Glendon: hommage à Alain Baudot, «le seigneur du manoir»

Alain Baudot, Glendon
Le principal de Glendon, Marco Fiola. La professeure Christine Besnard, du département d'Études françaises, a animé l'événement. À l'écran: Alain Baudot.
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Publié 30/05/2022 par François Bergeron

Professeur passionné, savant et érudit, musicien et mélomane, attentionné et généreux… Ce sont les mots qu’on a entendus d’une soixantaine de proches et de collègues d’Alain Baudot, lors de l’activité organisée à sa mémoire, le 26 mai, au Centre d’excellence du campus Glendon de l’Université York.

Le fondateur du département d’Études pluridisciplinaires et du programme de doctorat en Études francophones de Glendon s’est éteint le 4 mai 2021 à l’âge de 81 ans. La cérémonie, en présence de son épouse Carla et de ses filles Erica et Laure, avait été reportée d’un an à cause de la pandémie.

Alain Baudot, Glendon
Une soixantaine de collègues et proches d’Alain Baudot lui ont rendu hommage à Glendon ce jeudi 26 mai.

Rayonnement de Glendon

Beaucoup de Franco-Torontois ont connu Alain Baudot, puisque les activités culturelles qu’il créait sur le campus étaient toujours conçues pour attirer aussi des intéressés dans la communauté torontoise. Il se souciait du rayonnement de l’Université à l’extérieur de ses murs.

Dans les années 1980 et 1990, Alain Baudot a tenu une chronique occasionnelle sur des nouveautés et les concerts de musique classique dans le journal L’Express de Toronto. Lui-même a été chef d’orchestre, pianiste et percussionniste. D’autres profs de Glendon l’ont imité, chroniquant sur le cinéma, le théâtre, la littérature ou la politique.

Alain Baudot, Glendon
Laure Baudot rend hommage à son père.
Alain Baudot, Glendon
L’épouse d’Alain Baudot, Carla.

Éditeur généreux

Il a également été président du Salon du livre de Toronto pendant huit ans, de 1998 à 2006. Sa maison d’édition, le GREF, fondée en 1987, y a toujours tenu un kiosque et lancé des ouvrages de romanciers et essayistes locaux.

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Notre chroniqueur littéraire Paul-François Sylvestre est l’auteur de 17 livres publiés au GREF (et plusieurs chez d’autres éditeurs).

«Alain Baudot consacrait tout son temps et tout son talent à la production de livres selon des qualités littéraires rigoureuses et selon des normes professionnelles de mise en page», témoigne-t-il. «Le plus souvent, il assumait lui-même les frais d’impression et de distribution.»

GREF, Glendon
La table des livres des éditions du GREF.
Alain Baudot
La table de photos d’Alain Baudot.

La Semaine de la francophonie: son idée

La Semaine de la francophonie de Toronto qu’on célèbre depuis plus de 20 ans autour du 20 mars, Journée internationale de la francophonie, c’est son idée! La Semaine originale, à Glendon, fait désormais partie de l’événement plus large organisée chaque année par un comité d’organismes et d’institutions.

Selon le principal de Glendon, Marco Fiola, Alain Baudot incarnait parfaitement la devise de l’institution, Alteri Saeculo, pour les générations futures». En effet, il était renommé pour sa passion pour le succès de ses étudiants.

Certains d’entre eux – devenus eux-mêmes professeurs d’université – ont mentionné l’appui crucial reçu de leur prof ou directeur de thèse Alain Baudot.

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Alain Baudot
Alain Baudot (au centre), au stand des éditions du Gref au Salon du livre de Toronto 2016. À sa gauche: Paul-François Sylvestre.
Pierre Léon
L’éditeur Alain Baudot présentant un nouvel ouvrage (sur le prof, auteur et chroniqueur Pierre Léon) au Salon du livre de Toronto.

Père fondateur de Glendon

Pour le prof d’Études françaises (et vétérinaire!) Swann Paradis, Alain Baudot est un «père fondateur de Glendon»… «Nous sommes tous orphelins».

Une cabale – pas du tout secrète – demande aux autorités de Glendon de nommer en son honneur la salle du foyer du Salon des professeurs de Glendon, où Alain Baudot aimait rencontrer collègues et étudiants. «Des discussions stimulantes partaient alors dans toutes les directions», raconte-t-on. «C’était un homme de la Renaissance.»

Le bureau d’Alain Baudot dans le manoir Glendon, qui était aussi le bureau du GREF, était considéré comme un endroit mythique où s’empilaient livres et documents historiques. Certains appelaient Alain Baudot «le seigneur du manoir»!

Alain Baudot, Glendon
Le professeur Swann Paradis, du département d’Études françaises de Glendon, a travaillé avec Alain Baudot.
Le manoir Glendon, sur le campus du 2275 avenue Bayview.

Heureux de vivre à Toronto

Carla Baudot a rappelé qu’il avait reçu à trois reprises une offre prestigieuse d’une université de Paris, qu’il a chaque fois déclinée parce qu’il aimait Glendon et Toronto.

Né à Soissons, en France, il est arrivé au Canada en 1966, donc à l’âge de 26 ans, directement à Glendon. Ensuite, il a passé un été à enseigner à l’Université de Berkeley, et un autre été à l’Université de Montréal. Il a passé ses 54 ans au Canada en tant que membre du corps professoral de Glendon.

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À Glendon, il a créé de nombreux cours portant sur les littératures francophones (Afrique de l’Ouest, Antilles, Belgique, Liban, Suisse). Il a dirigé la Maîtrise en études françaises (1997-2000) et la Maîtrise en traduction (1998-2001).

Un chêne rouge a été planté à sa mémoire sur le campus Glendon, à l’initiative de sa famille. L’arbre commémoratif a été planté dans le petit quadrilatère situé entre le jardin communautaire de Glendon et sa sculpture iconique Whole Person. Le 26 mai, plusieurs personnes sont allées s’y recueillir.

baudot, glendon
Le chêne rouge et la plaque en mémoire d’Alain Baudot au centre du campus Glendon.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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