Vidéoconférences pour découvrir les musées haïtiens

Perspectives sur le patrimoine, les communautés, les gens

Murale dans le parc du Bureau National de l'Ethnologie, Port-au-Prince, décembre 2015.
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Publié 24/05/2020 par Annik Chalifour

Le Conseil international des musées (ICOM) lançait La Quinzaine des musées (14 au 31 mai 2020) dans le cadre de la Journée internationale des musées (18 mai) voulant «célébrer les nombreuses perspectives qui composent les musées, leurs communautés et les individus».

Dans ce contexte, ICOM-Haïti propose une série de vidéoconférences interactives permettant au public de découvrir et d’apprécier les musées haïtiens, du 18 au 29 mai, via Zoom.

Voici un aperçu parmi les multiples musées d’Haïti, selon mes reportages réalisés entre 2015-2017.

Route et musée du Café

Mai 2017, on déambule le long du sentier de la Route du Café de Fonds Jean-Noël, petite communauté rurale située dans la commune de Marigot (Sud-Est d’Haïti).

Route du Café, Fonds Jean Noël

L’Association des planteurs de café de Fonds Jean Noël (créée en 1994) nous accompagne, tout en nous détaillant les étapes de la production minutieuse de leur trésor couleur d’ébène, garant de leur survie.

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Germoir, Route du Café

Du germoir à la tasse, tout au long du circuit ponctué de pauses pour admirer la nature grandiose, on nous parle des techniques, de la pépinière, de la cerise au café moulu.

Puis on goûte au café sublime haïtien, reflet de la forte personnalité des gens du pays.

Planteur de café, Fonds Jean Noël

Le 1er octobre 2017, la commune de Fonds Jean Noël a célébré sa première Fête du Café, inaugurant son petit musée du Café autour des festivités de la Journée internationale du tourisme.

Une opportunité exclusive de promouvoir et faire connaître la culture du café au cœur du labeur communautaire exemplaire des planteurs de Fonds Jean Noël.

Musée du Café, Fonds Jean Noël. Photo : Rudolf Dérose
Inauguration, musée du Café. Photo : Claire Binet

La Route du Café est une initiative de Rudolf Dérose, coordonnateur du Réseau national des promoteurs du tourisme solidaire (RENAPROTS).

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Depuis plus de 15 ans le Réseau s’efforce d’appuyer le tourisme communautaire par la mise en œuvre de projets réalisés par et pour les collectivités haïtiennes visant à soutenir le développement socio-économique durable.

Outre la Route du Café, citons la Route du Cacao, l’écotourisme de montage, les circuits alternatifs de Jacmel, Dondon, Sainte-Suzanne. 

Terre de montagnes, aux environs de Vallue
Portrait en céramique par des jeunes artisans, Jacmel
Sentier écotouristique menant vers la Voûte à Minguet, Dondon
Gravures taïnos, rivière de Sainte-Suzanne

Marchand Dessalines, cité fortifiée

Située derrière la grande vallée de l’Artibonite (centre d’Haïti), la ville de Marchand Dessalines propose un envoûtant panorama rappelant l’Histoire du pays.

Véritable ville-musée, elle abrite six forts érigés en 1804 selon l’ordonnance du général de l’armée haïtienne Jean-Jacques Dessalines, à l’époque de sa quête de l’indépendance du pays.

Rudolf Dérose, coordonnateur du RENAPROTS, devant le fort Décidé

Le cinquième fort établi en montagne moins élevée – le Fort Décidé – s’avère plus facile d’accès. Nous l’avons exploré en mai 2017 en compagnie de Madsen Gachette, proprio de l’hôtel Rayon de Lumière, membre du RENAPROTS.

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L’imposante fortification s’inspire d’une architecture militaire, constituée de maçonnerie de pierres calcaires blanches.

Fort Décidé, Marchand Dessalines, vallée de l’Artibonite

Depuis la vue sur Marchand Dessalines et l’incroyable étendue de la vallée de l’Artibonite particulièrement saisissante, on ne peut que songer au prodigieux stratège que fut le général Dessalines…

Fort Décidé

MUPANAH

Le Musée du Panthéon National Haïtien (MUPANAH) attire par son entrée souterraine menant vers l’impressionnant sarcophage où sont conservés les restes symboliques de Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines, Henri Christophe et Alexandre Pétion, fondateurs de la Patrie.

Images d’oppression, de torture, guerre, tapissent les murs du musée: les grands faits historiques illustrant le mouvement révolutionnaire, la libération des esclaves, la proclamation de l’Indépendance d’Haïti (1er janvier 1804).

Entrée du MUPANAH

Un millier d’œuvres d’art, objets d’art décoratif, de documents historiques, pièces archéologiques défilent sous nos yeux, incluant le panorama de l’éblouissante peinture haïtienne (1804 à nos jours).

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Tombeau des héros de l’Indépendance, MUPANAH

Le MUPANAH nous est apparu tel un véritable chef-d’œuvre d’histoire vivante. Une architecture hyper créative introduisant l’incroyable patrimoine culturel et historique d’Haïti. Absolument magnifique! Intense!

Musée Ogier-Fombrun

Montrouis, ville côtière (ouest de Port-au-Prince), abrite le fabuleux musée Ogier-Fombrun logé dans une habitation sucrière construite par le colon français Guillaume Ogier en 1760.

Habitation sucrière, 18e siècle, musée Ogier-Fombrun

Le site révèle l’œuvre colossale de feu Gérard Fombrun, ingénieur architecte épris de l’Histoire d’Haïti, créateur du musée Ogier-Fombrun.

La bâtisse principale servant autrefois à la fabrication du sucre, évoque la vie et le fonctionnement de l’ancienne habitation. Le domaine contient une vaste collection de vestiges authentiques.

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Le musée Ogier-Fombrun retrace avec acuité l’époque de l’esclavage où Haïti, la plus florissante des colonies françaises, fournissait les trois quarts de la production mondiale de sucre.

Un lieu émouvant, établi au cœur de jardins paradisiaques en bord de mer, où la beauté et la bravoure d’Haïti éclatent au grand jour. Témoignage de notre passage à Montrouis en août 2016.

Noailles, l’art du fer

Capitale haïtienne des artisans du fer découpé, le village-musée de Noailles situé à proximité de la commune de Croix des Bouquets, dans le département de l’Ouest, héberge le musée Georges Liautaud.

Le fer découpé a rejoint l’univers artisanal remarquable d’Haïti depuis les années 1970.

Fer découpé, Noailles

Sculpter le fer est un métier bien établi à Noailles. La transmission du savoir a produit plusieurs générations d’artisans sculpteurs. De nombreuses familles en bénéficient.

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Des centaines d’artisans forgerons œuvrent à l’unisson au jour le jour sous le soleil intense de Noailles. Le village entier vit sur le rythme régulier d’un martelage incessant.

Artisan du fer, Noailles

Un labeur collectif monumental entouré d’artistes sculpteurs vodouisants dont Jean Eddy Remy rencontré à Noailles en août 2016.

Dévoué à la cause de sa communauté, sa passion combine l’art du fer et une immense empathie pour les apprentis du métier dont dépendent le rayonnement et la survie de Noailles.

Art du fer, Noailles

Bureau National de l’Ethnologie

Le Bureau National de l’Ethnologie (BNE), organisme à vocation scientifique et culturelle, fut fondé en 1941 par Jacques Roumain à Port-au-Prince.

Établissement de sauvegarde du patrimoine haïtien, le BNE œuvre dans les domaines de l’ethnographie et l’archéologie. Il procède à un inventaire systématique de la culture haïtienne en accentuant ses composantes africaines et amérindiennes.

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Entrée du BNE, Port-au-Prince
Personnage vodou, BNE

Encerclé d’un grand parc ouvert au public en tout temps, l’édifice du BNE recèle de nombreux artefacts liés au culte vodou «véhiculant l’esprit de nos ancêtres», selon Jean Erol Josué, directeur du BNE. Ethnologue, prêtre vodou, artiste chanteur-danseur, Jean Erol Josué dirige le BNE depuis 2012.

Un  personnage captivant, rencontré lors d’un entretien en décembre 2015, au cours duquel il décrit le BNE comme «un musée de la rue pour les gens et leur culture».

Jean Erol Josué, directeur du BNE. Photo: Josué Azor
Exposition Traces et Mémoires, BNE. Photo : Joseph Kelly

Haïti possède plus de 200 monuments et sites historiques surprenants répartis à travers l’ensemble de son territoire. Le BNE répond à l’urgence de préserver et valoriser le passionnant patrimoine du pays, symbole permanent de l’extraordinaire histoire haïtienne.

Les musées créatifs d’Haïti illustrent l’étonnante vitalité des Haïtiens. Ils sont révélateurs du riche patrimoine culturel du pays, de son potentiel inédit porteur de son avenir.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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