Le polar est un genre littéraire riche, diversifié et multiple qui traque l’âme même du dérèglement du monde. Avec son essai Noir sur blanc, Michel Bélair vise à faire saisir l’ampleur et l’importance du genre dit «noir» à travers le portrait d’une vingtaine d’auteurs majeurs contemporains.
Histoires de crimes
Avant d’être anglais, puis français et, ensuite, universel, le polar a d’abord été américain. C’est Edgar Allan Poe qui a donné naissance au genre en 1841 lorsqu’il a publié The Murders in the Rue Morgue. Puisque le mot «polar» n’existe pas encore, on décrit cette nouvelle comme une histoire de crimes.
Quelques décennies plus tard, de grands noms se font connaître: Arthur Conan Doyle avec Sherlock Holmes, Agatha Christie avec Hercule Poirot, Maurice Leblanc avec Arsène Lupin, Georges Simenon avec Jules Maigret. On ne tarde pas à parler de «roman noir». Les Éditions Gallimard y consacrent même une collection dès la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Selon Michel Bélair, «tous les polars reposent sur un questionnement fondamental: une enquête. Tous les commissaires, enquêteurs et enquêtrices creusent, posent des questions, cherchent le coupable, oui, mais veulent surtout comprendre ce qui vient d’arriver.» On veut répondre à la question «qui?», bien entendu, mais aussi à «comment?» et «pourquoi?».
De Berlin à Venise
Le Britannique Philip Kerr (1956-2018) campe un ex-brillant commissaire à la criminelle, Bernie Gunther, qui a quitté la police de Berlin au moment où les nazis déclenchèrent une opération d’épuration et de noyautage de ce corps policier. Chaque enquête de Kerr est «l’occasion de traquer la déshumanisation systémique et de fouiller en détail les ruines laissées par les dérives hitlériennes dans la conscience collective».