Tous les héritages littéraires à l’honneur au Salon du livre de Toronto

Des Premières Nations aux réfugiés ukrainiens du passé et du présent, en passant par les francophones d’ici, d’Europe et d’Afrique, tous les héritages littéraires étaient célébrés au Salon du livre de Toronto 2022.

Cette 29e édition, de retour en présentiel exactement la veille de la levée du port du masque sanitaire à l’intérieur en Ontario, a commencé vendredi soir 18 mars et s’est poursuivie jusqu’à dimanche 20 mars à l’Université de l’Ontario français.

C’est l’ancienne journaliste torontoise Janine Messadié qui a remporté cette année le prix littéraire Alain Thomas, remis par le Salon du livre de Toronto, pour son récit épistolaire Lettre à Tahar Ben Jelloun.

Le public de retour au Salon du livre

Les espaces ouverts et l’agora de l’UOF, au 2e étage du 9 rue Lower Jarvis, au bord du lac, se prêtaient bien à l’événement, plus modeste que ses foires passées à la bibliothèque centrale.

Le public enfants et adultes était au rendez-vous d’éditeurs de la francophonie canadienne et de quelques auteurs et artistes, comme la poète, chanteuse et comédienne innue Natasha Kanapé Fontaine, dont le concert, présenté par Francophonie en fête, avait lieu samedi soir.

Michel Jean

Et c’est un autre auteur innu, le journaliste et très populaire romancier Michel Jean, qui était la «vedette» littéraire de ce Salon du livre 2022, faisant salle comble dans l’agora de l’UOF samedi après-midi.

Michel Jean a aussi participé à une discussion sur «nos héritages littéraires» avec Natasha Kanapé Fontaine et cinq autres auteurs d’origines arabes, africaines, européennes et québécoises.

Plusieurs personnages de Michel Jean sont des Autochtones itinérants dans nos grandes villes. Mais d’autres romans racontent des histoires d’Haïti, du Sri Lanka ou encore du point de vue d’un homme complètement paralysé qu’on croit inconscient.

Son rapport à l’identité ou à l’héritage culturel n’est donc pas toujours évident.

Héritages culturels… futurs

Monia Mazigh vit elle aussi l’ambiguïté. «Je suis femme, immigrante, musulmane, canadienne…» Elle est Tunisienne, donc francophone à cause de la colonisation… Elle vit à Ottawa, où elle dit parler plus souvent anglais que français ou arabe…

Elle se sent autant «privilégiée» que «damnée» d’entretenir en elle ces diverses personnalités.

La Torontoise Tassia Trifiatis-Tezgel, née d’un père grec et d’une mère québécoise, et dont le mari est kurde, estime que les héritages culturels futurs, ceux qu’on construit, sont plus importants que ceux dont on a hérité à la naissance.

Natasha Kanapé Fontaine s’inscrit plutôt dans une démarche de «récupération» de sa culture et de ses savoirs oubliés par l’histoire du Canada.

Culture de libertés

Enfin, à l’heure où l’envahisseur russe tue et bombarde l’Ukraine, Melchior Mbonimpa, qui vient du Burundi, rappelle que les libertés font aussi partie de notre héritage culturel.

«J’ai grandi dans un pays où il n’y avait pas de libertés ni de sécurité comme au Canada», dit-il. «Par la littérature et les arts, je veux transmettre la passion pour les libertés.»

Rappelons que le Salon du livre 2022 a été placé sous la présidence d’honneur d’Anastasia Baczynskyj, directrice d’une association canadienne vouée à la protection des livres ukrainiens rares.

Une table ornée du drapeau ukrainien exposait quelques livres de cette collection.

Journée de la francophonie au Salon du livre

Le Salon se poursuivait dimanche avec, justement, une présentation de l’histoire de cette collection de livres rares par Anastasia Baczynskyj.

L’association ukrainienne ayant décidé en 2017 que sa bibliothèque de 20 000 livres ferait place à un café, Anastasia Baczynskyj a entrepris de les récupérer et de les cataloguer.

La récente invasion de l’Ukraine par la Russie, «visant à détruire la culture ukrainienne», a soudainement rappelé que «les livres sont la preuve de l’existence et de la vitalité d’une culture».

La dernière journée du Salon du livre proposait aussi une rencontre autour de l’écrivaine franco-torontoise d’origine allemande Marguerite Andersen, qui a 97 ans, ainsi qu’une célébration de la Journée internationale de la francophonie ce 20 mars.