Intrigues succinctes et surprenantes chez Serge Labrosse
Serge Labrosse signe un premier recueil de nouvelles qui sont à l’image de sa carrière de journaliste d’enquête. L’ouvrage, qui s’intitule L’encre sèche et on oublie, renferme des textes courts et incisifs. Quelques-unes des 25 nouvelles s’étendent à peine sur 17 ou 20 lignes. Reporter aux chiens écrasés Dans la première nouvelle de ce recueil, l’auteur décrit un reporter aux chiens écrasés. Le personnage couvre les petites crapules, les soûlards, les prostituées et autres gens du même acabit. «Ses mots disent leur misère, leur âme ravagée sous la peau rude, leur honte, leurs angoisses. Leur violence aussi.» Le titre du […]
Rouge sang, comme le crayon Prismacolor no 325
La couleur rouge évoque quelque chose de chaud et de vivant, mais aussi la mort. Dans la gamme de crayons Prismacolor, le no 325 est rouge sang. Le tout nouveau recueil de nouvelles de Lyne Richard, chez Lévesque éditeur, s’intitule justement Prismacolor no 325. Les textes de Richard nous entraîne dans les rues du quartier Saint-Sauveur de Québec, à la rencontre de personnages simples et vrais qui traversent des moments difficiles. La couleur rouge accompagne ce défilé tantôt déchirant, tantôt attendrissant, mais toujours empreint d’humanité. Vies de femmes Dans la nouvelle intitulée «De la mélancolie dans l’œil», l’autrice se penche […]
Souvankham Thammavongsa : des mots coups de poing ou caresses
Le nom de Souvankham Thammavongsa vous est probablement étranger. Or, cette Laotienne a remporté le Prix Giller 2020 pour son recueil de nouvelles à succès, How To Pronounce Knife, traduit maintenant par Mémoire d’encrier sous le titre Le K ne se prononce pas. Souvankham Thammavongsa est né en 1978 dans un camp de réfugiés laotiens en Thaïlande. Elle vit maintenant à Toronto et continue d’être l’une des voix les plus puissantes de sa génération. Au sujet du K qui ne se prononce pas, le New York Times parle d’un livre incontournable. La première nouvelle donne son titre au recueil. Comme on […]
Chez la militante noire Kathleen Collins, l’intérieur s’extériorise
Je n’avais jamais entendu parler de Kathleen Collins (1942-1988), poète, dramaturge, écrivaine, cinéaste, réalisatrice, militante des droits civiques et éducatrice afro-américaine, avant de lire Happy Family, un recueil de nouvelles laissé dans son tiroir et rendu public par sa fille. L’écriture vive et sincère de Collins puise toute sa puissance et sa poésie dans ce que la différence produit sur l’autre, aussi petite soit-elle. Kathleen Collins, une magicienne de l’intériorité Dans la préface, l’écrivaine américaine Danielle Evans écrit que Kathleen Collins est une magicienne de l’intériorité. «C’est là son plus grand tour de force: elle sait se glisser sous un […]
Sentiments vs pragmatisme à la campagne
Après quelques livres de poésie, Geneviève Boudreau signe un premier recueil de nouvelles intitulé La Vie au-dehors, où elle nous présente des visions mélancoliques, étranges et bouleversantes d’une campagne à la fois familière et cruelle. Vingt-huit nouvelles parfois dures sur la précarité de la vie. Au fil des textes, nous sommes souvent campés sur une ferme où se dresse «une bâtisse aussi grise que novembre». Les dialogues sont le plus souvent directs et parfois crus, comme «Le petit câlice, quand j’vas y mettre la main dessus… Y s’est rendu jusqu’au village, le tabarnac.» Qui ça? Un petit veau. Fins de vies […]
Le scalpel des sentiments homoérotiques 50 ans passés
Les Éditions du Blé présentent Rossel Vien comme fils natif, oublié, du Québec et fils adoptif, méconnu, du Manitoba où il a vécu sa vie adulte. Elles viennent tout juste de publier une réédition de son premier recueil de nouvelles, Et fuir encore, paru en 1972 chez Hurtubise HMH, dans la collection «L’Arbre» qui avait accueilli Gabrielle Roy, Anne Hébert, Yves Thériault, Jacques Ferron, Alain Grandbois. Gilles Delaunière Rossel Vien fait paraître ces nouvelles fortement autobiographiques sous le pseudonyme de Gilles Delaunière. Il juge que cela s’impose car la chronique d’amours masculines demeure encore hasardeuse, même trois ans après la […]
Le Prix Trillium pour quatre talents «émergents»
Le Prix littéraire Trillium 2020 en langue française a été décerné mercredi soir, au cours d’une cérémonie virtuelle, à Paul Ruban pour son premier recueil de nouvelles Crevaison en corbillard, publié aux éditions Flammarion Québec. En langue anglaise, ce prestigieux prix ontarien (doté d’une bourse de 20 000 $) a été remis à Téa Mutonji pour Shut Up You’re Pretty (VS. Books/Arsenal Pulp Press), qui est également son premier recueil de nouvelles. Le Prix de poésie Trillium en langue française est attribué à Premier quart (Prise de parole) de Véronique Sylvain, et Unmeaningable (Gordon Hill Press) de Roxanna Bennett l’emporte […]
Personnages loufoques et intrigues insolites
Louis-Philippe Hébert a publié 7 romans, 9 recueils de nouvelles, 11 recueils de poésie, une pièce de théâtre et de nombreux textes ou documentaires pour la radio. Plusieurs de ses ouvrages ont été traduits en différentes langues: anglais, azerbaïdjanais, espagnol, roumain, russe. Sa plus récente création est un recueil de nouvelles intitulé Petit chagrin ou Il ne faut pas laisser les êtres fragiles jouer avec des couteaux. Louis-Philippe Hébert est connu pour ses personnages loufoques et ses intrigues insolites. Ce nouvel opus n’échappe pas à la règle. La vie est un cirque Cette fois, l’auteur prolifique nous ramène à une […]
Cinq coups de cœur de notre chroniqueur
Au cours de l’année 2017, j’ai recensé quelque 50 ouvrages pour L’Express. C’est maintenant le moment de vous faire part de mes coups de cœur. On y trouve quatre romans et un recueil de nouvelles. Les auteurs sont originaires du Québec, de l’Ontario, de l’Acadie, des États-Unis et de la Suède. 1 – Jocelyne Mallet-Parent, Basculer dans l’enfer, Éditions David. Ce thriller explique avec brio comment la radicalisation peut devenir un formidable moyen de socialisation pour un jeune d’aujourd’hui. Et quand un enfant bascule dans l’indicible, le parent ne peut que se tourmenter, se demander comment il ou elle n’a […]
Une exposition de 18 crimes
Directeur d’école à la retraite, fou de lecture depuis toujours, Richard Migneault s’est recyclé en amant du polar. Après Crimes à la librairie et Crimes à la bibliothèque, il dirige un troisième recueil de nouvelles intitulé Crimes au musée. Dix-huit textes, tous écrits par des femmes de talent de part et d’autre de l’Atlantique. Les crimes ont lieu dans dix-huit lieux aussi variés que le Musée de la Police parisienne, le Musée d’art contemporain canadien à Toronto, le Musée à ciel ouvert en Turquie, le Musée Grévin, le Musée des beaux-arts de Montréal, le Palais des Doges à Venise, le Kigali Genocide Memorial ou le […]
Yolande Bastarache tenait à ses bonheurs
Après Mon village, la côte, Les Presses de l’Université d’Ottawa nous offrent un autre recueil de nouvelles de Yolande Bastarache, décédée en 2019. Les seize textes de Détresse et nostalgie décrivent les aléas du quotidien qui croisent cette insaisissable soif de l’horizon. Le début de la première et de la dernière nouvelle commence par un poème. On y lit: «Les bonheurs viennent et s’en vont si vite, si vite, / le temps est si court. / Je ne veux plus perdre mes bonheurs, / je veux les garder plus longtemps.» Souvent autobiographique On devine que les textes sont souvent autobiographiques. On […]
Contre-culture et éducation sentimentale
Professeur émérite à l’Université de Toronto, Michel Lord vient de signer Le bain, une novella (court roman) qui fait écho aux premiers balbutiements de la contre-culture au Québec. On voit comment la société québécoise quitte l’ère de Duplessis pour découvrir sa véritable identité. Le personnage principal est Philippe qui, au milieu des années 1960, avoue son homosexualité et se voit condamné par sa mère incapable de «concevoir que son fils fût à ce point maudit». Une commune d’étudiants Il quitte la Mauricie pour des études universitaires à Québec et rencontre Frédéric en 1972. C’est le coup de foudre. Le bain met […]