Place aux meilleures plumes criminelles

Collectif, Les Prix Arthur-Ellis-3,
Collectif sous la direction de Peter Sellers, Les Prix Arthur-Ellis-3, nouvelles policières traduites de l’anglais par Luc Baranger, Patrick Dusoulier et Pascal Raud, Lévis, Éditions Alire, 2023, 330 pages, 16,95 $.
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Publié 14/02/2024 par Paul-François Sylvestre

Les prix Arthur-Ellis, créé en 1984, récompensent l’excellence en littérature policière (d’abord les romans, puis les nouvelles à partir de 1988). Ils sont appelés les Crime Writers of Canada Awards of Excellence depuis 2021.

Arthur Ellis, de son vrai nom Alexander Armstrong English, fut le bourreau officiel du Canada entre 1912 and 1935. Il aurait conduit plus de 600 personnes à la pendaison dans chaque province et territoire.

Onze nouvelles primées

Le recueil comprend onze nouvelles gagnantes, dont neuf ont été écrites par des femmes. Pas mal pour un genre que certains osent qualifier de… masculin!

Les nouvelles primées sont: Tellement de choses en commun de Mary Jane Maffini; Ce qu’a fait Kelly de Catherine Astolfo; Le Couteau à cran d’arrêt de Yasuko Thanh; Des empreintes de pas sur l’eau de Twist Phelan; Matelas de pierre de Margaret Atwood; L’Avocat de Scott Mackay; Mort au presbytère de Susan Daly; L’Anomalie de Catherine Astolfo,; Terminal City de Linda L. Richards; Les Portes de Peter Sellers; et Vague de froid de Marcelle Dubé.

L’action de ces nouvelles se déroule parfois dans des endroits qui ne sont pas nommés. Certaines sont campées à Toronto, Vancouver, Whitehorse, New York, Saint-Jean (Terre-Neuve) ou en Arctique.

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Les malins sont souvent des salauds. Ils s’y entendent pour instaurer la confiance, et ensuite exploiter la cupidité. Et ils font la même chose avec les jurys des tribunaux.

À déguster…

Mary Jane Maffini observe à temps deux oiseaux de malheur. À propos de volatiles, elle réussit à merveille le canard laqué du lac Brome. C’est le genre de plat qu’elle ne peut déguster qu’avec ses meilleurs amis. À vous d’interpréter le sens de «meilleurs»…

Catherine Astolfo campe une jeune enseignante à qui on a enseigné de ne pas être trop proche des enfants, de garder ses distances, son objectivité, de ne pas les toucher, de ne pas les prendre en amitié et, par-dessus tout, de ne pas les aimer. C’est évidemment à tout le contraire qu’elle excelle.

Dans les pas d’Arthur Ellis

Yasuko Thanh met un scène un pendu. Comme Arthur Ellis, le bourreau pèse soigneusement la victime de manière à déterminer la bonne longueur de corde. Le criminel lui demande s’il fait d’abord un test avec un sac de patates. «Pour les tests, j’utilise des sacs de farine.»

Avant d’être pendu, l’homme cherche à se souvenir de ce à quoi ressemblait autrefois sa mère «quand elle se tenait près du poêle, un tablier autour de la taille, en train de remuer le chocolat chaud qu’elle me préparait chaque jour quand je rentrais de l’école».

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Twist Phelan campe un policier interprète d’origine rwandaise. Il parle le français, l’anglais, le swahili et le kinyarwanda. Ni tutsi ni hutu, il est rwandais. Mais la nouvelle est imprégnée des conflits entre ces deux peuples, de l’Interahamwe, de cette milice qui a massacré près d’un demi-million de Tutsis.

Poésie funeste

Margaret Atwood fait appel à des poètes pour donner vie à sa nouvelle criminelle. Une mère est influencée par James Thomson, poète écossais du XVIIIe siècle. Un mari parle dans son mode keatsien. «Ces Victoriens mêlaient toujours le sexe et la mort.»

Le mort au presbytère de Susan Daly est un pasteur qui lit des romans «remplis d’idées dangereuses, de vulgarité et de personnages impudiques». Et ce, pour préparer ses homélies! Évidemment, toute personne dotée d’un esprit stable peut facilement séparer la fiction de la réalité.

Aucune émotion

Linda L. Richard commence pour un jeu de mots: «exécuter un contrat», c’est-à-dire exécuter un homme. Plus loin, son personnage américain a «du temps à tuer». L’action se déroule à Vancouver, et son Yankee imagine que les Canadiens n’ont que du sirop d’érable et des castors à manger, possiblement du fromage.

Richard signe la meilleure nouvelle, à mon avis. Une relation amoureuse se développe entre celle qui doit exécuter un contrat et celui qui doit disparaître. On découvre qu’il est possible de ne ressentir «aucune émotion à tuer».

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Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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