
Secrets dans les brumes d’une lagune
Dès qu’on mentionne le nom de Donna Leon, on pense au commissaire Guido Brunetti et à Venise, lieu où se déroule l’action des polars de cette romancière d’origine américaine. Avec Les Disparus de la lagune, on se déplace légèrement au nord-est de la ville des canaux, où sont dissimulés des secrets scandaleux depuis des décennies. Une retraite solitaire Surmené par des dossiers compliqués, le commissaire Brunetti s’offre une retraite solitaire dans une superbe villa de l’île de Sant’Erasmo, loin de sa femme Paola et de son patron. Il a bien l’intention d’y passer ses journées de juillet à ramer sur la lagune vénitienne, à pêcher le poisson, à […]

L’étau sociolinguistique de la Conquête
L’homme au regard de lion, le tout dernier roman du prolifique Pierre Chatillon, couvre une demi-douzaine d’années dans la vie de son héros Yvon Beaupré, soit de la bataille de Trafalgar en 1805 à la Guerre de 1812. Comme Beaupré a combattu pour les troupes britanniques, celles qui étaient les vainqueurs de la bataille des Plaines d’Abraham en 1759, son retour et son accueil à Québec sèment la division. Yvon est-il un valeureux marin ou un traître, un vendu…? Français et catholiques purs et durs Les membres de la famille Beaupré sont des Canadiens français et des catholiques purs et durs. La mère écoute les sermons en français de son […]

Du Québec au Brésil, en passant par la France: une épopée féminine
Le tout dernier roman d’Éric Dupont, La route du lilas, publié l’automne dernier, a la qualité d’être prometteur. Deux femmes, une Québécoise et une Brésilienne, se rencontrent à Paris juste avant les évènements de mai 1968. Elles se lient d’amour, découvrent ensemble la ville, la littérature, et certaines douleurs de la vie. Ce roman épique, qui tangue de la France au Brésil, et de Nashville à la Gaspésie, est un hommage aux personnages féminins grandioses, ainsi qu’à la fleur peu commune qu’est le lilas. L’auteur québécois Éric Dupont a eu un automne occupé. En plus de promouvoir La route du […]

Véhicules volants, navettes de lévitation et voies en apesanteur
Peut-on rêver d’une planète où les politiques sociales, économiques et environnementales seraient uniformes, un seul peuple, un seul gouvernement? Mathieu Muir explore cette avenue dans un roman de science-fiction intitulé L’ère de l’Expansion. L’action s’étend de 2208 à 2253, si l’on compte seulement les années de notre ère… En 2208, à la suite du traité de Tokyo, la Terre est divisée en quatre pôles: l’Étoile d’Amérique, l’Union transeuropéenne, l’Alliance du Sud et le Soleil d’Orient. Les frontières sont fermées, pas de migration possible d’un pôle vers un autre. Partout, on tente de limiter la croissance démographique. Scientifique de formation Mathieu […]

De la magasinite à la cleptomanie
L’épouse du ministre des Finances de la France reconnaît qu’une force s’empare d’elle lorsqu’elle s’empare d’un objet sans le payer. Valentine de Lestrange ne vole pas, le verbe est mal choisi. Elle détourne, soustrait, subtilise, «fait disparaître»… Ce personnage est disséqué par la romancière Florence Noiville dans Confession d’une cleptomane. Une pulsion Les petits vols discrets et subtils de Valentine l’amusent, l’excitent. Elle en a réellement besoin. Il s’agit d’une pulsion qui vient de Dieu sait où, mais qui lance un défi. Dans sa famille, on souffre de cleptomanie depuis trois générations; sa mère et sa grand-mère jouissaient de cette «souffrance». Très souvent, les cleptomanes […]

Un roman sur l’exil de soi-même
La Franco-Manitobaine Simone Chaput s’inspire du dieu grec Tirésias, un devin aveugle, pour concocter l’histoire d’un écrivain qui subit une étonnante métamorphose. Son roman Les derniers dieux fait référence aux Livres des métamorphoses, du poète romain Ovide. Le personnage principal est Thierry Sias et son nom fait évidemment écho au dieu grec Tirésias. Cet écrivain new-yorkais se retire dans la villa de son éditeur, au bord de la mer, pour avancer en paix dans son roman. Transformé en femme Or, en se promène dans une forêt, Thierry subit le sort jeté par des anciens dieux. Il est transformé en femme. […]

Une intrigue tombée du ciel un 24 décembre
Le Père Noël file sur son traîneau et un cadeau s’échappe, tombe dans un banc de neige près d’une forêt. Le blaireau est le premier à le voir… Ainsi commence le conte Pas de cadeau pour les bêtes, de l’écrivain français Paul Martin. Après le blaireau suivent un lapin, un écureuil, un corbeau, puis un rouge-gorge qui raconte l’incident à qui mieux mieux. Les animaux rappliquent: l’ours rêve d’un pot de miel, le renard d’une terrine de pâté, le héron au long cou d’une écharpe chaude, le serpent craint que ce soit un vélo ! Le hibou décide qu’il ne […]

Écriture sensible et délicate d’un septuagénaire
Dans Flâneries et souvenances, le Franco-Manitobain Bernard Mulaire, 73 ans, raconte sa timide découverte de l’homosexualité, sa sortie du placard pleine de délicatesse et de sensibilité, puis sa vie de gai adulte marquée du sceau de la vulnérabilité. Né à Saint-Pierre-Jolys, éduqué au Collège de Saint-Boniface, il estime que «la Révolution tranquille au Manitoba français a dû quelque chose à l’éveil de l’homosexualité parmi les siens, à son esprit contestataire». Le livre prend la forme d’un journal écrit entre 2003 et 2017, mais il raconte des pages de vie souvent antérieures à ces années-là. Plusieurs notices nous ramènent au cours […]

Sherif américain et tueur en série
Journaliste et romancier français, Patrick Manoukian signe presque tous ses livres sous des pseudonymes tels que Paul Eyghar, Jacques Haret et Ian Manook. Son tout dernier polar intitulé Hunter a paru sous le pseudonyme Roy Braverman et montre comment un tueur en série peut en cacher un autre… peut-être même davantage. Putain de bled L’intrigue se développe dans «cette saloperie de neige dans cette foutue forêt de ce putain de bled» où le demi-sang indien Hunter a sauvagement exécuté cinq hommes et fait disparaître leurs femmes. Après douze ans de prison, «il est revenu et il recommence». Les cinq hommes ont […]

Cinq coups de cœur de notre chroniqueur
Au cours de l’année 2018, j’ai recensé environ soixante ouvrages pour L’Express. C’est maintenant le moment de vous faire part de mes coups de cœur. On y trouve quatre romans et un récit. Les auteurs sont originaires de l’Ontario, de la France, des États-Unis et de la Suède. 1 – Sofia Lundberg, Un petit carnet rouge, Éditions Calmann-Lévy. Ce roman peint une vie furieusement intense où le magique et le tragique s’entrecroisent pour nous faire vivre de fortes émotions. J’ai essuyé mes larmes quand j’ai vu comment un authentique amour trouve toujours son chemin, par-delà mers et mondes. Nous n’hésitons […]

Cadeau de Noël inespéré
Certains romans méritent de sortir de l’oubli et d’être réédités. L’orange de Noël, de Michel Peyramaure, figure parmi ceux-ci. Les Éditions retrouvées ont récemment donné une nouvelle vie à ce roman paru en 1982. L’action du roman de Michel Peyramaure se déroule de septembre 1913 à août 1914, donc à l’aube de la Première Guerre mondiale. Les personnages habitent Saint-Roch, petit village français de basse Corrèze où l’école laïque dérange le curé que certains paroissiens n’hésitent pas à traiter de «salaud, Tartuffe et ignoble personnage». Innocentoune La narratrice Malvina, 14 ans, ne sait ni lire ni écrire. Elle est une […]

Les Prix littéraires du Gouverneur général, de A à Z
Les écrivains canadiens sont encensés sur la scène nationale depuis 1936, année de la première remise des Prix littéraires du Gouverneur général. Le professeur Andrew David Irvine, de l’Université de la Colombie-Britannique, a compilé toutes les œuvres primées entre 1936 et 2017 dans Les Prix littéraires du Gouverneur général du Canada, une bibliographie. Cet ouvrage de plus de 400 pages est la première recension complète et exacte des 705 titres primés depuis plus de 80 ans. Ce qui m’a le plus étonné, c’est que des titres de langue française n’ont pas été récompensés avant 1959, soit 23 ans après la […]