L’AFO mise sur ses bonnes relations avec Caroline Mulroney

La page du «jeudi noir» est tournée

La ministre Caroline Mulroney avec le président et le directeur général de l'AFO, Carol Jolin et Peter Hominuk, à une lointaine époque où on avait le droit de se toucher.
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Publié 10/12/2020 par Émilie Gougeon-Pelletier

Les relations entre l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario et le ministère des Affaires francophones se sont beaucoup améliorées au cours des deux dernières années.

Les temps ont bien changé depuis le «jeudi noir» du 15 novembre 2018.

Les dossiers avancent

Le président de l’AFO Carol Jolin, son directeur général Peter Hominuk et l’analyste politique œuvrant au sein de l’organisme, Bryan Michaud, sont tous les trois d’accord pour dire que la preuve de ces progrès se trouve dans l’avancement des dossiers.

Il y a deux ans, dans la foulée des coupes du gouvernement Ford en francophonie, les tensions étaient des plus palpables entre Carol Jolin et la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney.

«Les discussions étaient beaucoup plus rares, on ne s’entendait pas. C’était évident. Je n’ai jamais su comment c’était pour elle», se souvient-il.

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Club canadien de Toronto 35e
Le premier ministre Doug Ford a enregistré un message félicitant le Club canadien de Toronto pour son 35e anniversaire le 3 décembre.

À tu et à toi

Après avoir passé beaucoup de temps à tisser méticuleusement ces liens, les deux s’appellent aujourd’hui par leur prénom et les dossiers avancent mieux que jamais, juge le président de l’AFO.

«La relation avec Mme Mulroney est très bonne. Elle s’est positionnée comme une alliée de la francophonie, depuis le temps du jeudi noir. On est conscient que ça n’a probablement pas été facile pour elle au départ, mais depuis ce temps-là, on a fait énormément de travail.»

Il juge que c’est notamment la force des réseaux francophones qui a permis au gouvernement ontarien de comprendre l’importance de la communauté.

Succès de la Résistance

«Je pense que la manifestation du 1er décembre 2018 a sonné des cloches de façon très forte. La Résistance a établi qu’on est sérieux, et ça a fait bouger le gouvernement. Les gens ont participé à 100 miles à l’heure, et ça nous a amené une crédibilité avec le gouvernement. Aujourd’hui, on le sent dans la façon qu’ils nous approchent.»

Néanmoins, M. Jolin rappelle que si l’AFO doit critiquer à nouveau le gouvernement, il n’hésitera pas, peu importe le parti au pouvoir. «On l’a déjà fait, et ce n’est pas parce qu’on a un bon dialogue qu’on ne sortira pas si on voit un recul.»

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500 personnes à la porte du député d’Etobicoke Nord le samedi 1er décembre 2018. Près de 15000 aux quatre coins de la province.

UOF et accents

Depuis le jeudi noir, la verve de la population franco-ontarienne a mené au retour du ministère provincial des Affaires francophones ainsi que de l’Université de l’Ontario français, en partie grâce à l’intervention d’Ottawa.

Par ailleurs, M. Jolin souligne que la lutte de longue date menée entre autres par la néo-démocrate France Gélinas pour l’ajout des accents français sur les permis de conduire a récemment été gagnée.

Bientôt, les caractères français devraient aussi être disponibles sur les cartes santé, l’une des premières motions présentées par la députée Amanda Simard à son arrivée à Queen’s Park.

Des alliés précieux

Le président de l’AFO note également le «travail acharné» de l’assistante parlementaire de Mme Mulroney, la députée Natalia Kusendova.

C’est en partie grâce à son travail que le drapeau franco-ontarien est devenu, au début de l’automne, un emblème officiel de la province, au même titre que le drapeau de l’Ontario.

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En fait, presque tout ce que le gouvernement Ford avait l’intention d’éliminer en 2018 a été rétabli, et plus encore.

Vendredi 25 septembre 2020, Jour des Franco-Ontariens: les élus provinciaux Sam Oosterhoff, Merrilee Fullerton, Christine Hogarth, Caroline Mulroney, Kaleed Rasheed et Natalia Kusendova.

Et le Commissariat?

Tout, à l’exception du Commissariat aux services en français qui fait désormais partie du bureau de l’Ombudsman.

Mais cela pourrait changer, si le gouvernement de Doug Ford accepte de rétablir l’indépendance du chien de garde des langues officielles en Ontario lorsqu’il modifiera la Loi sur les Services en français.

Carol Jolin espère que le gouvernement fera la refonte de cette Loi avant les prochaines élections provinciales, puisqu’il est convaincu qu’elle permettra de «donner un nouvel essor à la francophonie».

En attendant, il mise sur ses bonnes relations avec la ministre Mulroney pour que ça se concrétise.

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La commissaire aux services en français Kelly Burke et l’ombudsman Paul Dubé.

La pandémie a fait reculer le français

Par ailleurs, Carol Jolin décrit un fort recul de la francophonie dans la province à cause de la CoViD-19. «Avec la pandémie, la francophonie en Ontario a très certainement reculé.»

Le président de l’AFO soutient que les organismes francophones n’ont pas été en mesure de demeurer aussi actifs et engagés dans leurs communautés pendant la pendémie.

Les grands et les petits organismes francophones se sont succédé, au printemps, en annulant leurs événements qui devaient rassembler les Franco-Ontariens, comme les festivals et les spectacles, jusqu’aux barbecues et concours de tourtières.

Moins d’occasions de vivre en français

La disparition de ces rassemblements, qui offrent souvent à plusieurs francophones et francophiles une rare occasion de vivre en français en Ontario, a mis un frein au progrès, juge M. Jolin.

Jusqu’à 40 des 300 organismes qui ont répondu au dernier sondage mené par l’AFO ont indiqué qu’ils pourraient disparaître d’ici les Fêtes.

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Chaque fois qu’un organisme disparaît, la communauté qu’il soutenait se fragilise parce qu’elle se bat seule, relate le président de l’Assemblée. «Ça pave la voie vers l’assimilation.»

Il craint aussi que ce déclin du fait français en Ontario puisse inciter des gens à renoncer à leurs services. «Par exemple, au niveau des garderies, est-ce qu’on a des parents francophones qui ont transféré leurs enfants dans des garderies anglophones?»

La ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney
Caroline Mulroney

Rattraper le terrain perdu

Néanmoins, M. Jolin se dit confiant: «ce recul, on va le rattraper». Il souligne que les Ontariens ont hâte de pouvoir recommencer à vivre leur vie en français.

C’est pourquoi l’AFO a fait «énormément de lobbying» auprès du gouvernement ontarien pour obtenir des fonds de stabilisation et pour s’assurer que les organismes puissent «faire vibrer les communautés comme ils le faisaient avant» tout en participant à la relance économique.

Rappelons que le gouvernement ontarien a octroyé 1 million $ pour reconduire son Programme d’appui à la francophonie ontarienne (PAFO), qui vise à soutenir les organismes qui desservent la communauté francophone.

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Il existe aussi un nouveau Fonds provincial de secours de 2 millions $ sur deux ans pour les organismes francophones sans but lucratif, créé en réponse à la crise sanitaire.

La ministre des Affaires francophones a également mandaté le Club canadien de Toronto pour créer une Fédération des gens d’affaires de l’Ontario.

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