Forage au cœur d’un volcan

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L'éruption du volcan Geldingadalir en Islande en 2023. Photo: iStock.com/Gestur Gislason
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Publié 24/01/2024 par Agence Science-Presse

En Islande, on se prépare à faire un forage jusqu’à la réserve de magma d’un volcan afin d’en puiser la chaleur. C’est le principe même de l’énergie géothermique, mais dans un endroit inédit.

La géothermie est en effet l’énergie que l’on obtient grâce à la chaleur de notre planète. On fait normalement circuler un liquide à une certaine profondeur — par exemple, de l’eau injectée dans une fissure. Le liquide se réchauffe et remonte, chargé d’énergie thermique, laquelle peut être convertie en électricité.

Proximité de la chaleur

L’Islande ne manquant pas de volcans pour réchauffer son sous-sol, l’énergie géothermique fournit 90% du chauffage et plus de 25% de l’électricité.

Mais jusqu’ici, les forages n’avaient pour but que de descendre jusqu’à une profondeur suffisante pour obtenir cette chaleur, et la proximité du magma des volcans faisait le reste.

Alors qu’avec le projet Krafla Magma, qui devrait commencer officiellement en 2026, on a décidé d’aller puiser directement dans une «poche» ou une «chambre» de magma. Lorsqu’elle arrive à la surface, cette roche entièrement ou partiellement fondue se «vide» sous forme de lave — parfois de façon spectaculaire.

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Plus d’énergie, pour moins cher

En théorie, il sera possible de profiter ainsi d’une source de chaleur atteignant 900°C — contre 250 degrés pour les meilleures sources d’énergie géothermique. Cela donnerait des centrales produisant plus d’énergie, pour moins cher.

Mais n’y a-t-il pas un risque de provoquer une éruption, le magma décidant de remonter à la surface dès que le tunnel lui en offre l’occasion?

La question s’est posée depuis longtemps dans l’industrie géothermique, et c’est la raison du choix du volcan Krafla: la poche de ce volcan a déjà été percée par accident, en 2009, sans que rien se produise.

L’équipe du Icelandic Deep Drilling Project, un partenariat public-privé, s’attendait à ce que le magma soit à plus de 4 km de profondeur et souhaitait uniquement réaliser un forage qui s’en approcherait: ils ont rencontré le magma après seulement 2 km.

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Les volcans attirent les touristes en Islande. L’éruption du volcan Eyjafjallajökull en 2010. Photo: iStock.com/TrueCapture

Jeter l’équipement dans le cratère

Reste que la difficulté sera au niveau de l’équipement. La chambre de magma a beau être à seulement 2 km, la chaleur, les séismes et la corrosion vont compliquer la chose.

Le projet Krafla Magma est né en 2014, mais ce n’est que maintenant que l’équipe s’estime presque prête à commencer à forer, selon un reportage récent du New Scientist.

Et encore, le travail commencera par des observations scientifiques. Par exemple, rien de moins que de jeter des instruments dans la roche partiellement fondue, en espérant qu’ils survivent assez longtemps pour renvoyer un maximum de données sur la température, les phases de transition entre une roche solide et une roche qui «fond», de même que la composition apparemment particulière de ce magma.

Prévoir les éruption?

En plus du vieux rêve d’essayer de prévoir à l’avance une éruption. Les chercheurs auront en quelque sorte leur premier «observatoire du magma»… si tout va bien.

Et en parallèle, d’autres pays qui abritent des volcans regardent d’un œil intéressé cette perspective d’une source d’énergie plus efficace et moins coûteuse.

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