Difficile d’apprivoiser le vieillissement, le dépérissement, la honte…

vieillissement, Laviolette, Marie-moi, Peter Pan
Laviolette, Marie-moi, Peter Pan, roman, Montréal, XYZ éditeur, 2021, 288 pages, 25,95 $.
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Publié 03/11/2021 par Paul-François Sylvestre

Le vieillissement, c’est la décrépitude annoncée, la honte programmée, le CHSLD, la mort imprévisible. Voilà ce qu’Élizabeth craint le plus dans Marie-moi, Peter Pan, roman de Laviolette. On ne donne pas de prénom, mais la photo en quatrième de couverture montre une jeune femme.

Laviolette décrit le parcours d’une personne qui ne sait pas comment vieillir, « comment faire pour saisir l’impermanence de son existence ». L’autrice peint avec les épluchures de son cœur. Tout le roman porte sur la difficulté d’apprivoiser le dépérissement.

On ne se rend pas compte qu’on va vieillir

« La plupart des gens se rendent pas compte qu’ils vont vieillir, pis être malades, pis en chaise roulante, pis morts. Ils vivent dans une bulle de joie innocente, entre aveuglement volontaire, déni pis ignorance réelle. Ils vont leur chemin sans inquiétude en sachant pas que la marde va leur tomber dans la face à un moment donné. »

Cet extrait résume grossièrement la trame romanesque et donne une idée du style de l’autrice. On a souvent droit à un style oral, à de l’oréalité, dont voici un exemple : « Mais était pas comme ça… faut faire ça comme a voulait. »

Le personnage principal, Élizabeth Leblanc, souffre de la maladie de la Boule à Neige, communément appelée le BAN. C’est neurologique, dégénératif et incurable. Elle sait d’avance ce qui l’attend et elle n’a pas le goût d’être handicapée, de vieillir, pis de mourir. Alors son mot d’ordre devient : « Respire. Respire. Pense à rien. »

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La protagoniste a de la difficulté à penser

Je vous préviens que la lecture de ce roman n’est pas de tout repos. Il est parfois pénible de constater comment Élizabeth a de la misère à penser. Ses réactions peuvent être crues : « Tabarnak ! Fuck you, maladie d’marde ! »

Le lieu de l’action n’est pas décrit avec précision. On sait qu’il s’agit d’une ville de petite taille, pas tellement loin de Montréal. La métropole ne revêt pas ses plus beaux atours : « Ruelles recroquevillées, chats échevelés, déchets fleurant, tambours muets, masse mobile, onde poisseuse, ici bouillit mon cœur… »

Marie-moi, Peter Pan est un roman qui illustre avec un certain brio une leçon de vie, à savoir que lorsque tu ne peux pas décider pas ce qu’il faut faire dans la vie, « y finit par être trop tard, y’a pus rien à décider ».

L’éditeur XYZ précise que Laviolette vit et écrit à Sainte-Thérèse, qu’elle aime composer des mélodies tristes sur des instruments à cordes, et lire les instantanés linguistiques de Michel Tremblay en mangeant des crottes de fromage.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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