Plaidoyer pour une langue française égalitaire
Céline Labrosse milite en faveur d’une langue française «vivante, féconde, enrichie et combien plus égalitaire». Dans Pour une langue sans sexisme, elle reproche aux premiers grammairiens d’avoir rendu les femmes «invisibilisées et muettées». Cette docteure en linguistique ne figure pas parmi les locutrices françaises qui acceptent que «le masculin l’emporte sur le féminin». La langue française sexiste depuis le 16e siècle C’est vers 1530, rappelle-t-elle, que les épithètes masculin, masculine, féminin, féminine sont intégrées dans le discours. On associe alors des propriétés distinctives aux lettres A et E. La première est considérée masculine (A pour Adam) et la seconde, féminine […]
Dans le secret des voûtes: habile mélange de romantisme et d’action
Le premier tome du roman Dans le secret des voûtes, de Josée Ouimet, a campé Solange, une postulante chez les Augustines, qui découvre le sentiment amoureux auprès d’un soldat hospitalisé à Québec durant la Seconde Guerre mondiale. Dans le second tome, Solange pratique son métier d’infirmière sous la direction d’un jeune médecin qui s’entiche d’elle. Le coup de foudre, l’amour, la tendresse, le sentiment maternel… Voilà les principaux ingrédients de ce second volet intitulé « Les chemins inverses ». José Ouimet excelle dans l’art de multiplier les rebondissements, tant à Québec qu’en Europe. Et de situer son intrigue d’après-guerre dans […]
Étude exhaustive sur l’homosexualité masculine au Québec
Il y a parfois lieu de revoir l’Histoire pour y inclure ce qui a été oublié, omis ou ostracisé. C’est ce que fait Serge Fisette dans L’Homosexualité masculine au Québec, publié chez Québec Amérique. Il s’agit de l’étude la plus minutieuse et la plus exhaustive sur ce sujet. L’auteur procède par tranches d’années: 1648-1899, 1900-1959, 1960-1969, 1970-1979 et ainsi de suite jusqu’aux années 2000. On y apprend, par exemple, qu’un soldat tambour est accusé de crime contre nature en 1648, et que la sodomie était une faute tellement grave en 1703 que seul l’évêque pouvait l’absoudre. De Sodome et Gomorrhe à […]
Roman policier étrange et dérangeant de James Patterson
James Patterson est connu pour sa longue série de romans policiers dans la collection The Women’s Murder Club. Le tout dernier s’intitule 18e rapt et met de nouveau en scène le sergent Lindsay Boxer, enquêtrice en chef cette fois-ci dans une affaire de viols, tortures et pendaisons. Narratrice d’un étrange thriller, Boxer travaille pour le San Francisco Police Department (SFPD) et son mari est employé du FBI. Je dis « étrange » car un des principaux personnages est un ancien militaire serbe rompu à l’organisation de massacres. L’auteur l’appelle Slobodan Petrović, soit le même nom que l’ancien vice-premier ministre de la République […]
Le Francis Bacon de Larry Tremblay peint le corps et son cri
Francis Bacon (1909-1992) est un peintre britannique reconnu pour la violence, la cruauté et la tragédie de ses portraits. Larry Tremblay s’est inspiré de la vie de cet artiste pour écrire le roman Tableau final de l’amour, publié aux Éditions La Peuplade. Bacon est le narrateur et il s’adresse à son amant sans jamais mentionner son nom. Dès le premier chapitre, un petit voleur inexpérimenté s’introduit en pleine nuit dans l’atelier de Bacon. En le découvrant, le truand attaque l’artiste et l’intrusion se termine par des ébats intenses. Tout au long du roman, le narrateur retrace les errances de la […]
Prise de parole décousue des femmes dans Filibuste
Dans son premier roman intitulé Filibuste, Frédérique Côté donne la parole aux femmes parce que, estime-t-elle, ce sont les hommes qui s’en emparent trop souvent. Une mère et ses trois filles racontent une histoire où le père joue le rôle principal sans jamais prendre la parole. Comme on le sait, le filibuster désigne une technique oratoire d’obstruction parlementaire visant à retarder l’adoption d’un projet de loi. Pour Frédérique Côté, cela représente un moment où une femme prend la parole et l’utilise comme arme, comme façon de retarder quelque chose qui doit arriver. Une famille dysfonctionnelle Publié aux éditions Le cheval […]
Ado défigurée par un ours: le regard qui compte est transcendant
Chez les ados, l’apparence physique revêt parfois une importance démesurée. Mais quel est l’impact d’un extérieur soudainement défiguré sur le regard des autres et son propre regard sur soi? Leanne Baugh répond à cette question dans le roman intitulé L’histoire sur mon visage. La narratrice est Abby Hughes, 17 ans, élève de Rocky View High School à Calgary. En 11e année, elle menait la vie d’une ado jolie et ordinaire. Puis, durant l’été, Abby subit l’attaque d’une ourse grizzly dans les montagnes Rocheuses. Son visage devient méconnaissable. Réseau de cicatrices. Joue concave. Œil droit presque entièrement recouvert par sa paupière. […]
À chacun son histoire pas d’allure… de bière, de resto et de femmes
Présenté comme un roman en fragments, Des bières et des femmes, de Julie Myre Bisaillon, raconte les boires et déboires d’un petit resto d’une microbrasserie rurale dans les Cantons de l’Est. Le tout se résume à cette phrase glanée en cours de route : « À chacun son histoire pas d’allure. » La narratrice est Maude, 41 ans. Son chum est Nath ; elle à 34 ans. Puis il y a Meg, la serveuse la plus expérimentée de la gang, qui sait « revirer un client de bord sans que ça paraisse et gérer les bikers ». « Bonjour, vous avez rejoint le Restaurant […]
Souvankham Thammavongsa : des mots coups de poing ou caresses
Le nom de Souvankham Thammavongsa vous est probablement étranger. Or, cette Laotienne a remporté le Prix Giller 2020 pour son recueil de nouvelles à succès, How To Pronounce Knife, traduit maintenant par Mémoire d’encrier sous le titre Le K ne se prononce pas. Souvankham Thammavongsa est né en 1978 dans un camp de réfugiés laotiens en Thaïlande. Elle vit maintenant à Toronto et continue d’être l’une des voix les plus puissantes de sa génération. Au sujet du K qui ne se prononce pas, le New York Times parle d’un livre incontournable. La première nouvelle donne son titre au recueil. Comme on […]
Un Québec avide d’ouverture sur le monde: 250 commerces kitsch
Toute une histoire d’un patrimoine québécois méconnu est brillamment révélée par Roxanne Arsenault et Caroline Dubuc dans leur ouvrage intitulé KITSCH QC, publié aux Éditions Fides. On propose une visite guidée de plus de 250 commerces incontournables partout dans la province. Ces entreprises ont été fondées entre 1950 et 1980. Les propriétaires souhaitaient « offrir le meilleur dans l’assiette mais également faire vivre un coin de leur pays ». Décor, enseigne, menu et habits du personnel étaient mis à profit. Restaurants et bars-salons kitsch Les restaurants, bars-salons et autres lieux sont regroupés par thèmes ou pays. On aborde d’abord le style rustique, […]
Découvrir le Québec et son cocktail d’îles, reliefs, hameaux et vallons
Après le succès de Fragments d’ailleurs – 50 récits pour voyager par procuration, Gary Lawrence propose Fragments d’ici, un choix de 25 chroniques pour (re)découvrir le Québec. Si l’auteur a déjà foulé du pied plus de cent pays et territoires, il n’a pas oublié de profiter des merveilles d’ici. Dans une longue introduction, Lawrence rappelle que, juste avant la pandémie, le tourisme représentait 16 milliards $ (3,5% du PIB québécois). Plus de 30 000 entreprises et 400 000 emplois sont reliés à cette activité. Titres évocateurs L’auteur aime jouer sur les mots et cela a souvent un écho dans le […]
Baptiste Thery-Guilbert propose de lire son roman par le début ou par la fin
Paris, 1987-1992. Le narrateur est un homosexuel épris d’un homme du même âge que lui. Ce mec n’est jamais nommé (son prénom est noirci dans le texte). Baptiste Thery-Guilbert signe Pas dire, un roman qu’on peut lire en commençant par le début ou par la fin. L’auteur précise que les lecteurs préférant le sens chronologique choisiront de commencer par la fin, l’expérience étant alors complètement autre. Avec une telle mise en demeure, on devine que le texte sera trituré ou torturé. Il l’est à souhait. Essayer les garçons Thery-Guilbert se demande ce qui vaut la peine de noircir une page […]