Un tabaslaque de bon polar

polar, Scott Thornley, La Mort en perspective
Scott Thornley, La Mort en perspective, roman traduit de l’anglais par Éric Fontaine, Montréal, Éditions du Boréal, collection Boréal Noir, 2023, 426 pages, 32,95 $.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 10/02/2024 par Paul-François Sylvestre

Dans un quatrième roman consacré à l’inspecteur-chef MacNeice, Scott Thornley met nos nerfs à vif dès les premières pages et ne relâche jamais la tension jusqu’au dénouement spectaculaire de l’intrigue. La Mort en perspective est un page-turner.

Le lieu de l’action est Dundurn, un endroit inventé pour désigner ni plus ni moins la ville de Hamilton (qui a son château Dundurn). Scott Thornley est originaire de cette ville, mais vit présentement à Toronto.

Assassinats

Il y a des meurtres de vengeance, des règlements de comptes entre motards, des exécutions commises par la mafia et des crimes passionnels. Mais ici nous avons droit à des assassinats qui sont des éléments de décor… pour une séance de photo.

Le meurtrier a une connaissance de l’histoire de l’art supérieure à la moyenne. Chaque photo prise s’inspire d’une œuvre d’un artiste connu, la plus connue étant La Pieta de Michel-Ange.

Il y a Rue Transnonain, le 15 avril 1834, lithographie d’Honoré Daumier illustrant un massacre ordonné apr l’État contre ses citoyens qui songeaient à la rébellion. Puis Les Désastres de la guerre, de Francisco de Goya, œuvre de 1820 brouillant la frontière entre fiction et réalité.

Publicité

Artiste meurtrier

Le meurtrier est le portrait type du marginal. Il rêve d’exposer ses photos dans une galerie à Londres, Berlin ou Paris.

Sa victime féminine était «en proie à une authentique et irrésistible euphorie lorsqu’elle est morte». Le public va penser à photoshop ou maquillage truqué, mais le sang est celui d’un égorgement. Meurtre sauvage immortalisé par l’art.

Les photos prises par le tueur en série après chaque exécution représentent son testament, «son hommage à la brutalité humaine qui avait traversé les siècles». Il cherche à illustrer «les plus belles représentations de l’inhumanité de l’homme envers l’homme».

Pas de prénom

L’inspecteur-chef MacNeice (prénom jamais mentionné) est «le Wayne Gretzky des Crimes majeurs». Il réussit à étudier le cheminement, le comportement et l’errement du meurtrier. MacNeice sait qu’il est lui aussi étudié pour un homme rusé qui ne dévoile jamais son visage.

L’homme traqué est un assassin professionnel. Alors que MacNeice et son équipe consacrent temps et énergies à rassembler des preuves, à mener des entretiens, à affiner leur intuition, l’ennemi peaufine ses méthodes d’exécution. «Il agit sans le moindre état d’âme.»

Publicité

Tout au long de son enquête, MacNeice a des conversations avec sa défunte épouse. Kate est toujours sa partenaire privilégiée, celle avec qui il partage tout. Il n’a pas été capable de la protéger contre la mort et il est «terrifié de faillir à la tâche une fois de plus».

Traduction québécoise

Une note, en terminant, sur la traduction québécoise de ce polar finement ciselé.

Je dis «québécoise» parce qu’Éric Fontaine inclut des expressions comme «glissant en tabaslaque, mouillait à siaux, un char pis une barge, ostie de bout de crisse, t’as l’air de la chienne à Jacques, c’t’ostie toastée, pété une fuse, tabarnak de câlisse»…

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

    l-express.ca est votre destination francophone pour profiter au maximum de Toronto.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur