Il y a parfois lieu de revoir l’Histoire pour y inclure ce qui a été oublié, omis ou ostracisé. C’est ce que fait Serge Fisette dans L’Homosexualité masculine au Québec, publié chez Québec Amérique. Il s’agit de l’étude la plus minutieuse et la plus exhaustive sur ce sujet.
L’auteur procède par tranches d’années: 1648-1899, 1900-1959, 1960-1969, 1970-1979 et ainsi de suite jusqu’aux années 2000. On y apprend, par exemple, qu’un soldat tambour est accusé de crime contre nature en 1648, et que la sodomie était une faute tellement grave en 1703 que seul l’évêque pouvait l’absoudre.
De Sodome et Gomorrhe à l’homosexualité moderne
Les journaux font régulièrement mention de « crimes dignes de Sodome et Gomorrhe »: Le Canadien en 1885, La Presse en 1886, Le Courrier du Canada en 1899. Les premiers à se définir sur la base de leur homosexualité sont des commis, des cols blancs et des petits commerçants.
L’auteur parle de la relation qu’a eue Émile Nelligan avec le jeune Arthur de Buissières. Dans l’espace de quelques décennies, on passe du sodomite voué à l’enfer, au criminel passible d’emprisonnement, puis au fou enfermé à l’Hôpital Saint-Jean-de-Dieu.
Des gais et lesbiennes chez Bernard Derome
À coups d’exemples concrets, Serge Fisette démontre que « c’en est bien fini de l’apparente cohésion sociale fondée sur la triade patrie / église / famille ». En 1968, des gais et des lesbiennes sont interrogés pour la première fois à la télévision lors de l’émission Dossier animée par Bernard Derome.