
Le genre humain pris en filature
Avec près de trente livres à son actif, Louis-Philippe Hébert est une voix reconnue dans le paysage littéraire québécois. Il a remporté le Prix du Gouverneur général du Conseil des arts du Canada (2015) avec Marie réparatrice. Son tout dernier roman, Un homme discret, est d’une écriture quasi indiscrète. On y voit le genre humain pris en filature. Le protagoniste est à la fois Julien Loiselle et Octave Damphousse. Loiselle travaille pour une agence de détectives privés à Québec et Damphousse est la nouvelle identité que se donne ce détective après une explosion à l’aérogare de Bruxelles. Tous les passagers […]

Jean Boisjoli et Pierre-Luc Bélanger décrochent le Prix Trillium
Le romancier Jean Boisjoli et l’auteur jeunesse Pierre-Luc Bélanger ont remporté, mardi soir au cours d’un gala à Toronto, le Prix littéraire Trillium de l’Ontario, respectivement pour La Mesure du temps (Éditions Prise de parole) et Ski, Blanche et avalanche (Éditions David). Six autres auteurs étaient en lice dans les deux catégories francophones: Paul-François Sylvestre pour Cinquante ans de «p’tits bonheurs» au Théâtre français de Toronto (Éditions du Gref); Louis L’Allier, Nikolaos, le copiste (Éditions David); Éric Mathieu, Les suicidés d’Eau-Claire (Éditeur La Mèche); Michèle Vinet, L’enfant-feu (Éditions Prise de parole); Gilles Dubois, Nanuktalva (Éditions David); Daniel Marchildon, Zazette, la […]

Un livre d’art et de paix
L’adage romain Si vis pacem, para bellum («Si tu veux la paix, prépare la guerre») est bien connu, même si on ignore ses origines. Il a été cité et même utilisé à titre justificatif très souvent en Europe et aux États-Unis. Cet axiome pose pourtant une question fondamentale, à savoir la paix dépend-elle réellement des armes? Dans son recueil Petite Flore latine, Pierre Larousse (1817-1875) répond par la négative: «Cette maxime toute romaine est peu philosophique… Il est paradoxal de dire que les gros bataillons assurent la paix. Les peuples sont de grands enfants: quand on a de si belles armes, […]

Joyce Carol Oates et Agatha Christie
L’auteure américaine Joyce Carol Oates compte plus de soixante titres à son actif. Le dernier à être traduit en français est Valet de pique, un thriller qui joue allègrement sur des références à Stephen King. Oates nous fait voyager dans le subconscient trouble d’un écrivain à succès. Cet écrivain est Andrew Rush et se cache dans le New Jersey rural. Il écrit des romans policiers vendus à des millions d’exemplaires. Il a, en fait, une double identité; sous le pseudonyme de Valet de pique, il publie avec grand succès des romans noirs, violents et pervers qui intriguent le monde littéraire tout en […]

Bonne chère, boisson, jeu, tout y va!
L’ancêtre canadien «levait aussi allègrement le coude que le cotillon». Robert-Lionel Séguin l’a démontré en 1972 lorsqu’il a publié La vie libertine en Nouvelle-France au XVIIe siècle. On vient de publier une nouvelle édition de cet ouvrage qui parle aussi bien de marivaudage, rapt, viol et adultère que de meurtre passionnel, inceste et homosexualité. Le 14 juin 1684, le baron de Lahontan écrit que les trappeurs et voyageurs «s’en donnent à cœur joie au retour». Les hommes mariés retrouvent leurs femmes et en profitent allègrement, mais les célibataires, eux, «se plongent dans la volupté jusqu’au cou. La bonne chère, les […]

Deux survivants de l’Holocauste et deux enfants à la dérive
Eva et Ruda Roden sont tous deux nés à Prague, dans l’ancienne Tchécoslovaquie. D’origine juive mais sans réelle adhésion religieuse, cette adolescente et ce jeune adulte sont conduits en train à bestiaux dans le camp de concentration de Terezin le 23 décembre 1943, puis à Auschwitz-Birkenau. Ils en sortent miraculeusement à la fin de la guerre et racontent leur histoire dans Eva et Ruda: récit à deux voix de survivants de l’Holocauste. Les trois camps d’Auschwitz avaient une capacité d’un quart de millions de détenus et de six à quatorze mille S.S. Chaque jour, ces derniers pouvaient gazer dix à vingt […]

Le plus réputé des écrivains marocains
Libération parle d’un «paria gagné», Jeune Afrique souligne «une écriture uppercut qui n’épargne personne», Le Devoir lui donne quatre étoiles, La Presse parle d’«une plume puissante et poignante». Il s’agit du roman Celui qui est digne d’être aimé, d’Abdellah Taïa. Cet écrivain né au Maroc vit à Paris depuis vingt ans et fait couler beaucoup d’encre. Son engagement pour la défense des homosexuels dans les pays musulmans fait de lui le plus réputé des écrivains marocains de sa génération. Inspiré par sa structure des célèbres Lettres portugaises (XVIIe siècle), ce roman épistolaire met en scène Ahmed, Marocain homosexuel d’une quarantaine […]

Un livre qui crée parfois un malaise
Le 16 mai, la librairie La Mosaïque a procédé au lancement officiel de Ma jumelle m’a quitté dans la dignité, de notre collaborateur Paul-François Sylvestre. L’ouvrage aborde directement la question du suicide assisté, «un sujet qui plonge plusieurs lecteurs dans un profond malaise», selon l’animatrice Lisette Maillet, présidente de la Société d’histoire de Toronto. En répondant à une question de l’animatrice, Paul-François Sylvestre a avoué que sa sœur jumelle avait longtemps caché sa maladie (sclérose en plaques). «Elle voulait vivre dignement et ne pas être définie par un seul aspect médical.» C’est en publiant le livre que l’éditeur Alain Baudot a […]

La Mésopotamie en vedette
Les lecteurs de L’Express savent que «la Mésopotamie est toujours parmi nous», pour reprendre un titre de 2011. Et voici que cette ancienne contrée tient encore la vedette par des publications d’un grand intérêt, pour ne pas dire d’une grande actualité. La Mésopotamie désigne cette région du Moyen-Orient qui recouvre principalement l’Irak actuel et une partie de la Syrie. Ce nom vient du grec ancien et signifie le pays «qui se trouve entre deux fleuves»: entre le Tigre (1 900 km), qui passe à Mossoul, et l’Euphrate (2 780 km), qui viennent de Turquie et se rejoignent pour se jeter dans le […]

Mettez votre confiance dans la peur de Dieu, car vous ne risquez pas de vous tromper
Philip Kerr est un auteur britannique qui a publié plus de 25 romans policiers. Son tout dernier s’intitule Pénitence et nous plonge dans la peur de Dieu ou l’univers du Dieu vengeur. L’Observer a parlé d’un roman «terriblement alléchant, sincèrement effrayant et délicieusement diabolique!» L’action de ce thriller haletant se déroule au cœur du FBI au Texas, où «on n’a jamais plus de cinq kilomètres à faire avant de rencontrer un lieu de culte». À Houston, où travaille l’agent Giles Martins, il y a 44% de Latino-Américains, ce qui en fait une ville extrêmement catholique. Une série de morts suspectes, […]
Quand la BD graphique devient biographique
Même si la représentation de la femme a évolué dans la bande dessinée – on est passée de ménagère stéréotypée à des héroïnes – il y a un nouveau combat aujourd’hui: la visibilité des femmes auteures de BD. Selon la bédéiste Sandrine Revel, qui participait ce week-end au Toronto Comics Arts Festival à la Bibliothèque de référence, «les femmes sont presque aussi peu représentées en BD que dans l’armée»! Cette dessinatrice française originaire de Bordeaux était aussi de passage à l’Alliance française de Toronto le 11 mai avec son compatriote Marcelino Truong ainsi que James Albon, bédéiste francophile originaire du Royaume-Uni. La rencontre-discussion était placée […]

La roublardise narrative de Daniel Poliquin
Vous vous souvenez peut-être de l’Affaire Coffin qui a secoué le Québec des années cinquante. Daniel Poliquin s’inspire de ce meurtre de trois chasseurs américains et de la pendaison de Wilbert Coffin, le 10 février 1956, pour nous livrer «un chef-d’œuvre de roublardise narrative»: Cherche rouquine, coupe garçonne. La narratrice est la rouquine du titre, mais on apprend son identité qu’au milieu du roman. Le ton est celui d’une simple conversation ou jasette, dont voici un exemple: «Mais mettons que ça va pas très bien de ce temps-ci, que ça a tout l’air que mes aspirations de jeune fille vont […]