Les premiers pas de la médecine à Québec

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Publié 25/08/2015 par Paul-François Sylvestre

Depuis 2000, les Services historiques Six-Associés offrent des visites guidées de Québec, chacune sous une thématique particulière. Il est tour à tour question de crimes et châtiments, de luxure et ivrognerie, de trésors et superstitions.

À défaut de vous rendre sur place pour ces visites, il est parfois possible de lire le guide que publient les Éditions du Septentrion. Je vous ai parlé de crimes et châtiments ainsi que de luxure et ivrognerie en août 2013. Cette semaine, place aux Docteurs, guérisseurs et fossoyeurs: la médecine à Québec du XVIIe au XIXe siècle.

Le circuit de visite comprend dix stations, le livre renferme une centaine de pages. On y apprend que le premier hôpital, l’Hôtel-Dieu de Québec, remonte à 1639 et qu’il est dirigé par des religieuses, les Augustines. À cette époque, «l’Église catholique considère la maladie comme un avertissement ou un châtiment de Dieu. Pour obtenir la guérison, le chrétien doit d’abord soigner son âme…»

Les apothicaires sont les ancêtres des pharmaciens. Leurs remèdes sont essentiellement préparés à partir de plantes médicinales: fleurs, feuilles, résines, racines, écorces, fruits et graines. On y ajoute des ingrédients d’origine animale comme le lait, le beurre et les œufs. Mais aussi «du fumier de cheval ou des yeux d’écrevisses»!

À la fin du XVIIe siècle, l’Hôtel-Dieu est voué au malade alors que l’Hôpital général s’occupe des pauvres, des marginaux et des «fous». Comme on confond aisément folie et criminalité, les gens à l’esprit trouble sont enfermés avec les voleurs. Pour les cas graves comme la schizophrénie, l’Église recommande alors l’exorcisme comme méthode de guérison.

Lorsqu’un patient est en état de crise grave, on a recours à la contention: on entrave les membres du patient «afin de l’immobiliser complètement, ou encore on isole le fou dans une cage de fer pour contrôler ses mouvements lors de crises plus aiguës».

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C’est à l’Hôtel-Dieu, en 1700, que le docteur Michel Sarrazin procède à la première opération officielle d’un cancer dans la colonie. La patiente est une religieuse et elle subit une mastectomie. C’est un succès puisqu’elle vécut encore 39 années après l’intervention.

À Québec, l’ancêtre du stéthoscope remonterait à 1816. Le médecin René-Théophile-Hyacinthe Laennec ne parvient pas à écouter les battements cardiaques de sa patiente et, par pudeur, il n’ose pas trop appuyer l’oreille sur la poitrine de la jeune femme. «Ce scrupule lui aurait donné l’idée d’utiliser un cornet pour amplifier les sons tout en évitant un contact gênant.»

Dans la colonie, la plupart des gens décèdent à la maison. Dès qu’une personne meurt, le silence est imposé à la maisonnée et «on arrête toutes les horloges pour marquer le moment du départ. Elles ne seront remises en marche qu’au moment où la dépouille sera amenée hors de la maison.»

«Ce n’est qu’après trois jours de veillée funèbre qu’on place le cadavre dans un cercueil. Quatre à six porteurs le sortent de la maison, en prenant soin de ne point heurter un cadre de porte, «car on croit que cela annoncerait un autre décès dans la même maison durant l’année à venir!»

Petit détail sur la fabrication de cercueils: en 1845, un dénommé Germain Lépine ouvre une fabrique dans le faubourg Saint-Roch et charge 2 dollars pour un cercueil fait sur mesure… à 3 pouces près. Les longueurs sont 5 pieds 3 pouces, 5 pieds 6 pouces, 5 pieds 9 pouces.

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Ce petit guide lève le voile sur les chirurgiens, apothicaires et sages-femmes de la colonie, mais méfiez-vous des charlatans qui se disputent le privilège de guérir votre corps et votre âme!

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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