Daniel Marchildon publie en Australie
Les romans franco-ontariens traduits en anglais ne courent pas les rues. Daniel Marchildon peut se targuer de figurer sur cette courte liste puisque L’eau de vie (Uisge beatha) vient de paraître aux éditions Odyssey Books, en Australie. Le roman a été traduit par Marta Ziemelis sous le titre The Water of Life (Uisge beatha). Il s’agit d’une fresque historique entremêlant la fascinante odyssée du scotch à l’étonnant récit de la vie côtière de la baie Georgienne. L’auteur a imaginé une saga familiale mouvementée qui sillonne deux continents, trois lignées et plusieurs générations. Les mots «Uisge beatha» signifient en langue irlandaise «eau […]
Les premiers pas de la médecine à Québec
Depuis 2000, les Services historiques Six-Associés offrent des visites guidées de Québec, chacune sous une thématique particulière. Il est tour à tour question de crimes et châtiments, de luxure et ivrognerie, de trésors et superstitions. À défaut de vous rendre sur place pour ces visites, il est parfois possible de lire le guide que publient les Éditions du Septentrion. Je vous ai parlé de crimes et châtiments ainsi que de luxure et ivrognerie en août 2013. Cette semaine, place aux Docteurs, guérisseurs et fossoyeurs: la médecine à Québec du XVIIe au XIXe siècle. Le circuit de visite comprend dix stations, […]
Moi aussi, je suis un bon Jack
Avant de commencer à lire Le courage de ses convictions, l’autobiographie de Thomas Mulcair qui vient de paraître aux éditions Michelle Tisseyre (et avec l’assistance de celle-ci) en ce début de campagne électorale fédérale, je ne me demandais pas tant «quelles convictions?» que «quel courage?». Car, si on sait déjà où se situe le Nouveau Parti Démocratique sur l’échiquier politique (à gauche: pour un rôle accru de l’État dans les affaires de tout le monde), on sait aussi que répondre «oui» à toutes les demandes de financement et d’intervention ne requiert aucun courage. C’est dire «non» (dépenser judicieusement, pas plus […]
Croquemorts et crémation
«Tout comme le sexe et la sexualité étaient les tabous de l’époque victorienne, la mort et la mortalité sont les tabous de l’époque moderne.» Voilà ce qu’affirme Caitlin Doughty dans Chroniques de mon crématorium, un récit fascinant sur l’industrie funéraire, une réflexion fort bien documentée sur comment accueillir nos morts plus humainement et comment accepter l’inacceptable. Pour obtenir son diplôme en études médiévales, Caitlin Doughty a écrit un mémoire sur les sorcières accusées de faire rôtir des enfants morts et de broyer leurs os. Incapable de trouver un emploi relié à l’histoire médiévale, elle accepte de travailler pour Westwind Cremation […]
Des nouvelles hors d’une zone complaisante de confort
Le numéro 145 de la revue Mœbius réunit vingt et un auteurs qui ont exploré le thème «Comme il vous plaira». Pilotée par Lucie Bélanger, cette livraison s’est élaborée «au fil des rencontres le long de chemins de traverse et de sentiers qui bifurquent». Le thème n’est pas un carcan imposé aux auteurs, il est plutôt une force délicieusement centrifuge qui nous tire hors du chemin balisé, hors d’une zone complaisante de confort. Mathieu Blais signe le premier texte intitulé L’axe libre du carrousel, qui est un «récit de masse et d’inertie». Si j’ai bien compris, il est question de […]
Chefs-d’œuvre de la tapisserie
«L’art de la tapisserie, trop méconnu du grand public tant sur le plan purement esthétique que sur le plan technique, semble parfois trop discret pour faire sa place dans la mémoire culturelle.» Cette assertion de Maison.com, parue en 2010, reprise dans L’Express du 16 octobre 2012, La tapisserie, un art méconnu?, est toujours d’actualité, surtout ici, au Canada. Il y a à cela plusieurs raisons, historiques et pratiques. Les plus célèbres chefs-d’œuvre de cet art ont, pour la plupart, appartenu à des souverains et autres nobles qui tenaient leur place dans l’ancienne Europe, se trouvent maintenant bien souvent dans des […]
Une formidable leçon de vie
Avant d’avoir lu Mémoires d’un bon à rien, je ne connaissais pas Gary Shteyngart. Le New Yorker a pourtant désigné ce quadragénaire comme l’un des vingt meilleurs auteurs de sa génération. Le New York Times a écrit que «Shteyngart sait manier l’autodérision autant que l’introspection, avec une tendresse presque tchekhovienne». Né en 1972, Shteyngart quitte Leningrad et l’Union soviétique dans ses dernières heures pour débarquer à New York à l’âge de 7 ans. Il s’appelle alors Igor, comme l’assistant de Frankenstein, mais ses parents estiment qu’un jeune juif a assez d’emmerdes comme ça, alors ils lui collent le nom de […]
La solitude et la plénitude de la liberté
Depuis dix ans, Henri Lœvenbruck a publié une demi-douzaine de romans chez Flammarion. Son tout dernier s’intitule Nous rêvions juste de liberté et se veut tout à la fois un roman initiatique, une fable sur l’amitié, un récit d’une aventure et un road-movie fraternel. L’auteur nous fait suivre des motards guidés par la pureté et la violence de l’âge adolescent, des jeunes qui n’attendent rien de la société parce qu’ils ne veulent pas lui appartenir. Nous sommes dans les années 1960, dans un pays qui n’est jamais mentionné, mais les villes sont américaines même si elles portent souvent un nom […]
Devenir amant/aimant de la beauté
Pierre Raphaël Pelletier est connu pour sa pensée délinquante, pour une revendication de la culture de l’injure. Il a remporté le Prix Trillium en 2008 pour son recueil de poésie L’œil de la lumière et le Prix Christine-Dumitriu-Van-Saanen en 1999 pour son roman Il faut crier l’injure. Pelletier publie maintenant un essai poétique intitulé La beauté exulte d’être si rebelle. J’ai connu Pierre Pelletier dans les années 1960 à l’Université d’Ottawa. Nous avons tous les deux étudié à la Faculté de philosophie. C’est depuis ce temps que Pierre se questionne sur l’art et la beauté. D’abord à travers la lecture […]
J’ai reconnu mon père
Chaque année, je recense quelques dizaines de romans, récits et nouvelles, mais je ne me suis jamais autant reconnu dans les histoires racontées qu’en lisant La voix de mon père, de la Fransaskoise Madeleine Blais-Dahlem. Ce récit publié en format bilingue nous plonge au milieu des années 1950, dans un petit village canadien-français au nord de Saskatoon. L’auteure a 13 ans lorsque le film Les dix commandements est présenté en 1956. Elle est donc née comme moi dans les années 1940. Elle raconte sa première année d’adolescente. Les filles portent la coiffure «beehive», les gars empestent l’Old Spice, les soirées […]
Laissez Ulysse vous guider à Ottawa-Gatineau
J’ai vécu trente ans à Ottawa – comme étudiant, fonctionnaire et éditeur – mais un livre m’apprend que je ne connais pas cette ville comme le fond de ma poche. Les Guides Ulysse viennent de publier Escale à Ottawa et Gatineau, qui recèle de repères, expériences uniques et découvertes, tant pour les visiteurs que pour les habitués de la région de la capitale nationale. Le guide propose six itinéraires clés en main pour ne rien manquer des différents quartiers d’Ottawa, un itinéraire pour Gatineau et un autre pour la vallée de la Gatineau. Si ce sont des facettes particulières qui […]
Peut-on exister sans laisser de trace?
Je vous ai parlé, en mars, du roman L’Inconnu du Grand Canal, qui met en scène le commissaire Guido Brunetti. Donna Leon le fait revenir dans Le garçon qui ne parlait pas. Nous sommes toujours à Venise, où les taxis sont des bateaux, où on boit du vin tous les jours et où une mort soi-disant accidentelle déclenche une enquête «brunettienne». Le patron de Guido Brunetti lui confie une petite recherche, mais sa femme, Paola, lui présente une requête inusitée. Un «handicapé mental» employé par leur pressing vient de mourir d’une overdose de somnifères, et Paola ne peut pas supporter […]