Stop racisme 105.1 : pour mieux comprendre la réalité des minorités

Stop racisme, CHOQ
Stop racisme 105.1 veut «mobiliser des connaissances et mener une sensibilisation participative contre le racisme et la discrimination».
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Publié 16/05/2022 par François Bergeron

La radio communautaire franco-torontoise CHOQ-FM diffuse depuis quelques semaines sur YouTube des entrevues avec des experts des relations raciales et des dirigeants d’organismes engagés dans la lutte contre le racisme et l’avancement des minorités.

Une vingtaine de ces vidéos de 15 à 30 minutes chacune, sous le titre Stop Racisme 105.1, sont prévues d’ici la fin juin, nous dit le responsable du projet, Joseph Tamko.

Après, il souhaite poursuivre sur cette lancée et offrir d’autres contenus ou événements semblables à CHOQ-FM. L’audio de ces entrevues, toutes menées par la chroniqueuse Annik Chalifour, se retrouvera également à la radio et répercuté sur ses médias sociaux.

Racisme: des experts et des leaders

Jusqu’à maintenant Stop Racisme 105.1 nous a fait découvrir Antoine Dérose, de l’organisme Point Ancrage Jeunesse, Baptiste Bourgardez, des services aux immigrants du Collège Boréal, Sabine Soumare, du Portail de connaissances des femmes en entrepreneuriat associé l’Université métropolitaine de Toronto (le nouveau nom de l’Université Ryerson).

La toute dernière capsule permet de rencontrer le président de la Fondation Sylvenie Lindor, Amikley Fontaine, lauréat du Prix de la francophonie de l’Ontario 2022.

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Annik Chalifour rencontre Antoine Dérose, de Point Ancrage Jeunesse.

La banlieue la plus «dangereuse»

Joseph Tamko serait lui-même un invité intéressant. Français de parents camerounais élevé «dans le 93, à l’Est de Paris, le département le plus dangereux de France», il est venu à Toronto il y a 6 ans comme communicateur pour implanter le géant japonais du meuble Muji. Car en plus du français et de l’anglais, il parle couramment japonais!

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Joseph Tamko.

Stop Racisme 105.1 a pour but de «mobiliser des connaissances et de mener une sensibilisation participative contre le racisme et la discrimination dans l’emploi, la justice, la participation sociale et le numérique».

Le projet est financé à hauteur de 49 000 $ par le gouvernement fédéral et son Programme d’action et de lutte contre le racisme. C’est l’ex-directrice générale Zaahirah Atchia, aujourd’hui cheffe de Radio-Canada en Ontario, qui l’avait lancé.

En plus des capsules vidéo et audio, CHOQ-FM se propose aussi de mettre des documents-ressources pertinents à la disposition du public. Et des jeux-concours seront organisés sur ses ondes.

Sensibilisation au racisme et solutions

Tout le contenu est orienté sur «des bonnes pratiques en matière de lutte contre le racisme et la discrimination».

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«On est en mode sensibilisation et revendication, mais aussi en mode solution», assure Joseph Tamko (Joe pour les intimes et… pour tous). Cela se reflète dans la liste des invités au micro d’Annik Chalifour. La plupart dirigent des organismes de services aux immigrants, notamment des services d’aide et d’intégration aux jeunes Noirs.

Le racisme en 2022 n’est évidemment pas aussi virulent ou décomplexé qu’au siècle dernier, convient le coordonnateur de Stop racisme 105.1. Mais le racisme est tenace et indéniable – qu’on l’appelle «systémique» ou non – reflété dans toutes les statistiques.

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Annik Chalifour rencontre Sabine Soumare, du Portail des femmes en entrepreuneuriat.

Impossible de louer un logement

Joe Tamko raconte qu’il a régulièrement été victime de racisme dans le logement et l’embauche. «En France, je n’ai tout simplement jamais réussi à louer un logement!» (Il a continué de demeurer chez ses parents ou des amis.)

«Et si on m’embauchait dans un restaurant, c’était dans les cuisines loin des clients… sauf si un candidat caucasien postulait pour le même travail: alors on ne m’embauchait pas!»

C’est moins pire au Canada, convient-il. Mais chez nous aussi, dans l’emploi comme l’embauche, face à la police et dans les tribunaux, voire sur la place publique, les Noirs et les autres minorités l’ont moins facile que les Blancs sans accent.

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Antoine Dérose explique d’ailleurs que les Noirs sont souvent perçus comme étant «plus agressifs» que les autres. Ou moins propres, moins éduqués, plus à risque de ne pas payer son loyer ou de rembourser un prêt… Même quand on est chef des communications d’une multinationale japonaise!

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Annik Chalifour rencontre Baptiste Bourquardez, du Collège Boréal.

Microagressions et destructions

Toutes ces humiliations s’accumulent et peuvent décourager les jeunes Noirs, sous-employés, mal-logés, plus pauvres, valorisés uniquement dans la criminalité… Cela renforce le cercle vicieux des préjugés.

Joe Tamko explique aussi que le déni de l’ampleur du problème, par des élus politiques ou par des gens ordinaires s’identifiant à la majorité, constitue en soi une «microagression».

«C’est comme si on ne te croit pas. Ton expérience personnelle, pourtant réelle, n’est pas validée. C’est frustrant, déshumanisant.»

«Même si la société continue d’évoluer, il est important de dire que le racisme systémique existe et qu’il est extrêmement grave, allant jusqu’à détruire des vies. Le meurtre de George Floyd en 2020 l’a bien montré.»

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Stop racisme 105.1 prône davantage le dialogue que la révolution. «Nous voulons créer un Canada inclusif. Il y a du progrès, mais encore beaucoup de travail», résume-t-il.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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