Haïti : retour à la case départ ou prendre sa place?

19 pays se sont rencontrés à nouveau pour discuter de la façon dont on peut répondre à la crise sécuritaire et humanitaire en Haïti.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 11/10/2022 par Annik Chalifour

La semaine dernière, le chef intérimaire du gouvernement haïtien, Ariel Henry, a sollicité le soutien de la communauté internationale «pour faire face aux risques d’une éventuelle crise humanitaire».

Le lendemain 7 octobre, 19 pays de l’Organisation des États américains (OÉA) se sont rencontrés à Lima, Pérou, sous la co-présidence du Canada, des États Unis et d’Haïti, afin de discuter de la façon dont la communauté internationale peut aider à répondre à la crise en Haïti,

Assistance ciblée

Au cours de la rencontre, les pays participants, dont le Canada, ont affirmé conjointement leur solidarité avec Haïti; l’importance de promouvoir des solutions élaborées par et pour les Haïtiens.

On a aussi souligné la nécessité de promouvoir rapidement une assistance ciblée et des mécanismes de collaboration visant à obtenir des résultats durables au profit du peuple haïtien.

Et les pays se sont engagés à travailler en étroite collaboration afin de rétablir un climat de paix en Haïti. Ils ont condamné les abus commis par les gangs armés.

Publicité
Les 10 departements d’Haiti

Répondre aux besoins de base

Ils ont exhorté les partis au cœur du conflit à immédiatement mettre en place des couloirs humanitaires et à rétablir l’approvisionnement en carburant ainsi qu’en eau potable.

Ceci, afin de répondre aux besoins de base de la population haïtienne et de permettre aux hôpitaux de répondre à la montée des cas de choléra dans le pays.

Renforcement de la Police nationale

Ils ont affirmé leur engagement à aider les Haïtiens à surmonter les défis sécuritaires complexes auxquels le pays est confronté.

Ils ont appelé la communauté internationale à fournir une assistance robuste en matière de sécurité, y compris le renforcement de la Police nationale d’Haïti.

Tout en encourageant les parties prenantes de la société haïtienne, incluant les femmes et les jeunes, à continuer un dialogue de politique inclusif, pacifique et constructif afin d’identifier une solution politique viable et durable.

Publicité

Selon l’OÉA, sans un tel accord, le rétablissement de la sécurité restera un défi, tout comme la tenue d’élections libres et justes.

Haïti
La police haïtienne a perdu le contrôle d’une partie du territoire haïtien. Photo: Annik Chalifour.

Droit humanitaire

Un pays sans gouvernement imputable élu démocratiquement, contrôlé par une fédération de gangs armés, ne peut-il pas faire partie des pays en proie à une crise sécuritaire interne où le droit humanitaire pourrait s’appliquer?

C’est-à-dire la loi visant à protéger les droits des victimes de cette crise? Le droit à la sécurité, aux droits humains de base, à l’accès aux soins médicaux.

Qu’attendons-nous pour renforcer l’application du droit international humanitaire en Haïti?

Par ailleurs, en temps de conflit où les diverses parties prenantes n’arrivent pas à négocier l’établissement d’un gouvernement imputable élu par le peuple, d’une paix durable et d’une économie équitable, ne devrait-on pas considérer de proposer une approche de médiation?

Publicité

Prendre sa place

Une médiation interculturelle exigeant l’aptitude au sens critique; au respect de l’opinion d’autrui; à la prise en considération des compétences et des forces haïtiennes.

Qu’attendons-nous pour créer un nouveau dialogue d’ouverture avec Haïti, basé sur le respect du contexte haïtien?

Comme le Canada promeut sa compétence en gestion du multiculturalisme et de l’interculturalisme, n’est-il pas temps d’envisager une relation modernisée possible entre pairs avec Haïti?

Car Haïti détient le droit et le potentiel de prendre sa place parmi les démocraties de ce monde.

Rappelons les nombreuses initiatives citoyennes haïtiennes visant à appuyer l’économie locale durable, ainsi que les contributions et les réalisations d’organisations  exemplaires en Haïti et à l’international.

Publicité

Souhaitons de ne pas assister pour la énième fois à la répétition du paternalisme néfaste Nord-Sud…

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur