Haïti: nos engagements sont-ils pertinents?

Le drapeau d'Haïti.
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Publié 16/03/2025 par Annik Chalifour

Réunis à La Malbaie, au Québec, ces 12, 13 et 14 mars – prélude à la rencontre des chefs de gouvernement à Kananaskis, en Alberta, à la mi-juin – les ministres des Affaires étrangères des pays du G7 ont dénoncé la violence perpétrée par les gangs en Haïti et réaffirmé leur engagement à aider ce pays à restaurer la démocratie, la sécurité et la stabilité.

Ils ont promis de soutenir la Police nationale, la Mission multinationale menée par le Kenya, et de promouvoir un rôle accru pour les Nations Unies.

Ils ont exprimé leur soutien aux efforts déployés par les autorités haïtiennes pour créer une agence spécialisée dans la lutte contre la corruption conforme aux normes internationales…

Mélanie Joly
Mélanie Joly à la réunion des ministres des Affaires extérieures du G7. Photo: Mélanie Joly sur X

Reste encore à voir les résultats concrets de ces nombreux engagements en place depuis un certain temps…

Qu’en est-il de la protection des droits humains de la population haïtienne via le respect du Droit international humanitaire? Notamment l’application du Protocole II aux Conventions de Genève visant la protection des non-combattants dans le contexte d’un conflit armé interne?

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Incompétence interculturelle

Par ailleurs, la gestion d’une situation de crise dans un contexte interculturel n’implique-t-elle pas de s’intéresser à la culture d’autrui, de comprendre son histoire et ses valeurs? Il faut se doter d’un sens critique élevé: l’aptitude à percevoir les diverses perspectives des parties prenantes, à saisir les nombreux aspects interdépendants dans la situation de crise donnée.

Vous me direz qu’on sait déjà tout ça… Pourtant l’application de ces beaux principes semblent briller par leur absence dans la gestion internationale de la crise actuelle en Haïti.

Cette faillite occidentale révèle notre incompétence interculturelle, notre ignorance de la culture haïtienne marquée d’une histoire extraordinaire ayant façonné sa résilience évoluant au cœur d’un remarquable patrimoine méconnu par l’Occident.

Entrée du Musée du panthéon national haïtien à Port-au-Prince. Photo Annik Chalifour (2016)

Je témoigne avoir rencontré la résilience haïtienne issue de sa force culturelle durant mes séjours en Haïti, du Nord au Sud du pays, de 2012 à 2018.

La complexité de la crise en Haïti peut dépasser notre entendement… Pourtant la paix n’est pas hors de portée. Il n’en tient à nul autre qu’à nous-mêmes… À notre volonté solidaire de faire face à notre devoir envers le bien commun, l’application du droit.

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Activisme citoyen positif

Il y a quelque temps, je lisais un article dans Le National de Port-au-Prince citant un Haïtien exilé de retour au pays: «Je ne demande pas ce que mon pays peut m’offrir, mais je demande ce que je peux faire pour Haïti.»

Cette réflexion m’interpelle profondément. Je crois qu’elle s’applique à chacun.e de nous du Nord au Sud, faisant appel à l’activisme citoyen positif pour atteindre notre bien-être dans le respect mutuel…

Entre-temps, il y a les guerres en Palestine, Ukraine, Soudan, Congo et ailleurs. On doit aussi composer avec les famines, le spectre d’une récession (guerre tarifaire), les virus malfaisants, notre Terre souffrante…

Haïti
Présentation de la pièce Révélations par des jeunes sur le Mont Jalousie, lors de l’événement Dessalines Le Grand organisé par la Sosyete Lakou Dessalines. Photo: Abner Septembre.

Tristesse et impuissance… Mais aussi la foi dans la culture profonde du peuple haïtien, gage de la pérennité d’Haïti… alors que je circule à pied paisiblement dans mon quartier torontois, sans crainte d’être kidnappée, violée, blessée par balle ou brûlée sous les attaques de gangs armés.

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