Message de la Fête de l’Indépendance d’Haïti

Amikley Fontaine

Haïti
Créé en 1803, le drapeau d'Haïti a été adopté dès 1820 et officialisé en 1843. Il avait été remplacé par un drapeau rouge et noir sous la dictature des Duvalier de 1964 à 1986. Dix jours après le renversement de Jean-Claude Duvalier (février 1986), il a été réhabilité officiellement et confirmé par la constitution de 1987. Les armoiries de la République sont : le palmiste surmonté du bonnet de la liberté et, ombrageant de ses palmes, un trophée d’armes avec comme légende L’Union fait la Force.
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Publié 06/01/2022 par Annik Chalifour

Le 1er janvier 2022 marquait le 218e anniversaire de l’Indépendance d’Haïti (1804).

Voici les propos du président-fondateur de la Fondation Sylvenie Lindor, Amikley Fontaine, Torontois d’origine haïtienne. Pour nous rappeler le sens des célébrations de cette Fête nationale d’importance à l’heure où Haïti traverse une grave crise humanitaire.

Fondation Sylvenie Lindor engagée contre les discriminations raciales
Amikley Fontaine.

«La Fête de l’Indépendance d’Haïti célèbre l’abolition de l’esclavage, la reconquête de la dignité des personnes noires, la fin de toute forme d’asservissement de l’homme par l’homme via un système d’exploitation et d’humiliation.

Nous célébrons le triomphe de l’égalité dans la race humaine, la victoire de l’amour sur la haine.»

Justice et partage

«La Fête de l’Indépendance d’Haïti, c’est la fête de tous les hommes amoureux de la liberté, toutes races confondues. C’est la fête du vivre- ensemble, de la justice et du partage.

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C’est aussi un appel pour la protection et la sécurité de l’être humain dans toute son intégrabilité, peu importe ses origines. Un appel pour la consolidation du droit à la liberté pour tout être humain.

Nous célébrons la fin de cinq siècles de cruauté et barbarie où les océans étaient devenus les fosses communes de nos frères et sœurs arrachés de leurs villages, pour être vendus comme du bétail à Saint-Domingue.

Nous célébrons la magnifique renaissance des hommes et des femmes autrefois dépossédés de leurs langues, noms, familles, cultures et traditions.

La Fête de l’Indépendance d’Haïti rappelle les valeurs portées par notre devise nationale:  LIBERTÉ-ÉGALITÉ-FRATERNITÉ.»

Symbole de liberté   

«Le premier janvier 1804, nos ancêtres ont fait de la terre d’Haïti, le symbole de la liberté et de l’émancipation pour tous les peuples opprimés aspirant à vivre libre.

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Le premier janvier 1804 marquait la signature de luttes incessantes pour la liberté. Depuis l’arrivée du premier contingent d’esclaves africains en 1503, suivie des mouvements de résistance jusqu’à l’affranchissement des esclaves de Saint-Domingue.

Citons les rebellions menées par Padre Jean en 1676 et François Makandal en 1754 ayant porté les esclaves à se réfugier dans les montagnes pour vivre en liberté loin de leurs maîtres.

En 1791 lors du fameux congrès du Bois Caïman, les esclaves ont finalement juré de vivre libre ou de mourir.  Une réunion politique historique considérée comme l’élément déclencheur initiatique de la création d’Haïti, 1er Empire de la liberté, devenue première République Noire en 1806.»

Décolonisation du français

«Le premier janvier 1804, nous avons décolonisé la langue française pour en faire une langue de coopération, d’échange, de diplomatie et de vivre-ensemble. En 1804, en Haïti, nous avons jeté les bases de la Francophonie internationale.

Tout en créant une nouvelle identité de l’homme noir et de la femme noire. Une révolution de nature anti-esclavagiste, anticolonialiste, antiségrégationniste, rejetant la domination française.

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Le 1er janvier 2022 célébrait la création d’Haïti, terre de montagnes souveraine, libre et indépendante depuis 218 ans, par un groupe d’hommes et de femmes, anciens esclaves noirs.

Une célébration du renversement d’un ordre politique mondial à l’origine d’une ère socio-économique injuste.  Une grande première dans l’histoire de l’humanité.»

Regards sur l’esclavage 

«L’esclavage reste un sujet toujours sensible. On en parle encore très peu aujourd’hui.  L’esclavage est plus qu’un génocide. C’est à la fois la destruction totale de l’identité humaine, familiale et culturelle.

Plusieurs peuples au cours des 16e et 17e siècles ont pris les armes contre l’esclavage; les marrons en Jamaïque, les Quilombos au Brésil, sans succès… Les Haïtiens furent les seuls à combattre et vaincre l’armée de Napoléon: la plus grande et plus puissante armée de l’époque.

Aujourd’hui le combat continue toujours dans notre quête de faire respecter les droits humains, les droits des réfugiés, migrants, groupes minoritaires, bref pour bâtir une société inclusive.

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Rappelons en Afrique du Sud la résistance de Nelson Mandela et Desmond Tutu. Aux États-Unis, le combat acharné de Martin Luther King, Malcom X, Rosa Park. Au Canada, Viola Irene Desmond dans sa résistance contre les inégalités raciales et le racisme systémique.»

Pays de premier plan

«Haïti est le premier pays…

– Créé à la suite de la rébellion d’esclaves; la seule révolte réussie ayant abouti à la création de la première République Noire.

– Victime de la politique néo-colonialiste en acceptant de payer une rançon à la France pour la reconnaissance de son indépendance.

– Offrant la naturalisation au 19e siècle; tout individu fuyant l’esclavage, foulant le sol d’Haïti, devenait automatiquement Haïtien.

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– Consacrant un fond spécial dans la caisse de l’État (Secours patriotiques) pour soutenir tous les peuples luttant contre l’esclavage sur le continent en signe de solidarité panaméricaine. C’est ainsi qu’Haïti joua un rôle primordial dans la libération de l’Amérique latine en appuyant Simón Bolívar, chef du mouvement indépendantiste vénézuélien.»

Prise de conscience 

«Comme on le sait depuis des mois, Haïti fait face à des obstacles majeurs fragilisant gravement le quotidien des Haïtiens. En 2021 l’assassinat du président, le séisme, l’insécurité galopante…

Pourtant le tumulte auquel fait face Haïti doit être vécu comme un élément précurseur de sa renaissance.  Haïti doit renaître de ses cendres avec la participation de tous ses enfants.

L’Haïti d’aujourd’hui nous invite à une prise de conscience collective et individuelle, à la réconciliation spirituelle et sociale pour notre chère patrie commune.

Haïti nous invite à une nouvelle forme de gouvernance via une politique de dynamisation de ses départements, villes et villages.  Élus, sénateurs, députés, délégués départementaux, inspecteurs de police, tous doivent se réunir en assemblée départementale pour discuter de leur avenir commun.»

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Appel à la solidarité   

«La Fête de l’Indépendance d’Haïti 2022 nous convie à trouver un consensus national pour faciliter la béatitude de tous les Haïtiens et la sécurité nationale. Un message qui incite à déposer les armes.

Le message d’aujourd’hui se veut un appel à la solidarité entre tous les Haïtiens prisonniers chez eux, en fuite de leur terre natale, en transit dans des pays de l’Amérique latine en quête d’asile.

C’est le renouvellement de mon attachement à ma patrie.  Un témoignage de gratitude à l’endroit de tous ceux et celles qui se sont donnés corps et âme pour mettre fin à l’esclavage pour créer Haïti.

Le message d’aujourd’hui, c’est un souhait de bon combat à tous ceux qui luttent pour une nouvelle Haïti, tous ceux qui défendent la dignité du 1er pays indépendant noir des Amériques.

Pour tous ceux qui voient une lueur d’espoir. Tous ceux qui croient dans l’organisation des élections générales en Haïti pour le retour à la normale. Tous ceux qui veulent protéger nos acquis constitutionnels

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C’est mon message :  Ann chita pale tankou nou te fè sa nan BOIS CAÏMAN (Asseyons-nous ensemble pour discuter de nos enjeux comme nous l’avons fait au Bois Caïman).»

Hymne de Vertières écrit par Amikley Fontaine

Oh bataille de Vertières symbole de résistance de nos combats

Oh bataille de Vertières, sublime alliance de notre renaissance

Oh bataille de Vertières, refrain de notre liberté, fraternité et égalité

Oh bataille de Vertières, source de gloire où jaillit notre émancipation

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Oh bataille des Vertières, un exploit du temps jadis, notre ascendance

Oh bataille de Vertières, victoire triomphante, travail infini

Oh bataille de Vertières fierté de la dignité nègre conquise au prix du sang.

Oh bataille de Vvertières symbole des hauts faits de notre histoire.

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Oh bataille de Vertières, ô courage, ô rêves conquis, ô majesté, ô magnificence

Oh Vertières, réveillez en nous les génies endormis par les douleurs de la vie

Oh génies de Vertières faites briller la lumière sur notre fragile destin.

Oh génies de Vertières, armez nos âmes et nos bras pour le combat d’aujourd’hui.

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 À propos de Amikley Fontaine

Amikley Fontaine est le président-fondateur de la Fondation Sylvenie Lindor depuis plus de dix ans. Il utilise la Fondation comme plate-forme pour habiliter les jeunes Canadiens francophones à s’intégrer sur le plan socio-économique ainsi qu’à surmonter les barrières linguistiques.

En 2021, grâce aux fonds recueillis pour aider les victimes du séisme d’Haïti, Amikley a lancé le Fond Francisque Fontaine bénéficiant 32 femmes dans la commune de Chambellan (Sud d’Haïti) avec le programme Femmes Entrepreneures.

Depuis 2019, Amikley gère le projet Toronto Youth Action for Change, une initiative de la Fondation qui renforce la capacité de leadership et l’entrepreneuriat chez les jeunes Canadiens racialisés.

Il dirige également le programme Solidarité torontoise venant en aide à 50 enfants en Haïti (Chambellan) depuis 2014.

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Amikley a participé à plusieurs marches visant à protéger les acquis franco-ontariens (notamment l’Université de l’Ontario français et le ministère des Affaires francophones).

Il continue de participer à plusieurs débats nationaux sur la francophonie canadienne, l’immigration, l’égalité raciale, le racisme systémique, et l’accès au financement pour la communauté noire.

Amikley Fontaine détient des baccalauréats en Philosophie, Droit, Pensée Sociale et Sociologie.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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