Michel Tremblay : le choc du premier contact avec le théâtre

Michel Tremblay, Douze coups de théâtre
Michel Tremblay, Douze coups de théâtre, récits, Montréal, Leméac Éditeur, 1992, 24,95 $.
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Publié 06/08/2022 par Paul-François Sylvestre

Une de mes lectures estivales est un retour trente ans passés. Avec Douze coups de théâtre, paru en 1992, Michel Tremblay nous offre des instants de théâtralité familiale et personnelle, des moments d’intimité où des personnages témoignent de leur réalité de vivre, dans les années cinquante, sur le Plateau Mont-Royal.

Le choc du théâtre

À 14 ans, Michel Tremblay voit la pièce La Tour Eiffel qui tue de Guillaume Hannoteau, mise en scène par Paul Buissonneau.

Ce premier contact avec le théâtre est un choc. «Ce qui se passait ce soir-là sur la scène allait devenir, je le sentais bien, le but de ma vie!» Il a de la difficulté à supporter le monde dans lequel il évolue, il veut faire partie de l’univers théâtral.

Sa mère ne veut pas voir son fils devenir un artiste. «C’est toutes des hobos, des bohèmes pis des fifis, pis j’veux pas que tu deviennes comme ça!» Il est trop tard, Michel est déjà artiste et homosexuel.

Les démons de Michel Tremblay

Après avoir vu Le Temps des lilas de Marcel Dubé, un seul désir l’habite, celui de décrire lui aussi les démons qui l’habitent. «Et l’impression d’avoir enfin le droit d’appartenir, malgré mes origines, malgré mon odeur, à quelque chose de grand.»

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En 1957, Tremblay regarde Un simple soldat de Dubé en téléthéâtre. Il est muet d’admiration et de jalousie. C’est exactement cela qu’il veut faire: «décrire les autres, tout ce qui m’entoure, en faire du théâtre ou des romans».

À 16 ans, le jeune Tremblay suit un homme beaucoup plus âgé qui l’invite chez lui pour ce qui devient plus qu’une partie de jambes en l’air.

Ce mélomane lui fait connaître Tristan et Isolde de Richard Wagner. À travers la musique, il aperçoit l’âme des personnages: «j’en avais un peu peur mais j’étais surtout attiré».

N’importe où sauf au hockey

Tremblay raconte la seule fois qu’il a vu une partie de hockey. C’était au Forum de Montréal avec son père et il aurait voulu être n’importe où – messe, confesse, retraite fermée – plutôt que là. Ce passage m’a rappelé la fois que papa m’a amené à Détroit pour voir les Canadiens disputer un match contre les Red Wings; j’avais le même sentiment.

Lorsque Tremblay voit L’Opéra de quat’sous de Brecht et Weill, Monique Leyrac chante La Fiancée du pirate et ce sont «les trois minutes les plus intenses de toute ma vie de dévoreur de culture».

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À 22 ans, il est convaincu de ne plus jamais pouvoir revivre un moment comme celui-là, un «grand frisson de joie, proche parent du frisson d’horreur».

Michel Tremblay, premier prix

En 1964, la pièce Le Train permet à Michel Tremblay de remporter le premier prix du Concours des jeunes auteurs de Radio-Canada. C’est la preuve, écrit-il, «qu’on pouvait très bien avoir le droit de noircir des feuilles de papier sans être passé par les collèges ou les universités».

Peu de temps après, Tremblay (22 ans) rencontre André Brassard (18 ans), un jeune metteur en scène en herbe. Ils deviennent chacun le Pygmalion de l’autre… Mais cela est un autre livre.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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