Une première juge autochtone et la Cour suprême complètement bilingue

juge Michelle O'Bonsawin, Cour suprême
La nouvelle juge Michelle O'Bonsawin. Photo: Patrick Woodbury, Le Droit, via Francopresse
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Publié 23/08/2022 par Inès Lombardo

Michelle O’Bonsawin sera la première juge autochtone à la Cour suprême du Canada. Justin Trudeau a annoncé le 19 août la nomination de cette Franco-Ontarienne, rendant le banc des neuf juges complètement bilingue pour la première fois de l’Histoire.

La juge Michelle O’Bonsawin, membre abénakise de la Première Nation d’Odanak, remplacera le juge unilingue anglophone Michael J. Moldaver, qui prendra sa retraite en décembre 2022. Elle siège actuellement à la Cour supérieure de justice de l’Ontario à Ottawa depuis 2017.

Sa nomination répond aux attentes des peuples autochtones du Canada, mais aussi à celles de la communauté francophone. Les neuf juges de la Cour suprême, dont quatre femmes, seront désormais tous bilingues.

La décision du premier ministre devra être approuvée par le Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes lors d’une audience spéciale le 24 août.

Michel Doucet, avocat acadien et spécialiste des droits linguistiques, se réjouit tout en demeurant vigilant.

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L'avocat Michel Doucet
L’avocat Michel Doucet. Photo: Acadie Nouvelle

Quelle est votre réaction à la nomination de la juge Michelle O’Bonsawin?

Je me réjouis pour la communauté autochtone et pour la communauté francophone. Avec cette nomination, le premier ministre maintient la promesse de juges bilingues à la Cour suprême tout en démontrant la possibilité de trouver une personne autochtone bilingue.

Ce sera la première fois qu’une juge autochtone siégera à la Cour suprême du Canada et la première fois que le banc de juges bilingues sera complet.

Pourquoi était-ce important de nommer une juge bilingue?

C’est très important qu’à la Cour suprême du Canada, les juges soient en mesure de comprendre les deux langues officielles pour interpréter les lois du gouvernement fédéral et vérifier les deux versions [en anglais et en français], qui ont la même autorité.

Ils doivent aussi être en mesure de comprendre directement les arguments des avocats dans leur langue officielle. À la Cour suprême d’un pays officiellement bilingue comme le Canada, c’est essentiel que les juges respectent la constitutionnalité de ces deux langues.

juge Michelle O'Bonsawin, Cour suprême
Les neuf membres de la Cour suprême du Canada. Au centre: le juge en chef Richard Wagner. À gauche: la nouvelle juge Michelle O’Bonsawin. Photo: courtoisie Collection de la Cour suprême du Canada

Le bilinguisme des juges devrait-il devenir une obligation?

La nomination de la juge O’Bonsawin ne change rien sur plan juridique. Ça démontre que le premier ministre actuel a respecté sa promesse. Mais ça ne lie ni lui ni d’autres premiers ministres, dans le futur, pour assurer que les juges de la Cour suprême soient bilingues.

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Si on établit le bilinguisme de ces juges juste dans la modification de la Loi sur les langues officielles, on ne règle le problème qu’en partie.

juge Michelle O'Bonsawin, Cour suprême
Une promesse de Justin Trudeau en 2015. Malheureusement, il n’avait rien promis de tel pour la gouverneure générale du Canada, ni pour la lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick.

Le projet de loi C-13 – la modernisation de la Loi sur les langues officielles – porté par la ministre Ginette Petitpas Taylor modifie l’article 16 de la Loi sur les langues officielles en exigeant qu’il s’applique à la Cour suprême du Canada.

Cela consacrerait le droit d’être entendu dans la langue officielle de son choix sans service d’interprétation… Mais ne constitue pas en soi une obligation pour le gouvernement fédéral de nommer des juges bilingues.

Si on veut s’assurer que les deux communautés soient égales, modifier la Loi sur la Cour suprême exigerait du processus de nomination des juges qu’ils soient bilingues.

Je sais qu’il y a peut-être de la résistance de la part de la ministre Ginette Petitpas Taylor à ce niveau. Mais si on peut assurer à l’avenir que tous les juges qui sont nommés à la Cour suprême du Canada respectent l’obligation de connaitre les deux langues, il faudra faire les deux modifications.

Forum des leaders, FCFA
La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, au récent Forum des leaders de la FCFA.

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