En prévision d’une victoire d’Hillary Clinton, j’avais échafaudé une belle théorie à l’effet qu’aux États-Unis la «majorité silencieuse» est plutôt progressiste ou libérale, appartenant ou s’identifiant à «l’élite» et ayant élu deux fois Barack Obama.
Gros travail de réécriture ce matin.
C’est Richard Nixon qui avait inventé ce terme de «majorité silencieuse» vers la fin des années 1960, pour décrire son électorat conservateur inquiet face à la contre-culture, l’émancipation des femmes, la révolte des noirs et les manifestations contre la guerre du Vietnam.
Aujourd’hui, le pays étant plus divisé que jamais en plein milieu, on ne peut plus parler en termes de majorité et de minorité. Et, aussi improbable que ça puisse paraître, c’est Donald Trump qui représente la plèbe mécontente, impatiente, impolie, bruyante, dont les problèmes et les griefs ont été ignorés ou sous-estimés par la classe politique, médiatique, académique et financière.
Ce «mouvement» – comme l’a justement décrit le vainqueur, cette nuit, dans son discours inhabituellement magnanime – n’est pas uni sous un programme cohérent: Trump, qui a capitalisé autant sur ses défauts spectaculaires que sur ses rares qualités, n’est pas cohérent. Les Républicains non plus. Mais ils n’ont pas tort sur toute la ligne.