incapacité à gérer la paix par et pour nous, entre gens du continent des Amériques.

Ce cuisant échec souligne notre incompétence en matière de coopération internationale, tout en illustrant notre ignorance de la Culture haïtienne. Celle-ci est marquée d’une Histoire extraordinaire ayant façonné sa résilience évoluant au cœur d’un remarquable patrimoine méconnu par l’Occident.

haïti
La baie de Petit-Goâve, département de l’Ouest.

Je témoigne avoir rencontré cette résilience issue de la force culturelle haïtienne, partout en Haïti ces dernières années (2012-2018):

Et beaucoup plus, tant chez les hommes que les femmes du peuple haïtien.

Pouvoir citoyen

Il y a quelque temps, je lisais un article dans Le National citant un Haïtien exilé de retour en Haïti. «Je ne demande pas ce que mon pays peut m’offrir, mais je demande ce que je peux faire pour Haïti.»

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Cette réflexion m’interpelle profondément. Je crois qu’elle s’applique à chacun.e de nous dans le Nord comme dans le Sud.

Il me semble qu’elle fait appel à l’activisme citoyen positif, à la participation citoyenne pour viser le bien-être de toutes et tous dans le respect de la culture de chaque société… À Port-au-Prince comme à Toronto.

jeunes
Les membres de la Maison des jeunes et de la culture de Vallue. Une initiative du Centre Banyen (Vallue) en collaboration avec l’Association des paysans de Vallue.

Je crois dans la puissance du pouvoir citoyen localement comme à l’échelle mondiale pour atteindre notre épanouissement mutuel durable.

Entre-temps, il y a la guerre atroce en Ukraine et ailleurs; l’inflation; le spectre de la famine; les virus malfaisants; notre Terre souffrante…

Tristesse et impuissance… Mais aussi la foi dans la Culture profonde du peuple haïtien, alors que je circule à pied dans mon quartier torontois, sans crainte d’être kidnappée, blessée par balle ou brûlée sous les attaques entre gangs armés

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Le pouvoir citoyen haïtien peut définitivement contribuer positivement à la relève d’Haïti.

Réitérons notre urgent devoir de faire un premier pas ensemble vers le possible.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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