Les nouvelles de Lise Gaboury-Diallo: sujets lourds sur ton fantaisiste

nouvelles, Lise Gaboury-Diallo, Juste une moitié de lune
Lise Gaboury-Diallo, Juste une moitié de lune, nouvelles, Saint-Boniface, Éditions du Blé, 2023, 180 pages, 21,95 $.
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Publié 29/04/2023 par Paul-François Sylvestre

Écrivaine franco-manitobaine, Lise Gaboury-Diallo est surtout connue pour une dizaine de recueils de poésie. Avec Juste une moitié de lune, elle nous offre un troisième recueil de nouvelles où la tendresse et la souffrance cohabitent.

J’ai une préférence pour les nouvelles courtes avec un punch inattendu à la fin. Ce n’est pas souvent le cas ici, certains textes s’étirant parfois sur quinze ou vingt pages.

Le suspense cède sa place à la réflexion sur la condition humaine et à son implacable réalité.

Son anniversaire à Noël

La nouvelle intitulée Ne m’oubliez pas m’a replongé dans mon enfance. Un garçon célèbre son anniversaire de naissance le 25 décembre et déplore que la fête de Noël éclipse sa journée spéciale.

Ma jumelle et moi sommes nés le 30 décembre et maman nous disait parfois: «cette année, je vous ai donné un gros cadeau de Noël, ça comptera aussi pour votre fête».

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La nouvelliste étire un peu ses textes en y greffant parfois de longues définitions trouvées en ligne. C’est le cas pour l’expression «le diable à quatre», de même que pour les mots «hypothermie et gelures et lésions dues à l’hypothermie». Je m’en serais passé.

Une nouvelle est composée de quatre volets: soustraction, addition, multiplication et division. Le personnage cherche quelqu’un, «mais sans savoir de quoi cette personne a l’air. Il se peut que j’attende l’apparition subite d’un être qui n’existe pas, d’une espèce très, très rare.»

Nouvelles et perles

Après Iqaluit, Churchill et Yellowknife, Winnipeg figure sur la liste des huit villes les plus froides au Canada. Cela fait dire à l’auteure: «Il ne fait pas chaud l’hiver à Saint-Boniface. Ça, c’est une litote, peut-être un euphémisme, je ne sais pas trop.»

Une nouvelle a pour sous-titre Le gâteau doré. Le chum envoie une recette à sa chumette et cette dernière panique en voyant la liste des ingrédients: beurre, œufs, sucre, fromage à la crème, entre autres. «Décidément, on veut me tuer. Ça ne m’étonne pas, plus rien ne m’étonne.»

Dans la nouvelle Mots (ou maux) de la fin, Lise Gaboury-Diallo glisse deux petites phrases en anglais: I do wish it weren’t so et I do beg to differ. Elle ajoute que ce sont de petites perles difficiles à traduire, puis lance: « Quand on est à Montréal, de toute façon, tout le monde comprend. Right?» Une manière de dire que l’anglais gagne du terrain dans la métropole québécoise.

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Injustice, douleur, solitude

Le recueil est présenté tête-bêche, six nouvelles dans un sens, six dans l’autre. La couverture est la même des deux côtés, avec une demi-lune dans le même sens, mais n’aurait-il pas été original de présenter aussi la demie de la lune dans l’autre sens?

Peut-être parce qu’elle est d’abord poétesse, la nouvelliste franco-manitobaine n’hésite pas à explorer des thèmes comme l’injustice, la douleur, la solitude et la mort de façon fantaisiste. C’est ce qui enrichit le plus son recueil.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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