Employabilité et entrepreneuriat: le budget fédéral «timide»

Le budget fédéral est «timides» en matière d'employabilité et d'entrepreneuriat, selon la Société économique de l'Ontario.
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Publié 09/04/2022 par l-express.ca

Plusieurs organismes politiques, économiques et culturels de la francophonie canadienne ont accueilli plus ou moins favorablement le budget fédéral 2022-23 «post covid» dévoilé jeudi par la ministre des Finances Chrystia Freeland.

La Société économique de l’Ontario (SÉO) exprime des «réserves». Son président Denis Laframboise estime que les mesures proposées en lien avec ses mandats en employabilité et en entrepreneuriat sont «pour le moins timides».

En matière d’employabilité, la SÉO aide les nouveaux arrivants francophones et à se trouver un emploi en Ontario. Au chapitre de l’entrepreneuriat, la SÉO soutient les propriétaires de PME ainsi que les futurs entrepreneurs en leur fournissant divers services, y compris du mentorat, de l’accompagnement et de la formation.

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Croissance de l’économie et réduction du coût de la vie seraient les thèmes du budget 2022-23 du gouvernement libéral.

L’immigration francophone dans le budget?

«Nous aurions souhaité que le gouvernement annonce des mesures plus musclées en matière d’immigration économique francophone», a déclaré M. Laframboise.

«Nous saluons le fait que le gouvernement souhaite augmenter le nombre de personnes immigrantes admises annuellement au pays.» Mais le gouvernement fédéral n’atteint pas sa cible francophone… Et «aucune cible d’ajustement précise n’a été annoncée».

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Denis Laframboise

Les mesures proposées pour appuyer les petites et moyennes entreprises seraient plus «intéressantes».

«On parle entre autres de réductions d’impôt pour les petites entreprises en croissance, de l’aide pour appuyer des entreprises innovatrices ainsi que la réduction des frais de transaction pour les cartes de crédit», énumère M. Laframboise. «Mais est-ce suffisant pour donner l’impulsion nécessaire aux PME? Le temps le dira.»

La SÉO s’est aussi réjouie des propositions pour stimuler certains secteurs spécifiques, notamment en milieu rural. Les mesures proposées pour appuyer l’industrie du tourisme, particulièrement, et pour améliorer l’accès à Internet haute vitesse dans les régions, entre autres, retiennent l’attention.

La mise en oeuvre d’une fiducie collective des employés en vertu de la Loi de l’impôt sur le revenu, pour appuyer la prise en main d’une entreprise privée par ses employés, est aussi une initiative applaudie par M. Laframboise.

Main d’oeuvre et chaînes d’approvisionnement

De son côté, la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA) salue les «efforts» de la ministre Freeland favorisant «la mobilité de la main-d’oeuvre et les échanges commerciaux et nationaux».

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La FGA mentionne les investissements pour soutenir les chaînes d’approvisionnement, perturbées pendant la pandémie.

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Dominic Mailloux

«Nous sommes également ravis de constater que l’immigration sera facilitée, et qu’un programme simplifié de recrutement de travailleurs étrangers sera offert aux employeurs du secteur de l’agriculture», explique le président Dominic Mailloux.

«Il va être crucial pour nos entreprises de trouver un appui tant financier qu’administratif pour assurer la reprise économique et être en mesure de donner un nouveau souffle à leur développement, autant local que national.»

«Il conviendra toutefois de veiller à ce que la proportion d’immigrants francophones reste au minimum stable, voire augmente.» Mais la FGA rappelle «l’urgence qu’il y a à créer une véritable structure dans le but de favoriser la relève pour les entreprises francophones».

La FGA dit partager les priorités du gouvernement sur «le bien-être et le bien-vivre» des Canadiens, avec notamment une réponse à la crise du logement: un fonds de 4 milliards $ pour la construction de 100 000 logements sur 5 ans.

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Les revenus et les dépenses, le déficit et la dette du gouvernement fédéral.

En attendant le budget 2023

Le lobby politique de la francophonie canadienne hors Québec, la FCFA, se tourne déjà vers le budget 2023.

Le budget 2022 ne représente qu’une reconduction de ce qui était annoncé en 2021, selon la présidente Liane Roy. Du moins en matière de programmes de soutien aux communautés francophones minoritaires du pays.

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Liane Roy

La FCFA indique toutefois que toutes les enveloppes budgétaires pour les francophones seront détaillées en 2023, dans le Plan d’action pour les langues officielles (PALO).

«Mon discours serait différent si le projet de loi modernisant la Loi sur les langues officielles avait reçu la sanction royale avant le budget 2022», assure la présidente de la FCFA.

Elle aussi se réjouit des 2,1 millions $ sur 5 ans prévus pour accélérer les délais de traitement des résidences permanentes des immigrants.

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De la petite enfance au postsecondaire

D’autres organismes francophones se disent davantage «préoccupés». C’est le cas de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC). Dans le budget fédéral de l’an dernier, le gouvernement avait annoncé 121,3 millions $ sur 3 ans pour les établissements postsecondaires en situation minoritaire.

Lynn Brouillette

En campagne électorale à la fin de l’été dernier, le premier ministre Justin Trudeau avait également promis que ce montant serait bonifié à hauteur de 80 millions $ par année. La directrice générale Lynn Brouillette ne retrouve pas cette promesse dans le budget 2022.

Aucune clause linguistique n’est précisée au niveau des services de garde d’enfants non plus, indique Soukaina Boutiyeb, directrice générale de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne (AFFC). Elle aussi attend donc 2023 et le PALO.

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Linda Cardinal

Selon Linda Cardinal, politologue et professeure à l’Université de l’Ontario français (UOF) à Toronto, attendre le Plan d’action est une «demi-réponse».

Les langues officielles ne commencent pas en 2023.» Pour la professeure, c’est «comme si les langues officielles ne faisaient pas partie de la vie courante du gouvernement».

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La «relance» derrière nous?

Enfin, Marie-Christine Morin, directrice générale de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), soutient que l’idée selon laquelle la pandémie est terminée – et donc qu’on n’a plus besoin de «relance» – ne s’applique pas au secteur des arts et de la culture.

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Marie-Christine Morin

Elle qualifie les investissements dans le secteur d’insuffisants pour remettre la culture francophone sur pied. «Il va nous falloir de deux à trois ans pour ça.» Selon la FCCF, les artistes, artisans et travailleurs de la culture n’ont toujours pas accès à un filet social qui leur permettrait de vivre décemment.

– Avec des informations et des propos recueillis par Inès Lombardo, de Francopresse.

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