Sommet des Amériques: un autre raté dans la gestion des migrations

Du Sud vers le Nord

migrations, Sommet des Amériques
La table du Sommet des Amériques.
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Publié 23/06/2022 par Annik Chalifour

On n’a pas fait grand-chose pour ralentir les migrations du Sud vers le Nord au 9e Sommet des Amériques à Los Angeles du 6 au 10 juin. On y a remarqué l’absence du Mexique en réponse à l’exclusion imposée du Venezuela, du Nicaragua et de Cuba par les États-Unis.

Notre premier ministre Justin Trudeau y a déclaré que «les pays des Amériques partagent tous un certain nombre de problèmes urgents, tels que les pressions migratoires, le changement climatique et le rétablissement complet de la pandémie de covid-19».

26,9 millions $ pour ralentir le flux migratoire

Lors du Sommet, plusieurs dirigeants des Amériques, dont le Canada et les États-Unis, ont pris un «engagement historique», selon Joe Biden, pour atténuer la pression de la migration du Sud vers le Nord.

«La pression croissante de l’immigration irrégulière est imputable aux retombées économiques de la pandémie de covid-19, aggravées par la guerre en Ukraine, et les troubles provoqués par les autocraties dans la région», a clamé le président américain.

Cet engagement – constituant la principale réalisation du Sommet – prévoit que le Canada dépense 26,9 millions $ cette année pour ralentir le flux de migrants en provenance d’Amérique latine et des Caraïbes.

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migrations, Sommet des Amériques
Le visuel du 9e Sommet des Amériques, qui s’est tenue à Los Angeles du 6 au 10 juin 2022.

Gérer la migration à ses sources

Ce nouveau financement contribuera à l’accueil de 4000 migrants supplémentaires de la région d’ici 2028.

Ainsi qu’à des programmes visant à améliorer l’intégration et la gestion des frontières; à protéger les droits des migrants et des communautés d’accueil; à faire progresser l’équité entre les genres et à lutter contre le passage de clandestins.

Mais qu’en est-il de gérer la crise migratoire à ses sources?

Plus de 100 millions de personnes seraient actuellement déplacées de force dans le monde…

Haïti

Par exemple en Haïti, sans gouvernance imputable depuis l’assassinat du président haïtien en juillet 2021. Sous le contrôle absolu des gangs armés. Où le peuple vit dans un contexte d’insécurité chronique sur tous les plans…

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En ce qui concerne Haïti, le Canada a décidé de prioriser l’aide humanitaire. Cela ne règle en rien le flux migratoire continu des Haïtiens n’ayant aucun autre choix que de migrer, souvent au péril de leur vie, pour survivre…

Freiner la violation des droits humains

Dans les cas de plusieurs pays des Amériques et des Caraïbes, gérer la migration ne signifie-t-il pas – en tout premier lieu – de freiner la violation des droits humains perpétrée par des pouvoirs autocratiques et gouvernances non imputables?

Or, où en sommes-nous dans la mise en œuvre d’un plan concerté visant la mobilisation des ressources (négociation, médiation, gestion de conflit, justice pénale) visant la protection des droits de la personne au sein de notre continent des Amériques et des Caraïbes?

Haïti, séisme
Haïti a été éprouvé par des séismes ces dernières années. Mais surtout par le recul de la démocratie et la désintégration de la sécurité.

Accueillir des milliers des réfugiés? Vraiment!

Oui, le Canada est un pays d’accueil. On est d’accord.

Nous avons prévu d’accueillir un nombre illimité de réfugiés ukrainiens, 40 000 réfugiés afghans, 50 000 Syriens, 4000 migrants de plus des Amériques et des Caraïbes…

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En plus d’avoir accueilli et continuer d’accueillir des milliers d’autres migrants ces dernières années…

Mais quelle est notre vision afin d’assurer la gestion durable de l’accueil et de l’inclusion socioéconomique de ces milliers de gens en détresse?

Le ministère débordé

Par ailleurs notre ministère canadien de l’Immigration (IRCC), carrément débordé, est actuellement incapable de suffire à sa tâche…

immigration francophone
Le ministre canadien de l’Immigration, Sean Fraser.

Des milliers de gens sont présentement en attente injustifiable de leur statut depuis des mois, voire des années…

Tandis que l’on clame haut et fort que notre progrès dépend de l’immigration…

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Si l’on prétend être une terre d’accueil, il faudra d’abord être à la hauteur de notre prétention.

  • Revisiter le partage des responsabilités entre le fédéral et les provinces (notamment concernant les migrants francophones et francophiles).
  • Créer des partenariats régionaux avec des experts bilingues dans la gestion de populations issues de la migration forcée.
  • Renforcer les capacités de nos organismes et institutions bilingues impliqués dans la livraison des services appropriés auprès des réfugiés…

Il est temps d’agir: renforcer la gouvernance démocratique dans les pays sources de réfugiés; et garantir l’inclusion chez nous des milliers de gens qui arriveront.

Prière de diffuser le plan d’action.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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