Serial killeuses, alias tueuses en série: le meurtre au féminin
Comment est-ce que tuer des enfants peut mettre une infirmière britannique «dans un état d’excitation intense»? Comment une Française peut-elle tuer 13 personnes âgées en l’espace de 11 mois? Ce ne sont que deux exemples des femmes terrifiantes que Virginia Ennor nous présente dans Serial killeuses. Quand j’ai vu le titre franglais du livre, je croyais que c’était un polar, un thriller hors de l’ordinaire. Pas du tout! Il s’agit du portrait de 11 criminelles: six Américaines, trois Britanniques, une Mexicaine et une Française. Vraies tueuses en série machiavéliques Tout au long de cet essai, Virginia Ennor fait preuve de […]
Difficile d’apprivoiser le vieillissement, le dépérissement, la honte…
Le vieillissement, c’est la décrépitude annoncée, la honte programmée, le CHSLD, la mort imprévisible. Voilà ce qu’Élizabeth craint le plus dans Marie-moi, Peter Pan, roman de Laviolette. On ne donne pas de prénom, mais la photo en quatrième de couverture montre une jeune femme. Laviolette décrit le parcours d’une personne qui ne sait pas comment vieillir, « comment faire pour saisir l’impermanence de son existence ». L’autrice peint avec les épluchures de son cœur. Tout le roman porte sur la difficulté d’apprivoiser le dépérissement. On ne se rend pas compte qu’on va vieillir « La plupart des gens se rendent pas compte qu’ils […]
Van Gogh appartenait à une autre dimension
Le nom de Gabrielle Berlatier demeure assez peu connu, sauf par ceux pour qui la vie de Vincent Van Gogh (1853-1890) n’a point de secrets. Adolescente, Gabrielle a reçu l’oreille que l’artiste s’est tranchée. Dans le roman Vincent et Gabrielle, publié aux Éditions David, Karen Olsen raconte les années de Van Gogh à Arles, deux ans avant sa mort. Gabrielle à 90 ans Olsen avertit ses lecteurs: l’intrigue qui sert de trame à ce roman est une histoire vraie. Mais l’auteure a pris la liberté d’interpréter ce vécu réel pour en faire une œuvre de fiction. La narratrice est Gabrielle, […]
Téléroman, saison 2, de Christine Lamer: amours, voyages et télévision
Avec Téléroman, saison 2, Christine Lamer revient à la charge pour nous montrer comment une femme peut occuper avec brio les fonctions d’animatrice, de productrice et d’imprésario. Nous retrouvons la brillante et fougueuse Marie Jolie à qui tout réussit professionnellement. Mais comment se présente la quête amoureuse de cette femme de 50 ans? Voyages luxueux En faisant la promotion de ce second et dernier tome de Téléroman, les Éditions Hurtubise soulignent que Christine Lamer décrit avec moult détails le fascinant milieu de la télévision québécoise. Ce n’est pas vraiment le cas. On passe peu de temps dans les coulisses ou sur les plateaux de […]
Plaidoyer pour une langue française égalitaire
Céline Labrosse milite en faveur d’une langue française «vivante, féconde, enrichie et combien plus égalitaire». Dans Pour une langue sans sexisme, elle reproche aux premiers grammairiens d’avoir rendu les femmes «invisibilisées et muettées». Cette docteure en linguistique ne figure pas parmi les locutrices françaises qui acceptent que «le masculin l’emporte sur le féminin». La langue française sexiste depuis le 16e siècle C’est vers 1530, rappelle-t-elle, que les épithètes masculin, masculine, féminin, féminine sont intégrées dans le discours. On associe alors des propriétés distinctives aux lettres A et E. La première est considérée masculine (A pour Adam) et la seconde, féminine […]
Dans le secret des voûtes: habile mélange de romantisme et d’action
Le premier tome du roman Dans le secret des voûtes, de Josée Ouimet, a campé Solange, une postulante chez les Augustines, qui découvre le sentiment amoureux auprès d’un soldat hospitalisé à Québec durant la Seconde Guerre mondiale. Dans le second tome, Solange pratique son métier d’infirmière sous la direction d’un jeune médecin qui s’entiche d’elle. Le coup de foudre, l’amour, la tendresse, le sentiment maternel… Voilà les principaux ingrédients de ce second volet intitulé « Les chemins inverses ». José Ouimet excelle dans l’art de multiplier les rebondissements, tant à Québec qu’en Europe. Et de situer son intrigue d’après-guerre dans […]
Étude exhaustive sur l’homosexualité masculine au Québec
Il y a parfois lieu de revoir l’Histoire pour y inclure ce qui a été oublié, omis ou ostracisé. C’est ce que fait Serge Fisette dans L’Homosexualité masculine au Québec, publié chez Québec Amérique. Il s’agit de l’étude la plus minutieuse et la plus exhaustive sur ce sujet. L’auteur procède par tranches d’années: 1648-1899, 1900-1959, 1960-1969, 1970-1979 et ainsi de suite jusqu’aux années 2000. On y apprend, par exemple, qu’un soldat tambour est accusé de crime contre nature en 1648, et que la sodomie était une faute tellement grave en 1703 que seul l’évêque pouvait l’absoudre. De Sodome et Gomorrhe à […]
Roman policier étrange et dérangeant de James Patterson
James Patterson est connu pour sa longue série de romans policiers dans la collection The Women’s Murder Club. Le tout dernier s’intitule 18e rapt et met de nouveau en scène le sergent Lindsay Boxer, enquêtrice en chef cette fois-ci dans une affaire de viols, tortures et pendaisons. Narratrice d’un étrange thriller, Boxer travaille pour le San Francisco Police Department (SFPD) et son mari est employé du FBI. Je dis « étrange » car un des principaux personnages est un ancien militaire serbe rompu à l’organisation de massacres. L’auteur l’appelle Slobodan Petrović, soit le même nom que l’ancien vice-premier ministre de la République […]
Le Francis Bacon de Larry Tremblay peint le corps et son cri
Francis Bacon (1909-1992) est un peintre britannique reconnu pour la violence, la cruauté et la tragédie de ses portraits. Larry Tremblay s’est inspiré de la vie de cet artiste pour écrire le roman Tableau final de l’amour, publié aux Éditions La Peuplade. Bacon est le narrateur et il s’adresse à son amant sans jamais mentionner son nom. Dès le premier chapitre, un petit voleur inexpérimenté s’introduit en pleine nuit dans l’atelier de Bacon. En le découvrant, le truand attaque l’artiste et l’intrusion se termine par des ébats intenses. Tout au long du roman, le narrateur retrace les errances de la […]
Prise de parole décousue des femmes dans Filibuste
Dans son premier roman intitulé Filibuste, Frédérique Côté donne la parole aux femmes parce que, estime-t-elle, ce sont les hommes qui s’en emparent trop souvent. Une mère et ses trois filles racontent une histoire où le père joue le rôle principal sans jamais prendre la parole. Comme on le sait, le filibuster désigne une technique oratoire d’obstruction parlementaire visant à retarder l’adoption d’un projet de loi. Pour Frédérique Côté, cela représente un moment où une femme prend la parole et l’utilise comme arme, comme façon de retarder quelque chose qui doit arriver. Une famille dysfonctionnelle Publié aux éditions Le cheval […]
Ado défigurée par un ours: le regard qui compte est transcendant
Chez les ados, l’apparence physique revêt parfois une importance démesurée. Mais quel est l’impact d’un extérieur soudainement défiguré sur le regard des autres et son propre regard sur soi? Leanne Baugh répond à cette question dans le roman intitulé L’histoire sur mon visage. La narratrice est Abby Hughes, 17 ans, élève de Rocky View High School à Calgary. En 11e année, elle menait la vie d’une ado jolie et ordinaire. Puis, durant l’été, Abby subit l’attaque d’une ourse grizzly dans les montagnes Rocheuses. Son visage devient méconnaissable. Réseau de cicatrices. Joue concave. Œil droit presque entièrement recouvert par sa paupière. […]
À chacun son histoire pas d’allure… de bière, de resto et de femmes
Présenté comme un roman en fragments, Des bières et des femmes, de Julie Myre Bisaillon, raconte les boires et déboires d’un petit resto d’une microbrasserie rurale dans les Cantons de l’Est. Le tout se résume à cette phrase glanée en cours de route : « À chacun son histoire pas d’allure. » La narratrice est Maude, 41 ans. Son chum est Nath ; elle à 34 ans. Puis il y a Meg, la serveuse la plus expérimentée de la gang, qui sait « revirer un client de bord sans que ça paraisse et gérer les bikers ». « Bonjour, vous avez rejoint le Restaurant […]