Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.
Roman québécois et guide montréalais
L’écrivaine Claire Boulé a grandi à Québec, près du fleuve. Elle sait qu’il peut y avoir «beaucoup d’eau dans nos mémoires». Les marées bousculent parfois le cours des événements et des souvenirs; c’est ce qui arrive dans son tout dernier roman, Le bruit sourd des glaces. «Brillant comme une lame d’acier», le fleuve tranche des morceaux de vie; il est «une entaille qui nous divise». Dès lors, la mission de Claire Boulé s’impose. «Avant que les repères s’évanouissent, il faut mettre des mots sur ce qui va disparaître, apposer du noir sur le blanc pour ne pas qu’il oblitère tout.» […]
Écrire est savoir demeurer dans l’intime
Le tout dernier récit d’Éric-Emmanuel Schmitt relate la relation entre un jeune homme qui veut apprendre le piano et sa professeure polonaise assez extravagante. Madame Pylinska et le secret de Chopin est écrit au «je»: à 9 ans, Éric est bouleversé en entendant sa tante jouer du Chopin; à 21 ans, il décide d’apprendre à jouer du piano. Ce qui l’attend est rien de moins qu’un apprentissage de la vie, de l’amour et de l’écriture. La première fois que l’enfant entend sa tante jouer un air de Chopin, il découvre «l’épiphanie d’une manière d’exister différente, dense et éthérée, riche et […]
Ode à l’intemporelle New York
Passionné de sa ville natale, John Freeman Gill a écrit pour tous les périodiques littéraires de New York. Son premier roman, Les Chasseurs de gargouilles, est une ode à la ville la plus chaotique de l’Amérique. On y découvre que New York bat tous les records: «plus dominatrice et plus ordurière, plus industrieuse et plus contente d’elle-même, plus pressée et plus insolente, plus raffinée, plus dépravée, plus intemporelle…» Griffin Watts, 13 ans, est le narrateur des Chasseurs de gargouilles. Nous sommes au début des années 1970; la sœur aînée de Griffin découvre les amourettes et leurs parents sont séparés. Le […]
St. Jacobs : Mennonites et entreprenariat font bon ménage
Avec plus de 500 marchands en haute saison, le St. Jacobs Farmers’ Market est le plus vaste au Canada. On peut le visiter à l’année longue les jeudis et samedis, ainsi que les mardis durant la période estivale. À quelques kilomètres de Kitchener, le marché de St. Jacobs permet aux fermiers mennonites des environs de vendre leur abondante production de fruits, légumes, viande et fromage. Connus pour leur style de vie traditionnel, les Mennonites sont en fait des entrepreneurs qui profitent d’une société largement axée sur la consommation. Venus de Suisse C’est en 1536, en Suisse, que Menno Simons créent […]
Le droit de savoir vs le droit de se taire
Dans L’Importance d’être Constant, Oscar Wilde écrit que «la vérité est rarement pure et jamais simple». Cela demeure on ne peut plus manifeste dans Natalia Z., premier roman de Chantal Garand. Quand un homme retrouve sa mère biologique 62 ans plus tard, comment choisir entre «celui qui a le droit de savoir ou celle qui a le droit de se taire»? La réponse est ni pure ni simple. La Natalia du titre donne naissance à un garçon le 7 juin 1945 à Oslo et l’offre en adoption. Le bébé devient Tollef Olsen et mène 62 ans de bonheur. Quand ce […]
Couple dépecé avec une précision presque chirurgicale
Les romans à quatre mains sont assez rares. Hans-Jürgen Greif et Guy Boivin ont récemment cosigné Le pélican et le labyrinthe, une aventure psychodramatique d’un couple de Québec, où le pélican représente la femme et le labyrinthe, l’homme. Les deux co-auteurs montrent comment «savoir est le véritable pouvoir des femmes». L’intrigue de ce roman à deux voix est racontée en alternance par Jean-Loup (labyrinthe) et Hortense (pélican). Le premier est un Français arrivé au Canada à l’âge de 21 ans; il devient bibliothécaire spécialisé en histoire de l’art à l’Université Laval. Originaire de Kénogami, la seconde est une puéricultrice formée […]
Quand un écrivain n’est plus cru, il est cuit !
Le premier roman de Claude La Charité s’intitule Le meilleur dernier roman. Ça ne s’applique pas au livre qu’on lit mais plutôt à un prix littéraire que l’Université du Québec maritime décide de décerner. L’intrigue se passe à Mirouski, mais cela pourrait aussi bien être Rimouski. Le nom de l’endroit n’est qu’un des très nombreux jeux de mots servis par La Charité. Il est question, notamment, de Lis-tes-ratures, de Word Trade Center et de Grand Antonio de la littérature populaire. Un conteur se prénomme Télesphore, comme le porteur de lumière qui phosphore. Revenons à l’intrigue. Dix profs du département de […]