Li gouvarnament l’a pas ripond aux pitchissions des Mitchifs

La bataille de Batoche au théâtre

Métis, «Mitchifs, Laurier Gareau, La Nation provisoire
Laurier Gareau, La Nation provisoire - The Provisional Nation, théâtre, version bilingue, Régina, Éditions de la nouvelle plume, 2023, 182 pages, 20 $.
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Publié 16/03/2024 par Paul-François Sylvestre

La bataille de Batoche (1885) est la toile de fond de la pièce de théâtre La Nation provisoire – The Provisional Nation, de Laurier Gareau. Elle met en scène des personnages-clé de cette résistance qui a bouleversé le monde des Métis ou «Mitchifs» dans le Nord-Ouest canadien, et décrit les relations tendues entre francophones et anglophones.

Rappelons que Louis Riel a dirigé la Résistance de la rivière Rouge (1869-1870), qui a débouché sur la création de la province du Manitoba. Les Métis plus à l’Ouest (actuelle Saskatchewan) lui demandent de revenir de son exil à Saint-Pierre au Montana (États‑Unis), en 1884, pour défendre leur cause.

Batoche, capitale métisse

Au retour de Riel, les Métis adoptent, le 8 mars 1885, une Déclaration révolutionnaire des droits proclamant, entre autres, la possession de leurs fermes. Ils proclament également la constitution, le 19 mars 1885, d’un gouvernement provisoire, dont la capitale est à Batoche.

Le 25 mars, le gouvernement fédéral ordonne la mobilisation de la milice. Le 10 avril, ces forces armées atteignent le territoire de ce qui deviendra la Saskatchewan.

Il faut à peine un mois pour réaliser la prise de Batoche et mettre fin au soulèvement. Le gouvernement provisoire s’effondre, Louis Riel se rend le 15 mai, et Gabriel Dumont s’enfuit dans le Montana.

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Cinq personnages

La Nation provisoire met en scène cinq personnages-clé: le père oblat Alexis André, Louis Riel (chef politique des Métis), Gabriel Dumont (chef militaire), son épouse Madeleine Dumont et le premier ministre John A. Macdonald.

Dans la version française, les textes de la pièce sont rédigés en trois langues: le père André et Riel parlent le français conventionnel, Dumont et son épouse parlent le français mitchif, et Macdonald parle l’anglais.

Dans la version anglaise, Macdonald parle le français et les autres parlent l’anglais. Il y a aussi quelques voix off en français.

Louis Riel en prière

Le dramaturge Laurier Gareau s’intéresse aux approches différentes de Riel et Dumont lorsqu’ils transigent avec les forces fédérales qui veulent coloniser les Métis. La pièce ne campe pas Riel comme un fanatique, mais comme un homme très religieux; elle le montre souvent en prière.

Le français mitchif est la langue d’une minorité (comme l’ontarois pour les Franco-Ontariens). En voici un exemple: «Lil Mitchifs, i sont pas contents. Li gouvarnament ça l’a pas ripond aux pitchissions qu’lii Mitchifs l’ont enwèyii. C’est bin ’a raison Gabriel pis lii z-out’ l’ont partchi criir Louis àà Mission Saint-Pierre. I’ont bisoin de quéquin qu’l’a y-u enne idzhucâssion. C’i toujours bin ça qu’Gabriel l’a dzhi.»

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Indiens et sauvages

Le terme «indien» n’est pas accepté dans le discours actuel, mais il était utilisé dans le contexte historique, de même que pour la Loi sur les Indiens et la législation coloniale qui lui est associée.

Quant au mot «sauvages», il était couramment utilisé par les Français et les Métis à la fin du XIXe siècle. Pour les Métis, ce n’était pas péjoratif. Dumont et son épouse utilisent ce mot dans la pièce.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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