Aux origines architecturales du quartier Rosedale

1 Chestnut Park, Rosedale
Les promeneurs du Historitour de la Société d'histoire de Toronto ont admiré le 1 Chestnut Park du quartier Rosedale. Photos: Lila Berdai, l-express.ca.
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Publié 23/04/2024 par Lila Berdai

Sous la protection du Heritage Conservation District depuis 2003, le quartier Rosedale de Toronto est un réel trésor patrimonial. L’un des plus huppés de la métropole, il trouve ses sources au début du 20e siècle, et se caractérise par une grande richesse architecturale.

Rolande Smith, présidente de la Société d’Histoire de Toronto, et Brigitte La Flair ont guidé une quarantaine de personnes de Crescent Road à Ancroft Place, ce dimanche 21 avril: le premier «Historitour» de l’année de la SHT. La prochaine visite nous plongera dans l’histoire des chemins de fer à Toronto ce 27 avril.

Visite guidée par la Société d'Histoire de Toronto.
Visite du quartier Rosedale  guidée par la Société d’Histoire de Toronto.

Le domaine de la famille Jarvis

Plusieurs familles ont joué un rôle détermination dans la construction du quartier Rosedale. C’est le cas des Jarvis. William Botsford Jarvis, fondateur de Yorkville à Toronto et sa femme Mary habitaient Rosedale House. C’était un loyaliste, fidèle à la couronne anglaise.

Tiré des mots «rose» et «dale», qui signifie vallée en écossais, le quartier Rosedale a lui même été fondé sur des vallées. À l’époque, le coût de construction des ponts était très élevé.

William Jarvis était shérif et membre du «Family Compact» – les familles les plus influentes du Haut-Canada. En 1824, il achète 150 acres à Yonge et Bloor. Au départ, William Jarvis déménage avec son père sur sa nouvelle propriété, puis avec sa femme. Le domaine reste assez difficile d’accès car le terrain était sinueux.

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Le neveu de William Jarvis, Edgar Jarvis, détenait l’une des plus somptueuses résidences, Glen Hurst, aujourd’hui dissimulée derrière l’école privée pour jeunes filles Branksome Hall, fondée en 1903 et rénovée plusieurs fois.

Héritage de la famille Jarvis à Branksome-Hall.
Héritage de la famille Jarvis à Branksome-Hall. Photo: Wikipedia.

Un contraste architectural

Les rues en courbes, visibles dès Crescent Road, témoignent de l’originalité architecturale et de l’exclusivité de Rosedale, à l’opposé des rues droites habituelles.

À la fin du 19e siècle jusqu’au début des années 1900, le quartier de Rosedale se développe et plusieurs architectes viennent construire d’élégantes demeures destinées aux familles aisées. En 1905, le terrain a été subdivisé en plusieurs maisons et jardins.

Spécificité des rues courbées de Rosedale
Spécificité des rues courbées de Rosedale

Le style anglo-saxon géorgien va fortement inspirer l’architecture des maisons, et donner naissance au style néo-géorgien qui se caractérise par les fenêtres à guillotine et des immenses demeures avec plusieurs pièces. Certaines étaient attribuées aux domestiques: lingères, chauffeur, majordome, personnels des écuries.

C’est le cas de la propriété au 1 Chestnut Park, qui abritait près de 30 pièces et qui a été converti en 1987 en cinq appartements. Elle appartenait à l’époque à un monsieur Rirye, qui était propriétaire de la bijouterie Rirye Birks, une des plus anciennes compagnies canadiennes existantes.

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La brique est également un élément fondamental de la construction des maisons de Rosedale, la pierre n’étant pas originaire de Toronto. La brique rouge de plusieurs de ces demeures était un matériau plus coûteux que la brique blanche ou jaune. La brique rouge était faite individuellement, tandis que la brique jaune était produite dans des moules avec de l’argile, ce qui facilitait la production en termes de quantité et de rapidité.

60 Crescent Road
Résidence du 60 Crescent Road, et ses murs de briques peints.

Le mouvement Art & Craft

À la fin du 19e siècle, qui marque aussi la fin de l’époque victorienne, le mouvement Art and Craft a gagné le  milieu architectural et des arts décoratifs au Royaume-Uni. La demeure du 52 Cluny Drive, appartenant en 1905 au banquier John Dixon, conserve les traces de cette volonté plus authentique, notamment avec les vitres des fenêtres en «diamants».

Dans un contexte de révolution industrielle, le style architectural des maisons à Rosedale était très unifié. Cependant, le mouvement a implanté l’idée d’un retour aux savoir faire artisanaux.

52 Cluny Drive
52 Cluny Drive, et le style Art and Craft.

Entre les styles Tudor et Cottage

Les toits à forte pente et les très hautes cheminées sont de style Tudor, reflétant l’identité culturelle britannique de l’ère médiévale.

Néanmoins, ce style se distingue aussi par son utilisation du bois. L’immeuble Castlemere est historiquement le premier édifice à appartements de Rosedale. Construit en 1912 par Henry Simpson, architecte apprenti du fondateur de Casa Loma, le bâtiment a été rebâti en 1988. L’immeuble est fait de plâtre peint.

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Appartements Castlemere
Appartements Castlemere de style Tudor. Photo: Flickr.

Ancroft Place est plutôt représentatif du style Cottage, aussi populaire à cette période. Il rapelle l’élégance des banlieues à jardins de l’Angleterre, qui accordent davantage l’importance à l’entretien des paysages. Il est possible de remarquer une diversité de matériaux, brique, bois pierre, grands et hauts toits, ainsi qu’une certaine asymétrie.

Ancroft Place
Ancroft Place

Un quartier notoire

Si Rosedale s’est fortement développé avec l’essor du marché de l’immobilier au début du 20e siècle, le quartier était essentiellement habité par des personnalités importantes dans l’histoire de la ville de Toronto.

Parmi elles se trouvaient John Lye, grand architecte de la gare Union et du théâtre Royal Alex, William Davis à la tête de la grande compagnie de vente de porc à travers le Commonwealth, ou encore Lord Thompson, anciennement l’homme le plus riche du Canada.

19 Avondale, résidence de John Lyle.
19 Avondale, anciennement résidence de John Lyle.

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