Oreille tendue et œil grand ouvert, voilà comment il faut arpenter une ruelle pour saisir l’essence d’une ville. La journaliste Florence Sara G. Ferraris et la photographe Ariel Tarr ont parcouru nombre des 4 000 ruelles montréalaises pour nous offrir Ruelles, un hommage aux gens qui les peuplent.
Ces petites artères souvent cachées s’étirent sur près de 500 kilomètres. Elles épousent des formes en ligne droite, en H, en T et en S. «Terrains de jeux pour les enfants, lieux de passage pour certains et espaces de rencontres pour d’autres, les ruelles montréalaises font partie de l’imaginaire collectif.»
Après la Conquête
Les ruelles n’existaient pas en Nouvelle-France. Elles font leur apparition après la Conquête britannique, permettant aux domestiques de gagner les cuisines sans être vus et aux cochers d’accéder aux écuries des vastes maisons de style anglais.
Un personnage typique des ruelles au 19e siècle est le guenillou, appelé aussi chiffonnier ou vendeux de guenilles. D’un ton éraillé ou nasillard, il lance son «bouteill’ guenill’ à vendre». Il est «un peu comme un bonhomme Sept-Heures réinventé».
L’ouvrage note que la ruelle était l’univers des enfants. Les parents y venaient seulement pour acheter de la glace ou du pain. «C’était vraiment notre terrain de jeu.» Mais il faut écouter les consignes, peu importe l’adulte qui les dicte. «La ruelle, c’est une communauté où tous s’occupent les uns des autres.»