Les hommes alliés d’Oasis témoignent

Oasis Centre des femmes
Le comité d'hommes alliés d'Oasis Centre des femmes: Arnaud Beaudry, Serge Paul, Daniel Giroux, Alexandre Paulin, Joe Tamko, Junior Mandoko. Photos: François Bergeron
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Publié 08/12/2022 par François Bergeron

Des hommes alliés d’Oasis Centre des femmes animaient la commémoration annuelle de la tuerie de l’École Polytechnique de Montréal (1989), le 6 décembre au campus torontois du Collège Boréal.

Le comité masculin a été formé il y a 5 ans sous le thème «Sa lutte, ma lutte» pour faire valoir que les hommes ont un rôle important à jouer dans l’élimination de la violence faite aux femmes.

Masculinité positive

«La masculinité n’est pas toxique en soi», souligne Dada Gasirabo, la directrice générale d’Oasis. «Les hommes font partie de nos vies: ce sont nos pères, nos frères, nos fils.»

«La masculinité peut être positive, en appui à l’égalité et la sécurité des femmes.»

Peu de gens savent, a mentionné Dada Gasirabo, qu’Oasis a été cofondé en 1995 par un homme, Renaud Saint-Cyr, un travailleur social qui dirige Alpha-Toronto. Il était présent mardi soir pour continuer de manifester son soutien à la cause des femmes.

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Oasis Centre des femmes
Des membres de l’équipe d’Oasis Centre des femmes, avec son comité d’hommes alliés, le 6 décembre 2022.

Outiller les témoins de violence

Le thème de la campagne 2022 est «Un témoin outillé, une grande différence». En effet, l’intervention des témoins de violence, à la maison, dans le milieu de travail ou dans la rue, est souvent déterminante pour faire cesser cette violence.

Le réflexe naturel est malheureusement de ne pas réagir, «pour ne pas se mêler des affaires des autres», avec parfois des conséquences tragiques.

Joe Tamko, qui est agent de communication, a témoigné qu’il faut «vaincre sa réticence» d’intervenir dans une dispute, surtout entre deux personnes étrangères croisées sur le trottoir. Il suggère de s’approcher et de demander «est-ce que tout va bien ici?»

Dada Gasirabo confirme que, dans le doute, on peut envoyer la police vérifier chez des voisins s’il y a un problème. Il y a même un nom officiel pour ça: un «wellness check».

Traumatisme

Serge Paul, agent de communication à TFO qui milite dans plusieurs organismes de représentation des Franco-Torontois, a raconté – au bord des larmes – la mort d’une cousine et de son bébé aux mains d’un conjoint violent quand il avait 20 ans.

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La victime cachait la violence qu’elle subissait et aucun membre de la famille ne la soupçonnait.

Arnaud Beaudry, directeur de FrancoQueer, a rappelé que la violence à l’endroit des homosexuels est souvent apparentée à la violence contre les femmes.

La violence est «intersectionnelle» et «intersectorielle», dit-il. Autrement dit: elle peut se manifester partout, dans tous les types de relations et contre toutes les minorités.

Zéro cas, c’est louche

Le président du Collège Boréal, Daniel Giroux, qui est aussi entraîneur de hockey et de soccer, s’est félicité des efforts de l’institution pour sensibiliser ses 1 200 employés et 11 000 étudiants et clients à la prévention de la violence.

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«Nous traitons quelques cas chaque année», dit-il, «ce qui nous vaut une note dans des rapports officiels et d’autres tracasseries.»

«Mais c’est parce que nous faisons notre travail. Des collèges et universités plus grosses qui rapportent zéro cas: le gouvernement devrait trouver ça louche!»

Sensibiliser dès l’enfance

Lui-même était inquiet, il y a quelques mois, quand l’université de son fils a téléphoné pour lui faire part d’un «incident». Mais c’était pour lui apprendre que son fils avait dénoncé un acte de violence dont il avait été témoin!

«J’étais heureux», dit-il, «mais franchement je n’aurais pas su d’avance comment il aurait réagi dans de telles circonstances.»

Comme quoi, selon Dada Gasirabo, il faut faire passer le message de la non-violence et de la vigilance dès le plus bas âge.

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Oasis Centre des femmes gère un programme de sensibilisation aux «signes avertisseurs» de violence dans les couples et les familles.

Oasis Centre des femmes
Dada Gasirabo, DG d’Oasis Centre des femmes.

Choc culturel pour certains immigrants

Les nouveaux arrivants provenant de pays où la femme est infériorisée sont «à risque», selon Dada Gasirabo.

L’égalité officielle entre les hommes et les femmes au Canada peut représenter un «choc culturel» et ajouter au stress de l’installation dans le nouveau pays – donc un danger supplémentaire pour les femmes et les filles dans ces familles.

Participant à distance (à l’écran) à la rencontre de mardi soir, le psychothérapeute Papa Ladjike Diouf a ajouté que «la violence physique est visible, mais la violence émotionnelle est plus répandue et sournoise».

L’une des sources de la violence, selon lui, est que certains «cherchent à se valoriser en rabaissant l’autre». La violence part presque toujours d’une souffrance personnelle.

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Ce 6 novembre, a rapporté Dada Gasirabo, une 53e femme était assassinée en Ontario depuis le début de 2022.

Auteurs

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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