Road trip queer en Islande

Victor Bégin, La complicité des fjords,
Victor Bégin, La complicité des fjords, roman, Montréal, Éditions Tête première, 2023, 212 pages, 25,95 $.
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Publié 28/02/2024 par Paul-François Sylvestre

J’ai déjà parlé d’un récit queer publié par Victor Bégin. Il nous offre maintenant un premier roman, La complicité des fjords, ouvrage encore une fois aux accents LGBTQ.

Le personnage principal est Jude qui quitte Magog pour aller explorer l’Islande. Il ne faut pas plus que 16 ou 17 heures pour faire le tour de ce pays nordique, sur la route 1.

Afin d’explorer les charmes islandais, il est recommandé d’y séjourner une bonne semaine. C’est ce que Jude fait, parcourant les 1 332 km du Nord au Sud, s’éloignant souvent de la route 1.

Solitude en Islande

En juillet-août, les températures sont les plus élevées, une manière de parler puisqu’elles oscillent entre 8 et 13 degrés Celsius. Le soleil ne se couche pas complètement durant cette période; il semble «inviter les gens à continuer le party».

En Islande, Jude retrouve sa solitude: «on s’ennuyait l’un de l’autre». Il la prend par la main et la rassure: «nous voilà entre nous». Jude a tendance aussi à chercher «la trace que laisse le silence». On a droit, ici, à un roman surréaliste.

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Être queer en Islande ne dérange pas, bien au contraire. Deux hommes se tenant la main, c’est un couple comme les autres. Tout le paysage peut reposer sur les fesses d’un mec. Jude en rencontre un prénommé Asgeir. Refaire l’amour équivaut à «renouveler nos vœux charnels».

La Baie-des-Fumées

La traduction française de Reykjavik, capitale de l’Islande, est Baie-des-Fumées. La langue islandaise peut sembler rébarbative au commun des mortels, surtout avec des lieux, rue, église ou festival comme Hallgrimskirkja, Valpjofstaoarfjall, Skolavoroustigur, Selljavallalaug et Jolabokafloo.

Toutes les cultures ont leurs beignes maison. On les appelle parfois croquignoles. En Islande, il s’agit de kleinur. Ce mot islandais figure dans le texte, tout comme takk (merci), skyr (yogourt), elskan (chérie) et kærasta (amante) ou kærasti (amant).

Dans ce pays, l’amour est une ligature qui unit le a et le e, deux lettres solidaires qui se fondent l’une dans l’autre.

L’univers des trolls

Le romancier n’hésite pas à s’inspirer du paysage pour décrire une personne. «Son sourire radiant nous souhaite la bienvenue. Ses joues produisent deux fjords qui partent des ailes sous son nez pour aboutir aux commissures de ses lèvres.»

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Une des légendes de l’Islande est liée aux champs de lave des volcans. On dit que des trolls y habiteraient. On raconte que des enfants se sont déjà perdus dans les fissures de la terre et qu’on ne les a jamais retrouvés.

Il n’en faut pas plus pour que Jude soit convaincu d’entrer dans l’univers des trolls.

Dépaysement

Victor Bégin a opté pour une économie de virgules. Il écrit: «Je suis en vacances je suis en congé je suis en Islande je prends le pouls de ma vie devant le paysage qui me plaît.»

Je suppose que ça se lit tant bien que mal sans ponctuation. C’est un peu moins le cas ici: «Aslang sonde mon visage défait surpris curieux méfiant elle touche mon épaule offre un sourire magistral.»

Comme je ne voyage plus à l’étranger et que je n’ai pas visité la Scandinavie lors de mes nombreuses excursions en Europe, ce road trip en Islande m’a apporté un dépaysement bienvenu.

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Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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