Haïti: vers une transition «authentique et souveraine»

Le drapeau d'Haïti.
Le drapeau d'Haïti.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 17/12/2025 par Annik Chalifour

Haïti traverse une crise historique, aggravée par 40 ans de transitions ratées, d’interventions étrangères inefficaces et d’un État affaibli.

Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse (2021), l’insécurité s’est intensifiée: plusieurs départements sont sous contrôle de gangs, l’économie est ravagée et les institutions sont paralysées.

Le Conseil présidentiel de transition, comme les gouvernements précédents, a échoué à rétablir la sécurité, à engager des réformes ou à organiser des élections.

Haïti
Les membres du Conseil présidentiel de transition en Haïti. Photo: ministère de la Culture et de la Communication d’Haïti.

Mouvement citoyen

Face à ce constat, deux structures issues de la société civile haïtienne – Éveil Grand Sud et Rasanbleman Sitwayen (Rassemblement Citoyen) – ont vu le jour ces derniers mois.

En prélude à la cérémonie de lancement de Rasanbleman Sitwayen en octobre, «l’Empereur Jean-Jacques Dessalines» livre son message. Photo: Pascale Théodate.

Les deux structures fédérant plusieurs entités actives dans la région du Grand Sud ainsi qu’un vaste réseau d’organisations partenaires présentes sur l’ensemble du territoire national et au sein de la diaspora, visent la mise en œuvre d’un vaste mouvement citoyen inclusif et pacifique.

Publicité

Un mouvement citoyen haïtien capable de mener la transition vers la paix et la sécurité en Haïti par:

  • l’élimination des gangs;
  • l’apaisement social;
  • la reprise économique;
  • la décentralisation des pouvoirs publics;
  • la restauration de la souveraineté (tenue d’une Conférence Nationale Souveraine);
  • l’organisation d’élections crédibles (après la Conférence Nationale à la fin de la transition);
  • la réforme de la coopération internationale.

Solution haïtienne souveraine

Le 11 décembre 2025, une coalition regroupant Démarches Citoyennes pour le Rétablissement de l’État-Nation, Éveil Grand Sud (EGS), l’organisation paysanne Konbit Sitwayen Konsène (KOSIKO), Initiative Citoyenne pour la Paix (ICiSP) et Asosyasyon Pou Yon Lot Ayiti (APYLA), a présenté un document affirmant que «la transition d’Haïti vers la paix et la sécurité doit être haïtienne, souveraine et conforme à l’esprit de la Constitution haïtienne de 1987».

Haïti
Engager les Haïtiens en Haïti et de la diaspora dans la réalisation d’un plan pour la paix et la sécurité durables en Haïti. Photo ICiSP.

Le document identifie les racines profondes de la crise: une fracture historique entre élites prédatrices et forces populaires de résistance, une division nationale persistante depuis Dessalines – père de l’indépendance d’Haïti – et la subordination chronique à l’aide étrangère.

«La transition doit être inclusive, pacifique et portée par les Haïtiens en Haïti et de la diaspora, avec un soutien international limité et strictement encadré», réitère Me Nathalie Wakam Cyprien, membre de Démarches Citoyennes.

Me Nathalie Wakam Cyprien. Photo: Facebook

Renforcer les synergies

Le document propose une structure de gouvernance ayant pour objectifs «de renforcer les synergies, réduire les coûts, éviter les duplications, améliorer la planification et libérer des ressources pour l’investissement».

Publicité

Cette structure de gouvernance comprend:

Le Conseil des Sages (15 membres) dont le rôle consiste à:

  • installer le gouvernement de transition;
  • surveiller et évaluer l’action publique;
  • recommander les ajustements et remplacements;
  • jouer le rôle du Parlement durant la transition.

Un gouvernement de transition incluant:

  • 1 président(e);
  • 8 ministres (ministères regroupés pour plus d’efficacité);
  • 19 directeurs généraux technocrates.

Tous les responsables doivent répondre à des critères stricts: intégrité, neutralité politique, absence de condamnations, transparence patrimoniale.

Les secteurs organisés de la société civile proposent les candidats; le Conseil des Sages et le Président choisissent un Président de la transition.

Publicité

«Le président de transition – idéalement issu de la Cour de Cassation» – est responsable de porter la vision, de coordonner le gouvernement et d’assumer les fonctions du premier ministre», précise Ginette Pérodin Mathurin, de Démarches Citoyennes.

Sandra Beauvil, Max Larson, Ginette Pérodin Mathurin. Photo: Pascale Théodate.

«Il est appuyé par l’Unité Nationale de Suivi et d’Évaluation, organe technique chargé de produire les tableaux de bord, les indicateurs et les rapports publics afin de garantir la transparence et l’imputabilité.»

Conférence Nationale Souveraine

La Conférence Nationale Souveraine, étape essentielle pour refonder la nation, prévue après le rétablissement de la sécurité, devra permettre de:

  • recueillir les opinions de toutes les sections communales;
  • définir un projet social commun;
  • établir un nouveau contrat entre les Haïtiens;
  • déterminer la forme de gouvernance post-transition.

«Les élections tenues à la fin de la transition, après la Conférence Nationale, devront être financées par le budget national, organisées sous souveraineté haïtienne, appuyées par une assistance technique internationale limitée», déclare Charlot Murat, coordonnateur de l’Éveil du Grand Sud.

Haïti, Éveil Grand Sud
Rudolf Dérose, Jean François Tardieu et Charlot Murat, membres d’Éveil Grand Sud. Photo: courtoisie.

Réformer la coopération internationale

Pour mettre fin au «système d’aide parallèle», la coalition propose:

Publicité
  • 80% de l’aide sous contrôle de l’État;
  • la création d’un Fonds Unique d’Investissement National;
  • la gestion transparente et rapports réguliers;
  • l’évaluation finale de l’aide par un consortium mixte.

Sortir Haïti du chaos

Cette transition haïtienne via la mobilisation nationale et diasporique se veut «le départ d’un gouvernement défaillant, une refondation institutionnelle, une transformation économique profonde: la restauration de la souveraineté d’Haïti».

«L’objectif ultime est de sortir Haïti du chaos, de reconstruire un État fort et juste, et de remettre le pays sur la voie d’un développement durable au bénéfice de toute la population», conclut Issac Wilfrid, coordonnateur de Kombit Sitwayen Konsène (KOSIKO).

Issac Wilfrid. Photo: Facebook.

Réengager aussi Haïti dans toute sa force au cœur d’une économie inclusive axée sur la promotion/la valorisation du patrimoine Amériques-Caraïbes, garant incontournable de notre pérennité socio-économique commune.

Contact: Ginette Pérodin Mathurin, présidente de Démarches Citoyennes [email protected].

Contact: Charlot Murat, coordonnateur Éveil Grand Sud [email protected]

Publicité

Auteurs

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur