Rentrée à l’Université de l’Ontario français: des défis pour Pierre Ouellette

UOF 9 Lower Jarvis
L'UOF au 2e étage du 9 Lower Jarvis au centre-ville de Toronto, presqu'au bord du lac. Photo: François Bergeron
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Publié 30/09/2021 par Clément Lechat

Les 151 étudiants de la première promotion de l’Université de l’Ontario français (UOF) ont fait leur rentrée en ligne le 9 septembre dernier. Un jour historique signant l’aboutissement d’un projet de longue haleine, qui aura suscité des débats houleux au sein même de la communauté.

La rentrée a eu lieu à quelques semaines du Jour des Franco-Ontariens, le 25 septembre. Une coïncidence plus que symbolique pour Pierre Ouellette, recteur de l’Université.

«J’ai travaillé toute ma vie en Ontario français. Je suis né ici. J’ai étudié ici. L’Ontario français m’est tatoué sur le cœur», a-t-il dit dans une intervention au Club canadien de Toronto le 23 septembre. «Faire partie de cette première rentrée, c’est une fierté incroyable», insiste celui qui fut de 2011 à 2016 recteur à l’Université de Hearst.

UOF, rentrée
Pierre Ouellette.

Cette inauguration met fin à une inégalité d’accès à l’enseignement post-secondaire pour les francophones dans le Centre et le Sud-Ouest. Environ 225 000 des 620 000 Franco-Ontariens habitent dans cette région, soit 36% d’entre eux. Un nombre qui ira en s’accroissant dans les prochaines années, selon Pierre Ouellette.

Cours transdisciplinaires… à distance

Située au 2e étage du 9 Lower Jarvis, dans un immeuble neuf, l’institution a décidé de ne pas accueillir ses étudiants en présentiel pour le moment. Mais ce n’est qu’une question de semaines avant de basculer vers un format hybride, assure M. Ouellette.

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«Nous avons reçu notre campus qu’à quelques jours de la rentrée. Nos professeurs n’ont ainsi pas reçu la formation pour utiliser les technologies de pointe pour l’enseignement en salle de classe. Nous étions soucieux de ne pas les mettre dans une situation de vulnérabilité, et nous voulions miser sur la qualité de l’enseignement. Donc, nous avons opté pour un enseignement entièrement à distance pour le moment.»

Pierre Ouellette, UOF
L’université était encore en travaux pendant l’été. Photo: page Facebook de l’UOF

Ces cours «hybrides», aussi appelés «en comodalité», feront partie intégrante de la pédagogie de l’UOF, même après la pandémie.

Certains programmes se sont révélés plus populaires que d’autres. Les études de l’économie et de l’innovation sociale ont le vent en poupe. Les cultures numériques arrivent en seconde position, suivies de l’étude des environnements urbains. Le programme sur la pluralité humaine a été le moins plébiscité.

D’autre part, une quinzaine d’étudiants se sont inscrits dans des certificats (1an) ou micro-certificats (1 semestre), comme en pédagogie ou en sciences humaines appliquées.

Se voulant innovante, l’université adopte une approche transdisciplinaire qui mélange les disciplines pour mieux cerner la complexité des problèmes du XXIe siècle.

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De nouveaux programmes pour l’Ontario français

L’’Université de l’Ontario français ne s’arrêtera pas à 4 programmes principaux. L’objectif est d’enrichir l’offre dans les années à venir.

«Nous entendons les commentaires de la communauté et entrons en contact avec elle pour réfléchir aux prochaines pistes de développement. Nous voyons des besoins de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs», indique M. Ouellette.

Pierre Ouellette, UOF
Les programmes de l’UOF.

Par exemple, un nouveau baccalauréat en éducation est en cours de préparation. Actuellement en attente d’approbation par le ministère, ce 5e programme sera présenté en avril et viendra répondre à la pénurie d’enseignants francophones dans les écoles secondaires et d’immersion.

En effet, rien que pour les écoles d’immersion, l’Association canadienne des professionnels de l’immersion (ACPI) chiffre à 20 000 le nombre d’enseignants supplémentaires requis dans les années à venir.

Pourquoi ne pas avoir proposé ce programme dès la rentrée 2021? «Les 4 programmes que nous avons lancés cette année sont urgents pour former un leadership francophone dans nos communautés. Nous en avons besoin. Cela fait 5 ans que je vis à Toronto. Je vois un leadership ici, mais il pourrait être renforcé. Il n’est pas le même que celui des autres milieux universitaires francophones ailleurs dans la province et au pays», insiste Pierre Ouellette.

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Attirer les Franco-Ontariens à l’UOF 

Les défis sont nombreux pour cette jeune université qui devra se faire une place au milieu d’autres institutions plus anciennes.

En priorité, l’Université de l’Ontario français souhaite rééquilibrer le ratio entre étudiants internationaux et locaux, pour ainsi mieux correspondre à son mandat initial: «Par et pour les Franco-Ontariens».

Lors de l’année universitaire 2021-2022, 70% des étudiants sont étrangers, contre 30% de Canadiens.

«Pour le recrutement domestique, notre fenêtre de recrutement en 2020 a été raccourcie, car nos programmes ont été approuvés tardivement par le ministère, en octobre. L’UOF n’a pas été présente dans les écoles secondaires autant que nous l’aurions voulu. En comparaison, lorsqu’on recrute à l’international, nous sommes face à une population étudiante qui a déjà pris la décision d’aller étudier ailleurs. Le Canada est très attractif. C’est donc une décision qui se prend très rapidement», analyse-t-il.

Pour attirer davantage de Franco-Ontariens, surtout ceux des régions du Centre et du Sud-Ouest, l’UOF entend aller au contacter des élèves tout au long de leur cursus secondaire, et approcher les conseillers d’orientation pour se faire connaître.

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Cependant, Pierre Ouellette admet qu’il faudra s’armer de patience. «Une université ne se crée pas en 3 semaines, ni en 3 mois, et peut-être même pas en 3 ans», souligne-t-il.

Un autre défi de taille pour attirer les étudiants concerne l’accès à un logement abordable. L’université, située en plein centre-ville, a dorénavant tissé un premier partenariat pour proposer des logements à proximité du campus.

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