Même si Hillary Clinton était élue présidente des États-Unis le 8 novembre (de plus en plus probable), Donald Trump est sans conteste «l’homme de l’année», sa candidature iconoclaste ayant fasciné les médias et imposé le narratif de la campagne du début à la fin, formidable sujet d’étude pour les sciences sociales pour des années à venir.
Avec Sarah Palin, colistière de John McCain en 2008, le Parti républicain s’était couvert de ridicule en voulant jouer la carte populiste, mais on pouvait encore croire à une aberration. Avec Donald Trump, c’est toute la démocratie américaine qui est entraînée vers le bas. Une autre aberration ou un phénomène durable?
Cette campagne a été tellement déséquilibrée qu’examiner les qualités et les défauts d’Hillary Clinton a semblé une perte de temps: c’est une personne «normale» et une politicienne «traditionnelle».
Son programme, qui s’inscrit dans la continuité des deux mandats de Barack Obama, n’a rien de remarquable non plus, au point que la candidature de Bernie Sanders paraissait inventée, au début, pour servir de faire valoir et empêcher les Républicains de monopoliser l’attention.
Même si c’est «son tour» – c’est-à-dire celui d’une femme, un heureux précédent comme l’a été le premier président noir – on aurait examiné de plus près, face à un adversaire sérieux, ses travers nixoniens, ses accointances à Wall Street (documentés la semaine dernière par Wikileaks), son bilan mitigé à la Maison-Blanche de Bill Clinton, au Sénat, puis au Secrétariat d’État, son louvoiement sur divers enjeux et ses prescriptions pour relever les défis actuels.