Récit autobiographique aussi acide que lucide

récit autobiographique, Panayotis Pascot, La prochaine fois que tu mordras la poussière
Panayotis Pascot, La prochaine fois que tu mordras la poussière, récit, Paris, Éditions Stock, 2023, 236 pages, 29,95 $.
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Publié 27/03/2024 par Paul-François Sylvestre

«Tu sais je vais bientôt mourir.» Ainsi s’exprime Le Père dès la première ligne de La prochaine fois que tu mordras la poussière, de Panayotis Pascot. Il s’agit d’un récit autobiographique aussi acide qu’ultra-lucide.

Au dire de l’éditeur, l’auteur s’attaque d’une plume tranchante et moderne à trois thématiques: la relation au père, l’acceptation de l’homosexualité et la dépression. Le tout s’enchevêtre dans un violent passage à l’âge adulte.

Un père à l’hôpital

C’est parce que son père est à l’hôpital que Panayotis sent le besoin d’écrire. Il fouille le passé, creuse sa mémoire, déniche des anecdotes et des souvenirs qui sont décortiqués et analysés sous toutes les coutures.

Il ne s’est «jamais senti pénétré par quelqu’un. Je ne parle pas de sodomie, je parle d’âme, de cœur.»

L’auteur vide son sac dans ce bouquin et ça l’aide à se comprendre, à se sentir, à se constater. «Moi c’est le vide qui remplit mon corps.»

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«Je t’aime», c’est nul

Les mots comme «couple» lui mettent de la pression. Il préfère la zone grise. L’expression «je t’aime» est nulle. Toute le monde la dit, elle appartient aux films romantiques, aux chansons d’amour (Cabrel).

Quand Panayotis croise un mec, il se demande si celui-ci aime potentiellement les hommes. Puis si le mec le regarde, il doit interpréter l’intention derrière ce regard.

Dans une anecdote, Panayotis raconte, avoir sorti une capote de son pantalon et précise que son partenaire l’a prise, l’a ouverte avec ses dents et l’a enfilée.
« – Non, c’est pour moi.
– Ah mais moi je me fais pas baiser.
­– Ah bah moi non plus. »
Résultat: ils ne font rien de plus que des baisers maladroitement exécutés de nuit, toujours de nuit; «il ne faut pas trop que ça se voie que nos langues de garçons se touchent».

Le lait avant les céréales

Panayotis voit une psy «pour arrêter de faire mal à ceux que j’aime, ou ceux que je me fais croire que j’aime, ou dont j’aime le fait qu’ils m’aiment, tout ça c’est pareil».

Est-ce qu’aimer rend malade? Il se dit que c’est normal pour la première fois puisque quelqu’un entre en toi. «C’est nouveau, tu n’as jamais fait ça, tu n’as aucun anticorps.»

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L’auteur ne fait pas les choses comme tout le monde. Exemple: il met le lait avant les céréales dans on bol parce que l’inverse est la coutume. Il se place dans la baignoire avant de faire couler l’eau.

Deux ADN

En tête-à-tête avec un homme, Panayotis propose un jeu. S’ils faisaient un enfant avec leurs deux ADN, quels traits physiques ou de caractère chacun aimerait-il que l’enfant prenne?

Le mec: lèvres, yeux, jambes, fesses, épaules, discipline. Lui: cheveux, pectoraux, humour, rapports sociaux, débrouillardise. Les deux: détermination.

De qui prendrait-il la manière de douter? Difficile à dire.

Personnages sans nom

Au lieu de donner un nom précis à ses principaux personnages, Panayotis les appelle Le Père, La Vie et Le Bonheur.

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Dans une note à la fin du bouquin, il remercie La Vie pour l’initiation au frontal, et «Le Bonheur avec qui je veux partager mon quotidien encore et encore».

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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