Réchauffement de la planète: le bug de l’an 2020?

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Publié 21/11/2006 par François Bergeron

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper est vilipendé, par les trois partis d’opposition et par un large éventail de groupes de pression et de commentateurs intéressés à l’environnement, pour son inaction face au réchauffement catastrophique de la planète.

Une seule chose est claire et vraie dans ce débat: les conservateurs sont minoritaires dans la société canadienne comme au Parlement.

En effet, les sondages démontrent ce qu’on avait déjà compris à la lecture des journaux et à l’écoute des discussions publiques: une majorité de la population est convaincue que le réchauffement de la planète est réel, voire exponentiel; qu’il est largement causé par la pollution et les émissions de gaz carbonique découlant de l’industrialisation et de notre mode de vie moderne; qu’il provoquera de plus en plus de sécheresses et d’ouragans, la fonte des glaces et l’élévation du niveau des océans, la réduction de la biodiversité si ce n’est pas carrément l’extinction de la race humaine.

Certains affirment qu’il est déjà trop tard (auquel cas l’inaction ne serait pas si bête). D’autres disent qu’il nous reste une petite vingtaine d’années pour sauver la planète.

De telles prophéties apocalyptiques jalonnent l’histoire des civilisations, apparaissant notamment à l’approche de dates symboliques comme l’an 2000, où tout devait cesser de fonctionner à cause du fameux «bug» informatique. Pendant la Guerre froide, on a eu peur de «l’hiver nucléaire». Au siècle de Malthus, on redoutait une «surpopulation» dantesque…

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Et plus l’hystérie collective prend de l’ampleur, moins la dissidence est permise. Les (nombreux) scientifiques et analystes sceptiques préfèrent rester à l’écart des débats publics sur les changements climatiques plutôt que de s’y faire insulter, boycotter, congédier. Une commentatrice australienne vient d’ailleurs de proposer de criminaliser le déni de réchauffement de la planète, au même titre que le déni de génocide déjà punissable d’amende ou de prison dans plusieurs pays soi-disant démocratiques.

Qui plus est, on télescope nos problèmes les uns dans les autres: un récent rapport sur la diminution des stocks de poissons blâme «la surpêche et le réchauffement de la planète». Mais dans quelle proportion? 99% à cause de la surpêche et 1% à cause du réchauffement, sûrement!

Les ouragans et les tsunamis sont-ils plus violents qu’il y a 100 ans ou sont-ils simplement plus médiatisés, frappant des zones plus peuplées aujourd’hui que dans le passé, détruisant des habitations et des équipements de plus grande valeur? (Et résultant de variations climatiques locales, ils seraient nécessairement associés à un réchauffement autant qu’à un refroidissement planétaire!)

On s’indigne de l’épuisement des ressources du sous-sol en même temps qu’on dénonce la pollution causée par les mines et le pétrole. Si l’épuisement est réel, on devrait s’en réjouir: les mines abandonnées et le pétrole disparu cesseront de polluer! En réalité, c’est précisément parce que les ressources du sous-sol sont encore très abondantes qu’on a raison de rechercher des moyens de rendre l’extraction et le raffinement moins polluants, de conserver et de recycler, de remplacer le charbon et le pétrole par le nucléaire, l’hydrogène, le vent et le soleil.

Notre planète est une biosphère dynamique, en constante évolution, soumise à d’importants cycles de températures au cours des siècles et des millénaires. Le Moyen-Âge, pourtant peu industrialisé, a connu une période de réchauffement qui a permis aux Vikings de s’installer au Groenland («Greenland» en anglais parce que sa côte était verte!). Quelques siècles plus tard, l’hiver a regagné du terrain.

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Aujourd’hui, oui, ça semble se réchauffer. Mais quelle proportion de ce nouveau réchauffement est due à l’activité humaine: 50%? 20%? 5%? C’est important: si c’est 50%, intervenons pour réformer notre système industriel; si c’est 5%, comme l’indiquent les études les plus sérieuses, cherchons plutôt des moyens de s’adapter aux changements inévitables.

Le gouvernement Harper a proposé de nouvelles mesures contre la pollution atmosphérique qui, sans aller aussi loin que ce que souhaiteraient les idiots savants de Greenpeace, représentent un progrès par rapport au «Plan vert» illusoire, avec son «Défi d’une tonne» insignifiant, de l’administration libérale précédente.

Opposé au sacro-saint Protocole de Kyoto mais incapable de l’avouer publiquement, encore moins d’y radier la signature du Canada, le gouvernement Harper doit rassurer une population légitimement soucieuse de protéger l’environnement, ouverte au développement durable mais surtout intéressée à maintenir son niveau de vie et l’économie de marché qui le sous-tend. Cela n’est pas irréconciliable mais, en politique comme pour le climat, ça va chauffer davantage avant de se refroidir.

* * *

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Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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