La Sagouine à l’image de Viola Léger

Viola Léger, La petite histoire de la Sagouine, récit, Moncton, Éditions Perce-Neige, 2017, 150 pages, 25 $.
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Publié 10/07/2017 par Paul-François Sylvestre

Qui dit la Sagouine dit Viola Léger. Ce personnage emblématique créé par Antonine Maillet a toujours reposé sur les épaules de Viola Léger qui en raconte les origines et les débuts dans La petite histoire de la Sagouine. Ce récit est d’une valeur documentaire et archivistique inestimable.

Dans la préface, Gabriel Robichaud écrit que le mythe de la Sagouine n’aurait pas pu vivre aussi longtemps «sans la générosité, la rigueur, la fougue, la vulnérabilité, la fierté féroce, l’humilité et la force de cette femme» Viola Léger.

La Sagouine fait ses premiers pas en novembre 1970 sur les ondes de CBAF, la radio de Radio-Canada à Moncton. D’abord un texte de 15 minutes, puis un second. Comme le public en redemande, Antoine Maillet en écrit d’autres et les lit elle-même.

Viola Léger
Viola Léger

Le premier spectacle en bonne et due forme a lieu au Théâtre Les Feux Chalins, à Moncton, le 26 novembre 1971. Le texte indique «pièce pour femme seule», mais Viola Léger n’est pas d’accord.

«La Sagouine et les Acadiens ne font qu’un. Ils ne sont pas des spectateurs; ils sont dans le spectacle.» D’ailleurs, la Sagouine n’est pas seule sur scène; il y a, dans le texte, la présence suggérée de Gapi, la sainte, la serveuse sociale, le voisin, le prêtre, le fonctionnaire, etc.

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C’est pour cette raison que Viola Léger insiste sur le fait que «La Sagouine n’est pas un monologue, c’est un dialogue».

La comédienne précise que la Sagouine appartient à tout le monde parce qu’elle est «la sagesse, la dignité, l’espoir, la vie, la lutte et la victoire». Elle ajoute qu’«il n’y a rien dans le texte de La Sagouine qui n’est pas vrai ou trop vrai».

La Sagouine a toujours été jouée sans décor, juste quelques accessoires. L’un d’eux est une chaise berçante, symbole de la raconteuse: «aucun accessoire n’est plus approprié ni plus stimulant pour réchauffer la mémoire et la langue.»

Le récit nous apprend qu’on n’a pas changé un iota du spectacle acadien pour le faire passer au Québec. Il a été présenté au moins 700 fois au Théâtre du Rideau Vert.

La Sagouine a été à l’affiche à Toronto en 1979 (600e représentation) et en 1988 (900e représentation), mais la petite histoire que raconte Viola Léger se termine en 1976. Elle couvre l’Acadie, le Québec et l’Europe. En 35 ans de carrière, la comédienne a incarné la Sagouine près de 3 000 fois.

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Côté anecdotique, on apprend que la comédienne s’est toujours imposé un régime rigide lorsqu’elle jouait: «petit-déjeuner léger assez tard, puisque je me couche et me lève tard; le lunch encore très léger vers les deux ou trois heures; ensuite trois heures de préparation pour le spectacle, dont une heure d’exercices physiques». Le vrai repas est pris après le spectacle.

Viola Léger note que les Acadiens l’ont souvent félicitée dans la rue en lui demandant «comment va Gapi?» sans s’informer de la Sagouine. «C’est un des plus beaux compliments que je puisse recevoir.»

Ce merveilleux récit se termine sur un cahier de 16 photos en noir et blanc. La première nous montre celle qui a été sénatrice du 13 juin 2001 jusqu’à sa retraite à l’âge de 75 ans le 29 juin 2005.

Viola Léger dans son personnage de la Sagouine.
Viola Léger dans son personnage de la Sagouine.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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