En 2012, Barack Obama avait obtenu 65,9 millions de votes, contre 60,9 millions pour son adversaire républicain Mitt Romney. En 2016, Hillary Clinton n’a pas fait mieux: 65,8 millions (48% des suffrages exprimés), contre 62,9 millions (46%) pour Donald Trump. Une meilleure répartition de ses appuis sur le territoire a donné à Trump une majorité au Collège électoral.
Seulement 58% des électeurs se sont rendus aux urnes le 8 novembre, moins qu’en 2012 (60%). C’est contre-intuitif, après l’une des campagnes les plus controversées de l’histoire des États-Unis, où la bienséance «politiquement correcte» a été bafouée à répétition et où le «langage de vestiaire» a envahi la place publique.
Les femmes, par exemple, auraient pu permettre à Clinton de devenir la première présidente en votant pour elle en plus grand nombre. Les noirs, déjà largement acquis au Parti démocrate, avaient évidemment voté encore plus massivement pour Obama, mais il a ratissé plus large que Clinton dans presque tous les milieux.
Les latinos auraient pu se détourner du candidat républicain. En fait, selon des sondages à la sortie des bureaux de scrutin, qui valent ce qu’ils valent, Trump aurait reçu l’appui d’un peu plus de noirs, de latinos et d’asiatiques que Romney, bien que son électorat soit aussi blanc (un peu plus pauvre et un peu moins scolarisé).
Doit-on en conclure qu’une campagne de salissage est plus susceptible de dégoûter les citoyens de la politique que d’instiller un sentiment d’urgence et stimuler la participation? C’est sans doute que les deux candidats étaient coupables: Trump n’est pas un modèle de rectitude morale, mais Clinton aussi a parlé plus souvent des travers de son adversaire que de ses prescriptions pour l’économie, l’environnement et les relations internationales.