Haïti, pays maudit ou mal connu?

La côte haïtienne.
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Publié 19/06/2017 par Annik Chalifour

Il y a quelques mois Le Journal de Montréal introduisait une production multimédia intitulée Haïti pays maudit. Haïti n’est pas un pays maudit, mais plutôt mal connu, en raison d’ignorance et de préjugés.

Le séisme de 2010 a touché le monde et m’a ramenée en Haïti après y avoir été pour la première fois au début des années 1970 à l’époque de Duvalier.

J’y suis retournée pour tenter de faire reconnaître le riche patrimoine culturel, environnemental et historique du pays: l’autre Haïti. Alors que la vaste majorité des médias avait tendance à se concentrer et tend encore à se concentrer sur l’horreur.

L’autre Haïti, c’est une île superbe recélant une multitude de trésors dont on ne parle pratiquement jamais ou très peu…

Le 5 juin 2017 je suis rentrée d’un 5e voyage de presse en terre haïtienne, que je sillonne depuis 2012. Cette fois-ci le périple portait sur le thème du tourisme durable pour le développement, en compagnie du RENAPROTS (Réseau national des promoteurs du tourisme solidaire).

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Ce séjour m’a permis de poursuivre la découverte des joyaux culturels d’Haïti: La Route du café gérée par l’Association des planteurs de café de Fonds Jean-Noël; l’expérience éco-montagne à Vallue dans la région de Petit-Goâve où Dany Laferrière a vécu; la ville de Jacmel en bord de mer, siège des artisans créateurs et poètes haïtiens; la cité historique de Marchand Dessalines et ses forts située en Artibonite, première capitale du pays après l’Indépendance acquise en 1804.

Haïti paraît tel un pays maudit parce qu’on tend à l’illustrer comme un pays d’insécurité, une cible exclusive de l’aide humanitaire internationale. Peut-être serait-il temps de revisiter les mandats de certaines ONG internationales sur le terrain: sont-ils encore pertinents? Répondent-ils réellement aux besoins actuels de la population haïtienne, incluant le rôle de la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti)?

Bien sûr, les désastres, la pauvreté et la corruption existent en Haïti, comme dans bien d’autres pays… Mais Haïti fait partie de nous, du continent de nos Amériques, de notre francophonie. Nous nous devons d’être solidaires de qui nous sommes.

Pourquoi ne pas mettre les pendules à l’heure, poser un regard critique sur la réalité haïtienne en faisant connaître les deux côtés de la médaille: contribuer d’une part à dénoncer les injustices et d’autre part à rehausser le potentiel du pays.

Une personne handicapée ne peut pas réussir son insertion socio-économique si l’on se concentre uniquement sur son handicap; il faut plutôt miser sur ses capacités pour qu’elle puisse s’épanouir; l’inciter à réaliser son potentiel, à faire ce qu’elle est capable de faire. C’est la même chose pour tout pays, de même pour Haïti dont le riche patrimoine constitue le principal moteur de son essor socio-économique.

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Les pays progressistes sont ceux qui bénéficient de leurs potentiels, leurs talents et leurs acquis; qui sont aptes à échanger avec les autres. Ce sont ceux où les peuples ressentent un sentiment d’appartenance vis-à-vis de leur environnement. Sans ressentir ce sentiment, pourquoi voudrait-on, comment pourrait-on, s’investir pour le protéger, le préserver, le faire rayonner et le partager?

Cessons d’isoler notre voisine antillaise francophone. Appuyons Haïti dans ses efforts de reconnaître son extraordinaire patrimoine culturel, garant de son avenir.

Explorons ses merveilleux sentiers non battus; son incroyable potentiel écologique; sa créativité artistique légendaire; son âme paysanne; sa nature grandiose; sa beauté et sa bravoure…

Les potentiels d’échanges éducatifs et socio-économiques avec Haïti sont à l’infini: agritourisme, écotourisme, tourisme artistique, religieux, historique… Allons-y!

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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