Naomi Klein est l’une de ces auteures importantes dont les socialistes se procurent les ouvrages pour raffiner leur discours, et les libéraux, au contraire, pour mieux comprendre où en est rendu l’ennemi. Dans les deux camps, c’est le genre de livre dont on termine rarement la lecture, à gauche parce qu’on sait déjà tout ça, à droite par exaspération devant l’accumulation de faussetés et d’énormités.
Après No Logo (2000) et The Shock Doctrine (2007), dans lesquels la journaliste et activiste canadienne dénonçait la surconsommation (pas de ses livres, svp), la globalisation (pas celle de ses idées, bien sûr), la violence du capitalisme (comparée à quoi, la méditation transcendantale?) et la montée des inégalités (une illusion d’optique, surtout quand le niveau de vie augmente), elle persiste et signe aujourd’hui This Changes Everything: Capitalism vs the Climate.
Selon certains privilégiés qui ont pu lire le livre avant sa sortie la semaine prochaine, il s’agirait d’un appel à rien de moins qu’une révolution pour stopper une industrialisation effrénée et un mode de vie stressant qui menaceraient désormais de dérégler le climat et détruire notre écosystème.
C’est le trip de culpabilité ultime: quand on ne réussit pas à convaincre les gens que la pauvreté et la dictature sont plus désirables que la prospérité et la liberté, il faut invoquer un cas de force majeure, l’imminence d’une Apocalypse.
Noami Klein ne s’appuie (j’imagine) sur les modèles climatiques les plus alarmistes – et sur le faux consensus scientifique autour de ces prédictions grotesques – que parce qu’ils valident son opposition de longue date à l’entreprenariat, l’innovation, le libre-échange entre adultes consentants et les libertés individuelles en général, fâcheusement plus compatibles avec la nature humaine que le dirigisme et l’égalitarisme.