Paul-Émile Borduas a brisé les cadres de l’art

Jules Richard, Paul-Émile Borduas
Jules Richard, Paul-Émile Borduas -Tableaux d’une vie, biographie, Montréal, Éditions Somme toute 2025, 84 pages, 19,95 $.
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Publié 08/03/2025 par Paul-François Sylvestre

Pour connaître Borduas de façon succincte, il faut lire Paul-Émile Borduas – Tableaux d’une vie, de Jules Richard. Ce sont trente tableaux où s’entremêlent la vie (1905-1960) et l’œuvre d’un artiste visionnaire.

Né le 1er novembre 1905 à Mont-Saint-Hilaire (Québec) dans une famille catholique, Paul-Émile Borduas est d’abord formé à l’art religieux par Ozias Leduc. Il n’aura jamais cessé de chercher, de se réinventer, de briser les codes.

Refus global

Borduas publie le pamphlet Refus global en août 1948, «un brûlot anticlérical» qui va lui valoir l’opprobre de la société québécoise alors marquée par l’obscurantisme. Ironiquement, Borduas va mourir juste au moment où allait se lever le voile noir qui avait tenu le Québec dans l’ignorance.

Largement rédigé par Borduas, Refus global est signé par 8 hommes et 7 femmes, une parité qui était loin d’être la norme à cette époque. Outre Borduas, on trouve Madeleine Arbour, Marcel Barbeau, Bruno Cormier, Marcelle Ferron, Claude Gauvreau, Pierre Gauvreau, Muriel Guilbeault, Fernand Leduc, Thérèse Leduc, Jean-Paul Mousseau, Maurice Perron, Louise Renaud, Françoise Riopelle, Paul Riopelle et Françoise Sullivan.

Refus global est tiré à 600 exemplaires et vendu à 1,50 $. «C’est un plaidoyer contre le cléricalisme qui engendre la peur et bâillonne la société canadienne-française de l’époque.» En raison des propos incendiaires contre le clergé, le succès du Refus global est loin d’être instantané.

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Des années plus tard, Marcelle Ferron dira que Refus global s’inscrivait dans la continuité du tempérament de Borduas, «éternel révolté contre les injustices sociales, la collusion entre l’Église et l’État».

Borduas à New York et à Paris

Avant de s’établir à Paris, Borduas séjourne aux États-Unis (Provincetown et New York). Sa difficulté à s’exprimer en anglais l’empêche de s’épanouir pleinement au Sud de la frontière. Les ventes ne seront pas au rendez-vous lors de deux expositions, mais ce sera une belle reconnaissance.

Paul-Émile Borduas peint à Paris des toiles d’inspiration américaine. Tout comme Anne Hébert qui a écrit les plus belles pages sur le Québec en vivant à Paris, Borduas avait peut-être besoin de prendre du recul, de la distance.

«Borduas aime intellectualiser son travail. De l’évolution de sa peinture et de son abandon de la couleur, il dira vouloir atteindre une plus grande objectivité, une plus grande perspective.» Sa dernière œuvre s’intitule Composition 69 (1960) où d’épais pâtés de noirs appliqués à la spatule laissent filtrer un peu de blanc vers le haut.

Composition 69, de Paul-Émile Borduas (1960).
Composition 69, de Paul-Émile Borduas (1960).

Borduas et Riopelle

Dans un de ses trente tableaux, Jules Richard présente Borduas et Riopelle comme deux frères ennemis, comme «Caïn et Abel au pays de l’art». Même des années après la mort de Borduas, ce n’est que du bout des lèvres, et encore, que Riopelle reconnaîtra son influence sur son travail artistique.

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Décédé le 22 février 1960 à Paris, Borduas aura été un véritable chef de file de l’automatisme au Québec. Il aura servi d’inspiration à toute une génération de peintres: Riopelle, Mousseau, Ferron, Barbeau, pour ne nommer que ceux-là.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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