Dangers pour le français en terre d’Amérique: appel à la vigilance

Robert Doyle, Ordre du mérite de l'AJEFO

Naaila Sangrar, nouvelle présidente de 'AJEFO, Edith Pérusse , directrice générale de l'AJEFO et Robert Doyle, récipiendaire 2024 de l'Ordre du mérite de l'AJEFO.
Naaila Sangrar, nouvelle présidente de l'AJEFO, Edith Pérusse, directrice générale de l'AJEFO, et Robert Doyle, récipiendaire 2024 de l'Ordre du mérite de l'AJEFO. Photo: courtoisie AJEFO
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Publié 20/06/2024 par Gérard Lévesque

Cinquante ans après la première Loi sur les langues officielles du Canada, en tant que francophones minoritaires, nous faisons face à un défi démographique qui menace notre survie même. Les communautés francophones de l’Ontario, du Manitoba, du Nouveau-Brunswick, de l’Alberta et de la Saskatchewan voient leur population vieillir et diminuer à un rythme effréné.

Honoré de recevoir l’Ordre du mérite de l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario (AJEFO), l’avocat Robert Doyle a profité du gala du 44e congrès annuel, le 1er juin dernier, à Canmore en Alberta, pour rappeler que l’histoire et la démographie nous confinent à un devoir impératif et incontournable de parler français.

«La réalité nous impose l’impératif culturel essentiel de sauvegarder l’intégrité du patrimoine francophone et de juguler l’anglicisation croissante. Il s’agit d’un combat pour l’âme qui nécessite courage, vision et action personnelle autant que collective.»

«Un dialogue ouvert, inclusif et ancré dans une vision réaliste et audacieuse, est indispensable pour tous, indépendamment de nos origines ou de nos opinions politiques.»

«Les défis rencontrés par ces communautés francophones reflètent un besoin urgent, non seulement de politiques robustes, mais aussi et surtout d’une mobilisation communautaire accrue pour protéger le patrimoine linguistique.»

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Robert Doyle. Photo: Francis Omekongo
Robert Doyle. Photo: Francis Omekongo

Robert Doyle à l’honneur

L’Ordre du mérite est remis chaque année à une personne pour souligner sa contribution à la promotion des services juridiques en français, le soutien qu’elle a apporté au développement et à la mise en œuvre de la common law en français, ainsi que son dévouement à la cause au sein de plusieurs associations et organismes.

Par cette distinction, l’AJEFO souhaite mettre en lumière le parcours et l’engagement de Robert Doyle, ainsi que le remercier au nom de toute la communauté franco-ontarienne pour son énergie déployée au service de la justice en français.

Membre fondateur de l’AJEFO, Robert Doyle en est le directeur général de 1986 à 1988 et milite à ce titre auprès des gouvernements fédéral et provincial pour l’amélioration des services en français au sein du système judiciaire de l’Ontario.

Fervent défenseur de «deux langues officielles, une justice égale», son énergie et bon jugement ont assuré que l’AJEFO soit bâtie avec de solides fondations. Un engagement qu’il renforcera de 1997 à 1998 en tant que membre du conseil d’administration de l’AJEFO.

Panéliste de renommée, formateur à divers concours de plaidoirie, mentor d’excellence pour des dizaines de jeunes avocats et avocates francophones, participant actif aux congrès de l’AJEFO, il répond présent, toujours, avec charisme et professionnalisme.

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Une générosité estimée et remerciée par la communauté franco-ontarienne qui trouve motivation et inspiration en cette forte figure de notre système de justice bilingue.

Son engagement bénévole, il l’illustre aussi depuis 2007 en tant que président, gouverneur et administrateur fondateur du Club Optimiste local, de district et international. Il est aujourd’hui président des Optimistes francophones canadiens.

Un parcours remarquable

Au fil des ans, Robert Doyle a appuyé de manière constante et indéfectible le développement de la common law en français. Il est aux premières lignes du développement du vocabulaire de la common law en français œuvrant d’abord au Centre de traduction juridique de l’Université de Moncton de 1989 à 1991, puis au Centre de traduction et de documentation juridique de l’Université d’Ottawa.

À divers moments, il enseigne également à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, à l’École du Barreau, au Barreau de l’Ontario et à la Cité collégiale.

Durant sa carrière de près de 25 ans au ministère de la Justice du Canada et au Bureau de la directrice des poursuites pénales du Canada, Robert Doyle est un véritable «champion et ambassadeur des langues officielles», et contribue ainsi de maintes façons à promouvoir l’accès à la justice en français.

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Il a été: Co-président du premier Colloque national sur les droits linguistiques en matière pénale en 2020. Membre du comité des langues officielles du ministère. Coordonnateur du Réseau Justice-Sécurité pour la mise en œuvre de la partie VII de la Loi sur les langues officielles. Membre du Réseau des champions des langues officielles. Représentant du Service fédéral des poursuites pénales du Canada au comité fédéral-provincial-territorial sur l’accès à la justice dans les deux langues officielles. Formateur en droits linguistiques…

C’est un procureur éloquent et dévoué qui s’est assuré tout au long de sa carrière que le Service des poursuites pénales du Canada (SPPC) respecte l’accès à la justice dans les deux langues en région pour les minorités linguistiques, autant pour les questions de langue s’appliquant aux procédures judiciaires que pour les pratiques internes du SPPC.

C’est en reconnaissance de son incroyable parcours, de son dévouement tant professionnel que communautaire, de son leadership inspirant et de sa grande sympathie, que l’AJEFO a remis à Maître Doyle l’Ordre du mérite 2024.

Nicolas Rouleau avocat
Nicolas Rouleau. Photo: Connie Tsang

Amoureux de la langue française

L’avocat torontois Nicolas Rouleau a bien accueilli la nomination de Robert Doyle à l’Ordre du mérite. Il constate que Robert Doyle est une personne qui, non seulement a contribué beaucoup à la francophonie, mais qui est également un véritable amoureux de la langue française – ses mots, ses expressions, et ce que le français représente au Canada.

Certes, Maître Doyle constate que le français au Canada fait face à des défis, mais c’est avec optimisme et espoir qu’il nous invite à embrasser notre héritage linguistique et façonner un avenir où le français «ne se contente pas de survivre, mais prospère activement».

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Robert Doyle nous encourage à combattre ce qu’il décrit comme étant la dissolution du français dans le monde numérique. Il souligne que «nul besoin d’écrire en anglais, nos amis Anglos utilisent la fonction traduction pour prendre connaissance dans leur langue de messages rédigés en français. Alors, faites comme moi désormais, affichez-vous en français sur les réseaux sociaux!»

C’est une belle initiative, qui est maintenant réaliste grâce à l’intelligence artificielle.

Nicolas Rouleau affirme que, pour son courage et son engagement dans la défense et la promotion du français, nous pouvons lever nos verres à Robert Doyle et affirmer, dans le style de son allocution, que «nous nous champagnîmes».

Auteurs

  • Gérard Lévesque

    Avocat et notaire depuis 1988, ex-directeur général de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario. Souvent impliqué dans des causes portant sur les droits linguistiques. Correspondant de l-express.ca, votre destination pour profiter au maximum de Toronto.

  • l-express.ca

    l-express.ca est votre destination francophone pour profiter au maximum de Toronto.

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