Les chercheurs en science politique qui étudient la montée des gouvernements autoritaires trouvent en Donald Trump un fascinant sujet d’étude. Plus exactement: pas lui, mais ses partisans.
Si le succès de Trump semble avoir pris tout le monde par surprise, il se trouve tout de même un petit groupe de chercheurs moins surpris que les autres. Un groupe qui, à la frontière des politologues et des psychologues, faisait depuis une quinzaine d’années un parallèle inquiétant entre les paramètres qui ont jadis permis, en Europe, l’émergence rapide de chefs autoritaires aux idées extrêmes — Hitler, Mussolini — et des paramètres similaires aux États-Unis.
Dans son ouvrage The Authoritarian Dynamic, paru en 2005, mais qui suscite tout à coup un intérêt accru, l’Australienne Karen Stenner, professeur en psychologie politique, dégageait une définition générale de «l’autoritarisme»: il peut être «activé» chez un groupe de gens en leur faisant percevoir ou craindre une menace physique ou une déstabilisation de l’ordre social.
Ce qui conduit ces électeurs à réclamer des politiques extrêmes et des leaders forts. Comme le résume cette année Jonathan Haidt, de l’Université de New York: «Dans le cas d’une menace morale, fermez les frontières, jetez dehors ceux qui sont différents et punissez ceux qui sont moralement déviants.»
Pour Stenner, «autoritarisme» ne doit pas être confondu avec «conservatisme», et ce serait la raison pour laquelle les analyses politiques traditionnelles ne l’auraient pas vu venir.