Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.
Faire sens, faire du sens ou avoir du sens?
Il y a de ces expressions calquées de l’anglais qui prennent de plus en plus de place dans la langue française. La langue française parlée, on s’entend. Parce que dans le registre soutenu, ça ne passe pas encore. Heureusement d’ailleurs. C’est le cas de l’expression «faire du sens», que l’on emploie maintenant à toutes sortes de sauces. Évidemment, l’expression «faire du sens» est un calque de l’anglais «to make sense». Dépannage linguistique La Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française, nous rappelle qu’il existe, en français, plusieurs façons d’exprimer correctement la même idée. On peut dire, par […]
Des oiseaux d’hiver
Vous avez probablement dans votre entourage des personnes qui fuient l’hiver et qui trouvent refuge quelque part au chaud pendant qu’ici, on pâtit sous zéro. Ils vont dans le Sud, en Floride surtout, mais aussi en Arizona, au Texas, au Mexique, en République dominicaine… Vous êtes peut-être même une de ces personnes qu’on appelle souvent «snowbirds», faute de mieux. Le terme anglais est très répandu dans l’usage. Aucun équivalent français ne semble en voie de le supplanter. Le dictionnaire Webster définit le «snowbird» ainsi: «someone who spends the winter months in a warm place», que l’on pourrait traduire par «quelqu’un […]
Des sens cachés et étonnants
Dans une précédente chronique, je me suis intéressé à certains mots qui changent de sens dès qu’ils changent de genre. Ce sont des homonymes et homographes qui se distinguent parce que leur définition varie selon qu’ils sont masculins ou féminins. Cela m’a amené à fouiller certains ouvrages à la quête de sens cachés ou de définitions oubliées de certains mots d’usage pourtant courant. Je me suis attardé plus longuement au Dictionnaire de sens cachés, d’Alain Duchesne et Thierry Leguay, publié chez Larousse. On dit souvent qu’il y a des dictionnaires pour à peu près tout alors en voilà un bon […]
Quand le sens change avec le genre
La langue française est drôlement faite. Je ne vous apprends rien en disant cela. Mais si je vous dis qu’elle compte plus de 300 mots qui changent de sens selon qu’ils sont masculins ou féminins, vous me croiriez? Vous avez tout intérêt à me croire. Jamais je n’oserais vous mentir dans cette petite chronique! Spontanément, on connaît tous quelques-uns de ces mots. Livre, par exemple. Un livre est un ouvrage, un volume, tandis qu’une livre est une unité de poids ou une monnaie. Un vase est un récipient, alors que la vase est une sorte de boue. Et il y […]
Le grand dilemme entre «que» et «dont»
Il m’arrive fréquemment de froncer les sourcils et de faire la moue quand j’entends, dans une phrase, un pronom «que» alors qu’il faudrait normalement entendre un «dont». Je suis convaincu que je ne suis pas le seul. Pourtant, on peut avoir l’impression qu’il y a de moins en moins de monde capable d’utiliser le bon pronom relatif. Des exemples? «C’est quelque chose que je suis très fier», ou encore «La personne que je parle est aujourd’hui décédée». Je pourrais en énumérer encore plusieurs mais l’espace dans cette page est limité. Le pronom «dont» est un des grands mal-aimés de la […]
Les doigts et leur étymologie
L’origine des noms qui désignent les doigts nous intéresse. Comment a-t-on pu trouver des mots appropriés pour définir cinq parties de l’anatomie qui, au fond, se ressemblent et ont des fonctions semblables? Le pouce, essentiel à la préhension. L’index, qui sert à montrer. Le majeur, parce que c’est le plus grand. L’annulaire, celui qui porte l’anneau de mariage. L’auriculaire, qui entre mieux que les autres dans l’oreille. Il m’est déjà arrivé de parler des doigts de la main dans ces pages… Mais c’était pour recenser les nombreuses expressions qui contiennent le nom d’un d’entre eux ou le mot «doigt» lui-même. […]
Le corrigé de la dictée
C’est l’heure de la correction! Dans ma précédente chronique, je vous faisais part d’une petite dictée que j’ai concoctée et que, volontairement, j’ai truffée de vingt fautes. Je vous demandais de les trouver. J’espère que vous avez bien fait l’exercice. Je reproduis d’abord le texte en version corrigée, avec en gras les graphies correctes des mots ou expressions que j’avais transformées en erreurs dans la version publiée précédemment. Par la suite, je donnerai quelques explications sur ces erreurs. * * * Prendre racine Voilà certainement un thème intéressant pour un salon du livre. Mais de quelles racines parle-t-on? Sont-ce celles […]
Le retour de la dictée
Vous êtes des nostalgiques de la dictée ? Vous étiez des habitués des championnats d’orthographe de Bernard Pivot ou de la Dictée des Amériques ? Eh bien, réjouissez-vous ! C’est le retour de la dictée ! L’occasion de mettre à l’épreuve vos connaissances orthographiques et grammaticales ! Ça fait maintenant quelques fois que je vous convie à ce jeu de la dictée truffée d’erreurs. À quelques reprises, je vous ai proposé un petit exercice inspiré d’une dictée. S’il m’est arrivé d’utiliser les dictées imposées aux participants dans le cadre de concours célèbres, les plus récents exercices du genre sont faits à partir de dictées que […]
Pécunier ou pécuniaire ?
Quelle ne fut pas ma surprise de voir, dans un journal, que je ne nommerai pas, un gros titre qui contenait une erreur flagrante. Une erreur d’inattention, peut-être, mais grossière quand même. Il était écrit: «Des unités d’intervention rapide envisagées pour la sécurité ferrovière». Avouez que ça fait mal aux yeux. Soudainement, quelqu’un a pensé que «ferrovière» devait être au féminin parce qu’il s’accorde avec «sécurité», qui est un nom féminin. C’est donc dire que dans la tête de cette personne, le masculin est «ferrovier». Un peu comme on accorde «premier» et «première». Sauf que «ferroviaire» est un des adjectifs […]
Quand le verbe savoir prend le pouvoir… en Belgique
Chaque fois que je mets les pieds en Belgique, je porte attention au français qu’on y parle. De tous les belgicismes, le plus savoureux est sans contredit le remplacement du verbe pouvoir par le verbe savoir dans plusieurs phrases. Je vous ai déjà fait part de mon amour pour la Belgique. J’y vais souvent. J’y ai plein d’amis et une belle-famille extraordinaire. Le verbe savoir chez les Belges Le phénomène «savoir = pouvoir» se produit surtout à l’oral. À l’écrit, on le dit plus rare. Certains croient qu’il s’agit d’un archaïsme, mais ce n’est pas tout à fait exact. En […]
Le français de l’Île
J’entendais récemment, à la télévision, des publicités qui vantaient le «houmard» de l’Atlantique intégré à des recettes de pâtes ou de pizzas d’une chaîne de restauration bien connue. La narratrice de cette publicité parle avec l’accent acadien. Ou enfin, avec un des accents de l’Acadie. Parce que les Acadiens eux-mêmes vous le diront: il n’y a pas qu’un seul accent acadien. Celui-ci change, selon que l’on se trouve dans la région de Moncton, dans la région de la baie des Chaleurs, dans la péninsule acadienne, en Nouvelle-Écosse ou à l’Île-du-Prince-Édouard. Ça m’a rappelé que j’avais, quelque part dans mes documents […]
Mon nom est Martin Francoeur
C’est un des beaux débats de la langue française. Certains puristes pourraient tout de suite crier à l’hérésie en lisant le titre de cette chronique. C’est que, voyez-vous, plusieurs considèrent que l’expression «mon nom est…» est un anglicisme. Un calque de l’anglais «my name is…». Mais j’ose me ranger derrière ceux qui croient que cette expression est tout à fait correcte en français. On a la dénonciation du calque assez facile par les temps qui courent. Comme si tout ce qui était littéralement traduit de l’anglais était à proscrire. Je suis d’accord sur le principe et aussi sur la plupart […]