Michel Bastarache: une vie consacrée à la francophonie

Autobiographie d'un personnage hors norme

Portrait de Michel Bastarache, juge de la Cour suprême du Canada (1997-2008), réalisé par le peintre Christan Nicholson
Portrait de Michel Bastarache, juge de la Cour suprême du Canada (1997-2008), réalisé par le peintre Christan Nicholson.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 07/01/2020 par Gérard Lévesque

«Toute ma vie, je me suis battue pour la francophonie et pour l’égalité des deux communautés linguistiques… Peut-être que la guerre que j’ai menée toute ma vie rapportera quelque chose, et ce, même si les défaites s’additionnent.»

C’est ce qu’écrit Michel Bastarache dans une autobiographie réalisée avec le journaliste Antoine Trépanier comme co-auteur, publiée sous le titre Ce que je voudrais dire à mes enfants par Les Presses de l’Université d’Ottawa.

Autobiographie publiée par Les Presses de l’Université d’Ottawa
Autobiographie publiée par Les Presses de l’Université d’Ottawa

Une préface signée par sa compatriote acadienne Antonine Maillet prédit que «ce récit d’une vie, pétri avec le cœur autant qu’avec le cerveau, restera un joyau indispensable à tous ceux qui se penchent sur leur propre existence, parce qu’il nous révèle à la fois les plages cachées de notre passé, les ambiguïtés de notre présent et surtout les espoirs insoupçonnés de notre avenir».

Le drame de sa vie

L’ouvrage se présente comme si Michel Bastarache commente son parcours professionnel à ses deux enfants, morts d’une maladie incurable.

À la fin de la dernière page du volume, il écrit: «Votre mort, mes enfants, c’est l’échec de ma vie.»

Publicité

Aussi tragique qu’est nécessairement le décès des deux enfants du couple Michel et Yolande Bastarache, il m’apparaît plus approprié d’utiliser le terme drame. Je pense qu’on ne peut pas qualifier d’échec d’un parent la mort de deux enfants nés avec une maladie incurable.

Toute leur vie, 4 ans dans le cas de Jean-François, 17 ans dans le cas d’Émilie, leurs parents se sont sacrifiés pour qu’ils obtiennent les meilleurs soins et qu’ils soient sans souffrance dans la mesure du possible.

Yolande Bastarache, née Martin, décédée à Ottawa le 10 décembre 2019. À droite: au Parc Kouchibouguac, en 1973.

Confidences

Ceux qui ont bien connu Michel Bastarache vont aimer lire les confidences qu’il fait sur les défis surmontés au cours des années où il a occupé différentes fonctions comme: traducteur juridique, professeur de droit, doyen associé à l’Université d’Ottawa, doyen à l’Université de Moncton, fonctionnaire, avocat, directeur général de la promotion des langues officielles au Secrétariat d’État du Canada, président-directeur général d’une compagnie acadienne d’assurances, juge à la Cour d’appel du Nouveau-Brunswick, puis à la Cour suprême du Canada, président d’une Commission d’enquête, médiateur…

Portrait de Michel Bastarache, réalisé par le peintre Christan Nicholson
Portrait de Michel Bastarache, réalisé par le peintre Christan Nicholson.

Pour bien réussir

À ceux d’entre nous qui sont juristes, il révèle la recette de ses succès.

«Je me suis préparé pendant des mois pour la plaidoirie dans l’affaire Mahé. Comme à l’habitude, j’arrive au tribunal sans stress, puisque je suis persuadé de connaître le dossier mieux que quiconque dans la salle d’audience… Je me suis aventuré à deviner toutes les questions que les juges pourraient me poser et je les ai notées au fur et à mesure qu’elles me passent par la tête… Jamais je ne participerais à une rencontre sans espérer être la personne la mieux préparée du groupe.»

Publicité

Une contribution inestimable

En lisant cette autobiographie, les personnes qui n’ont pas eu l’occasion de croiser le chemin de Michel Bastarache seront sensibilisés à l’inestimable contribution de l’un de nos plus éminents juristes à l’évolution du droit au pays, notamment en matière de droits linguistiques.

Je note qu’il souligne avec raison les trois dossiers qui le touchent encore profondément aujourd’hui:

À lire aussi dans l-express.ca:

Patrimoine canadien et Justice font-ils partie du même gouvernement?

Les droits linguistiques vont continuer d’être une question politique importante

Publicité

150 ans de bilinguisme législatif et judiciaire

Les minorités linguistiques devront encore recourir aux tribunaux

Une Constitution officiellement bilingue pour le Canada en 2017?

Les revendications linguistiques: un phénomène social de nature culturelle

Lire une seule version de la loi est à vos risques et périls

Publicité

 

Auteur

  • Gérard Lévesque

    Avocat et notaire depuis 1988, ex-directeur général de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario. Souvent impliqué dans des causes portant sur les droits linguistiques. Correspondant de l-express.ca, votre destination pour profiter au maximum de Toronto.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur